L'endroit préféré de Churchill au cœur de Londres, veillé par des Tunisiens
Ne soyez pas surpris si en pénétrant dans ce temple emblématique de l’hôtellerie londonienne, vous apprenez que l’Operations Manager est tunisien. One Whitehall Place, au cœur de Londres, sur les bords de la Tamise, The Royal Horseguards n’est pas seulement l’un des hôtels les plus prestigieux de la capitale britannique, mais une véritable institution. A quelques pas de Big Ben, du Parlement et des ministères des Finances et de la Défense, c’est l’adresse luxueuse très prisée, pour sa longue tradition, ses 280 chambres et suites, sa cuisine raffinée, son club exclusif et sa bonne tenue. Pas une tête couronnée qui n’y est pas venue, pas un premier ministre ou ministre, pas un Lord, Baron, autre noblesse, sainteté, excellence, autre magnat et star. Par un tunnel souterrain relié au ministère de la Défense, Winston Churchill, en plein guerre mondiale, venait y chercher au bunker, sérénité et cogiter grande décision.
A la barre, un manager tunisien, M. Béchir Messaoud, directeur des opérations, qui veille au moindre détail, appuyé par des équipes performantes, dont deux autres compatriotes, Ahmed Jilani et Milad Gaabi. Une véritable success story tunisienne à Londres, qui s’enrichit depuis de nombreuses années.
De Msaken à Londres
Béchir Messoud est le plus jeune de l’équipe, 45 ans, le moins ancien, 20 ans seulement, mais le Chef. Originaire de Msaken, il fait partie de ces jeunes qui, fin des années 70, sont attirés par l’explosion du secteur touristique et s’inscrivent dans les écoles hôtelières. Il fera ses classes à celle au nom de Bullarégia, à El Kantaoui, et rejoindra Abdelhamid Serraj qui ouvrait alors son superbe Abou Sofiane Hôtel. Sous sa houlette, Béchir mettra en pratique l’enseignement reçu, mais apprendra beaucoup plus. « Si Abdelhamid est absolument merveilleux, répète-t-il, avec grande reconnaissance. Affectueux, attentionné et toujours d’un bon conseil, il a été pour moi un véritable frère aîné, et le demeure encore. »
A 25 ans, Béchir se lie d’amitié avec des touristes anglais qui l’invitent à venir leur rendre visite à Londres. Premier voyage en 1987, puis deuxième visite et à la troisième, il finit par s’y installer. Recruté par la chaîne The Royal Horseguards, il y fera, depuis lors, toute sa carrière. Sa compétence, son sérieux et son professionnalisme le hisseront de premières charges en noble fonctions, jusqu’à être nommé directeur des opérations de l’hôtel fleuron de l’enseigne au cœur de Londres. Sa mission est délicate : à lui d’incarner, à travers l’hôtel, en permanence le luxe du « british style » et d’en garantir le raffinement, à chaque endroit, à chaque instant, à chaque geste.
Sérieux et compétent, récompensé par une famille heureuse et une fille qui réussit se études
Aux aurores, Béchir quitte sa coquette maison à la banlieue de Londres pour débarquer très tôt au One Whitehall Place. Sa journée commence par la vérification des messages, des consignes, des rapports, une grande tournée, puis le briefing général à 10H. Intense, au pas de charge, elle ne finira pas avant 19 heures, alignant 12 à 14 heures d’affilée.
Ses équipes sont essentiellement britanniques, mais compte aussi des ressortissants d’autres pays. Avec habilité et grand sens du management, Béchir sait les diriger, les motiver et les dédier tous à l’excellence au service du Guest. Le soir, en rentrant à la maison il a hâte de retrouver sa douce moitié et leur adorable fille Yasmine, 18 ans, étudiante en mathématiques à l’Université de Londres. Là, « I’m sleeping well, dira-t-il à Leaders, avec le sentiment du devoir bien rempli et la volonté de faire encore mieux le lendemain. »
Ahmed Jilani : 16 heures d’excellence par jour… au moins
Si Béchir Messoud dort bien la nuit, c’est qu’il sait pouvoir compter sur ses équipes et leur faire confiance. Homme-clef, Ahmed Jilani, Food & Beverage Operations Manager. Originaire de Kerkennah, 25 ans d’ancienneté à Londres, c’est lui qui gère tous les restaurants, banquets, réceptions, séminaires et évènements spéciaux de l’hôtel. Loin de sa Ramla natale, nostalgique de la mer et des palmiers, il se contente de caresser du regard l’eau de la Tamise en se promettant de retrouver son île adorée, au moindre répit obtenu.
Comme son Boss Béchir, Ahmed a commencé sa carrière dans le tourisme en Tunisie et plus précisément à Kerkennah, au Grand Hôtel et au Farhat. « Quelle belle époque, se souvient-il avec nostalgie. Si Boubaker El Fehri au Grand Hôtel et Si Mokhtar Hmani à la Somvik, sous la présidence de Si Mohamed Kraiem, avaient une grande vision pour Kerkennah et le tourisme local. J’en garde le meilleur souvenir et je leur voue une profonde gratitude. Des années magnifiques passées grâce à eux. »
Comme Béchir aussi, Ahmed est invité par des amis à Londres. Son frère Hédi Jilani s’est établi en France où il a lancé une chaine de librairies. Mais, lui est séduit par la Grande Bretagne. Il y est resté depuis maintenant 25 ans. Ahmed tâtera du commerce et de la restauration, mais finira par rejoindre la chaîne The Royal Horsguards. Partout présent à l’hôtel, il y passe pas moins de 16 heures par jour, faisant tourner la restauration et l’évènementiel à la perfection. Aucun met, aucun breuvage, aucun ornement floral n’échappent à sa connaissance ni à sa vigilance. S’il vous recommande un met et ses accompagnements, savourez alors les délices du paradis.
Lui aussi adore retrouver sa petite famille et savourer le succès de sa fille Aicha. A 24 ans, elle vient de décrocher son diplôme universitaire en communication et de réussir de brillantes études en cinéma, théâtre et multimédia.
Milad Gaabi, le drapeau de la Tunisie sur le cœur
Troisième compatriote dans ce prestigieux hôtel, Milad Gaabi, originaire de Kerkennah, également. Même parcours depuis le Grand Hôtel jusqu’au cœur de Londres, depuis maintenant 29 ans. Premier Maître d’hôtel, il porte sur son badge, outre son nom, le drapeau de la Tunisie. « C’est une initiative de Si Béchir Messoud, nous dira-t-il. Cela permet aux clients d’identifier notre pays d’origine, de s’adresser à nous dans nos langues, pour mon cas l’arabe et le français, en plus de l’anglais, et de créer ainsi une relation de proximité. En plus, pour moi, porter mon drapeau sur le cœur, me comble énormément. Je me sens moi-même, ancré dans mon identité, mais aussi responsable de bien représenter mon pays. »
Un trio d’excellence qui hisse haut l’image de la Tunisie dans cette prestigieuse institution britannique. Magnifique success story !
- Ecrire un commentaire
- Commenter
c'est fantastique d'avoir un trio tunisirn dans un établisement anglais et qui dirige cette institution. c'est une fiereté pour nous tunisiens.