Que ramène de concret Caïd Essebsi de Paris
Paris – De notre envoyé spécial, Taoufik Habaieb – Ses communicants inscrivent sa visite sous le signe de l’exception et de l’exceptionnel, mais Béji Caïd Essebsi, lui, préfère, la symbolique. Le message de la visite d’Etat de deux jours qu’il a effectuée à Paris les 7 et 8 avril, ne s’adresse pas à la France uniquement : au reste du monde, à commencer par les grandes puissances. Ce message est celui d’une démocratie naissante qui ne peut réussir que si elle parvient à faire face au terrorisme et accomplir sa dimension économique et sociale. Caïd Essebsi ne demande rien, mais explique tout. Tout, y compris le danger commun du terrorisme qui guette également la France, l’Europe, le monde entier, et son terroir fait de précarité, d’ignorance et d’endoctrinement.
Deux jours durant, au pas de charge, le président Caïd Essebsi, a porté ce message à l’Élysée, Matignon, l’Assemblée nationale, le Sénat, la Mairie de Paris et la Sorbonne. Au-delà du tapis rouge, la garde républicaine, la revue des troupes, les escortes mixtes par des cavaliers et des motocyclistes et autres marques exceptionnelles d’honneur et de considération, dès que les portes se ferment, ce sont ces thèmes qui sont au centre des entretiens. Dans l’intimité du huis-clos, le chef de l’Etat procède à un cadrage politique stratégique. Il veut jeter les balises solides, fixer les principes, pour que puissent commencer les rendez-vous entre chefs de gouvernement et ministres.
Un grand signal: la composition de la délégation
Avant même de s’envoler à Paris, la composition de la délégation officielle avait surpris plus d’un. Point de ministres des Finances, de l’Investissement et de la Coopération, de l’industrie ou du Commerce et point d’hommes et de femmes d’affaires. C’était un signal que Paris a rapidement décrypté. La règle du jeu est acceptée, voire appréciée. La politique d’abord, le reste viendra.
Une stratégie payante?
Concrètement, Béji Caïd Essebsi est rentré de Paris sans avoir signé le moindre accord significatif, ni obtenu au moins une grande promesse sonnante et trébuchante. Au risque de décevoir nombre de Tunisiens. Mais, pour lui, cette première séquence de toute une démarche, est qualitative, stratégique. « La Tunisie revient et revient en force, nous dira-t-il. Elle est aujourd’hui, célébrée, félicitée, citée en modèle qui a réussi et doit continuer à réussir. C’est là le plus grand acquis, celui qui ouvrira la voie aux autres. Nous ne quémandons rien, mais attendons beaucoup de nos amis ! »
Cette stratégie à la bourguibienne, mise à jour à l’air des temps nouveaux, est-elle payante ? Difficile de faire un bon pronostic. D’ores et déjà, Caïd Essebsi est invité à la réunion du G7 qui se tiendra début juin prochain à Berlin. Une invitation qui laisse espérer que le G7 rattrape les engagements du G8 à Deauville en 2011, et les honorent. Les taquins diront qu’ils ne sont plus 8 pays, mais 7, ce qui réduirait déjà la mise, avant d’ajouter, mais le 8ème n’avait jamais payé.
Affichant une grande vivacité, malgré un programme très chargé, gardant son humour légendaire et ciselant sans cesse ses répliques, Béji Caïd Essebsi a hautement porté en ces deux jours, la Tunisie et ses défis au cœur des Français, de Hollande au simple habitant de la Corrèze. L’intendance doit suivre.
Taoufik Habaieb
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bravo Si Essebsi pour les messages que vous avez passés auprès de la France et du Monde... COntinuez comme cela...
Proposition à retenir: "Cette stratégie à la bourguibienne, mise à jour à l’air des temps nouveaux, est-elle payante ? Difficile de faire un bon pronostic". La question qui se pose, cette mise à jour peut-elle effectuée avec efficacité sans pour autant avoir un statut et un profil hors des communs comme celui de Bourguiba?