Fonds secrets de la Présidence de la République: Où va le million de dinars par an?

Beaucoup de mystère a entouré de tout temps la question des fonds secrets alloués au président de la République, non seulement en Tunisie, mais partout dans le monde. Le principe est simple: dans le budget de l’Etat réservé à la Présidence, des crédits sont votés par le parlement et laissés, quant à leur dépense, à la seule discrétion du chef de l’Etat. Et à sa probité. Destinés à rémunérer des services rendus pour la sécurité, la souveraineté et la raison d’Etat, sans passer, par souci de confidentialité et d’opportunité, sous le regard de l’Administration et de son contrôle, ils peuvent également fournir des gratifications et compléments de salaires à des membres du cabinet, du gouvernement et leurs collaborateurs, et du petit personnel.

La règle veut, dans nombre de démocraties, que sur ces crédits, des montants soient retirés en liquide au fur et à mesure par le chef ou le directeur du cabinet ou le secrétaire particulier, qui les remet, sur instructions, en mains propres à leurs bénéficiaires, tout en consignant les montants et les noms dans un cahier confidentiel. Ce cahier sera périodiquement visé par le chef de l’Etat puis détruit à la fin de l’année ou du mandat présidentiel.

Sous Marzouki, cette cagnotte s’enrichit chaque année d’un million de dinars. Selon ses proches, le Président a décidé de les répartir en deux grandes moitiés. La première, de près de 500 000 dinars, est réservée aux blessés de la révolution et aux familles des martyrs. C’est Ikbel Msaddaa, élue à la Constituante et conseillère «non rémunérée» à la Présidence, qui en assure la gestion. Elle s’occupe de l’émission des mandats réguliers, servir des indemnités, payer des factures de soins médicaux en Tunisie et à l’étranger, régler des frais de prothèses, de déplacement, de séjour, etc. «Tout est dûment documenté», affirme-t-on.

L’autre moitié servira à couvrir des dépenses très variées. Pêle-mêle, on y trouve, révèle-t-on à Leaders, un peu de tout : de menues gratifications à un valet de chambre, un chauffeur, un guide de musée, etc. lors d’un voyage officiel à l’étranger, au petit personnel affecté auprès du Président, lors des fêtes, des aides de secours, des frais de transport  à de blessés et familles  de martyrs invités au Palais ou conviés à effectuer le pèlerinage à La Mecque, frais de voyage, timbre et de séjour aux deux étudiants qui sont sélectionnés pour accompagner le président à chaque déplacement à l’étranger, etc.Ça finit par chiffrer, souligne un conseiller qui affirme lui aussi détenir tous les justificatifs.

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