60ème anniversaire du 1er Juin 1955 : Le Maire de Tunis rétablira-t-il la statue de Bourguiba
Le retour triomphal de Bourguiba au Port de la Goulette, le 1er juin 1955, au terme de longues années d’exil en France, onze mois après la proclamation par Pierre Mendès France de l’indépendance interne, restera gravé dans les mémoires. Soixante ans après, la célébration de cette journée historique offre l’occasion de réparer une injustice à l’égard du Combattant suprême et l’effacement d’une « faute de mauvais goût » comme affirment ses partisans : le retour de sa statue équestre, avenue Bourguiba. Retirée sou Ben Ali, elle avait été remplacée par une sorte de derrick assorti d’une horloge que les Tunisiens sont unanimes à abhorrer.
De nombreuses voix qui demandent le retour de la statue équestre en implorent le président de la République, Béji Caïd Essebsi, un bourguibiste pur jus. En fait, la décision est formellement du ressort du Maire de Tunis, Seifallah Lasram. Il lui appartient en effet d’en saisir la commission concernée et de soumettre son avis à l’examen du conseil municipal. L’heureuse coïncidence du calendrier municipal fait que la prochaine session ordinaire du conseil se tient toujours fin mai. Mais, en raison de la symbolique de la décision, rien n’empêche le Maire de convoquer une session extraordinaire. La décision est bien de son ressort.
Un peu de courage, Monsieur le Maire ! Au moins pour rendre justice à Bourguiba !
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Replacer la statue de Bourguiba pourrait peut-être servir de catalysateur pour engager un vrai débat en profondeur sur ce que fut Bourguiba, sans langue de bois, ni images d'Epinal. Toutes les conditions sont présentes pour un vrai débat. La liberté d'expression est devenue un pilier essentiel de la 2ème république. Le jour de la liberté de la presse Essebsi s'en est porté garant. Il garantit même la liberté de diffamation a-t-il dit. Je ne suis pas d'accord, mais cette garantie pourra permettre aux langues de se délier sans peur d'être accusé de 'blasphème'. Beaucoup en Tunisie, surtout dans les médias n'acceptent plus le sacré intouchable. Il sera intéressant de voir discuter les adorateurs du Combattant Suprême, libérateur du pays, émancipateur de la femme et ceux qui lui reprochent sa dictature totalitaire, son parti unique, les élections truquées, ses persécutions de l'opposition allant jusqu'à l'assassinat de certains collègues, les centres de torture où l'on égorgeait les victimes pour les faire dissoudre ensuite dans des bains d'acide, les viols des femmes d'opposants sous les yeux de leurs maris, puis des maris devant leurs femmes, etc... Les bourguibistes défendront ces pratiques qui étaient nécessaires pour assurer la stabilité du pays et son progrès. D'autres se demanderont à quoi cela a finalement mené: à un pays dirigé par des mafieux, la faillite de l'enseignement et de l'économie? On pourrait aussi élucider ce que fut Bourguiba pour les femmes avec les témoignages laissés par Radhia Haddad et celui de Caid Essebsi dans ses mémoires sur Bourguiba qui giflait une pauvre femme venue lui demander de l'aide pour sa famille mais refusait une aumône de 3 dinars. La réhabilitation de la statue servira peut-être aussi à la réhabilitation de la vérité sur le grand homme que fut Bourguiba.
En destituant le Bey , Bourguiba a arraché le Pouvoir aux "beldi". par son accession à la Présidence de la République , BCE étant beldi avant d'être bourguibiste pur jus et , de surcroît , parent du Bey par alliance , peut considérer avoir pris la revanche des "beldi". Par conséquent , il peut croire que sa mission est accomplie . Tout le reste c'est de la littérature qui importe moins...
