Pourquoi la CTN a-t-elle prorogé le délai pour la désignation d'un intermédiaire en Bourse ?
Accédant aux doléances, la Compagnie Tunisienne de Navigation vient de reporter au 25 janvier 2010 la date limite de dépôts d’offres, fixée aux soumissionnaires intéressés par l'appel d'offres national relatif à la désignation d’un intermédiaire en bourse en vue de l’accompagner dans son introduction à la bourse des valeurs mobilières de Tunis. La date initiale, selon l’appel d’offres lancé mi-décembre était le 07 janvier 2010, ce qui, avec les vacances et les fêtes de fin d’année, ne laissait pas beaucoup de temps aux intéressés.
Quant au deuxième appel d’offres, lancé à la même occasion pour la réalisation de la mission d’évaluation, aucune indication de prorogation de délai de soumission n’est annoncée par la compagnie. Mise à jour le 10 janvier 2010: un avis publié par la CTN annonce un report au 20 janvier 2010.
Il faut dire qu’après l’expérience de la Société des Ciments de Bizerte, l’annonce de l’ouverture du capital de la CTN n’a pas manqué de susciter nombre de questions qui ont d’ailleurs été nourries en plus par les dispositions des cahiers des charges des deux appels d’offres. Nombre de spécialistes, échaudés par les conditions de la dernière introduction en bourse d’une entreprise publique, regrettent, notamment, la concentration sur des institutionnels privés tunisiens, la non-ouverture à des souscripteurs non-résidents, des aspects de l’évaluation et de fixation du cours, mais aussi l’absence d’un contrat de liquidité afin d’intervenir sur le marché en vue de réguler le cours, la période de souscription, etc.
Certains n’ont pas hésité à faire part aux autorités concernées de leurs appréhensions quant aux chances réelles de réussite des futures privatisations, si elles ne bénéficient pas des assouplissements nécessaires, de l’attractivité pour les petits porteurs par rapport aux autres titres et de toutes les garanties. Nombre de recommandations ont été faites dans ce sens, croit savoir Leaders.
Pas la moindre zone d'ombre
Dans le cas de la CTN, le nombre de ceux qui ont retiré les appels d’offres est encore réduit. Interrogés par Leaders, certains d’entre-eux n’ont pas jusque-là confirmé leur détermination à aller jusqu'au bout du processus de sélection. Mais, la filiale d’une grande entreprise publique a annoncé son intention d'y prendre part en groupement avec un autre confrère qui tentera de remporter sa deuxième expérience d’introduction en bourse.
Nombre de spécialistes attendent l’aboutissement des échanges engagés avec les dirigeants de la compagnie et les autorités concernées, après la publication des appels d’offres pour éclaircir certaines zones d’ombre. Quel type d’attestation de réussite des missions antérieures faudrait-il produire? Quelle est l’étendue effective de l’évaluation et, par exemple, jusqu’où ira l’inventaire sur les bateaux? Les regroupements autorisés dans l’appel d’offres pour l’évaluation le sont-ils également pour l’intermédiation en bourse, ou encore le budget consacré au marketing et à la communication est-il fixé par la compagnie et optimisé par l’intermédiaire en bourse ou laissé à l’appréciation de ce dernier ce qui en fera un critère de compétitivité des offres? Autant d’éléments clefs qui méritent précision.
Cela est d’autant plus important que le montant total à lever n’est pas connu tout comme sa structuration entre Tunisiens et étrangers, institutionnels et autres. On ne lève pas 100 millions de dinars comme on lèverait 200 millions de dinars et on ne recrute pas des souscripteurs en Tunisie comme à l’étranger. D’ailleurs, rien que pour cet aspect, le budget marketing est capable de passer du simple au double, sinon au triple, car il va falloir prévoir des road-show à l’étranger et publier des annonces-presse dans de grands médias internationaux. A 18 000 euros la page, on peut faire les comptes.
Ce qui est certain, c’est que les dirigeants de la CTN et leur tutelle manifestent écoute et compréhension afin de vaincre toute réticence, accroître l’attractivité et réunir les éléments de réussite en faveur de cette grande privatisation.
- Ecrire un commentaire
- Commenter