Est-ce ainsi qu’on fera revenir les touristes ?
Le voilà de retour pour quarante-huit heures au pays.
On lui avait retenu un hôtel, là-bas, à Gammarth, loin de la médina et des librairies de l’Avenue qu’il ne manquait jamais de visiter.
Il n’avait pas jugé utile de louer une voiture pour si peu de temps. Aussi fut-il soulagé de voir devant l’hôtel des taxis en stationnement. Une fois sa mission achevée, il voulut mettre le cap sur Tunis. Les deux taxis en stationnement devant l’hôtel ne voulurent pas de lui: ils lui affirmèrent avec aplomb qu’ils attendaient d’autres clients ou étaient retenus… pourtant l’établissement lui semblait assez désert! Bientôt, un autre taxi arriva et le prit sans problème. Concernant l’attitude de ses deux confrères, ce dernier lui expliqua honnêtement que ces gens-là ne consentent à faire des courses qu’à 25 dinars et sans mettre en marche leur compteur. Comme convenu, il le laissa assez loin de l’avenue Bourguiba en partie fermée et à cause du trafic très congestionné autour de l’Horloge. Il lui paya ce qu’affichait le compteur et le gratifia quand même d’un bon pourboire.
Traverser la place fut un véritable casse-cou avec ces nuées de voitures, ces klaxons et ses diaboliques deux roues. Il y avait pourtant des feux et des agents mais aucun passage protégé pour les bipèdes.
Emplettes faites, le voilà de retour, vers 20 heures, autour de l’Horloge pour regagner Gammarth. Des taxis nombreux passaient à toute vitesse, avec et sans occupant, mais ne s’arrêtaient jamais. Lassé, il décida de remonter un peu l’avenue Mohammed V pour s’éloigner de ce capharnaüm sombre et bruyant. Sa stratégie se révéla gagnante.
Il décrocha la timbale: un taxi s’arrêta.
Il mit son compteur en marche. Ils échangèrent quelques propos entre gens civilisés: sur la circulation et ses difficultés dans la capitale, la police, les inconvénients du port de la barbe, l’interdiction de conduire avec des espadrilles… A l’arrivée devant l’hôtel, il nota que le compteur affichait 11D 500 mais, d’une main fort leste, le chauffeur remit l’appareil à zéro et réclama, sans sourciller, 15D. Ecœuré, il paya sans broncher et s’engouffra dans le hall de l’hôtel.
Le voyage avait commencé cahin-caha. Queues sans fin tant à la police qu’aux scanners. De plus, le vol sur Tunis partit avec 45 minutes de retard. Le repas à bord comprenait un plat chaud servi à part dans une barquette en aluminium brûlante et le reste (pain, tasse pour le café, couvert en plastique très fragile, entrée et dessert) dans un carton fermé. Cet attirail, sur la tablette déjà branlante et de guingois, obligeait à des manœuvres d’équilibriste pour manger… si on avait très faim car le pain sortait apparemment du congélateur et était dur comme du bois. De plus, le café n’était servi que sur demande. Son voisin, l’ayant demandé avec insistance, l’attendit un bon bout de temps.
Au retour, à l’aéroport Tunis-Carthage, il releva avec étonnement qu’un café sous douane proposait les deux kilogrammes de dattes dans un banal emballage carton sans le moindre attrait à… 60 DT ! Plus cher que chez Fauchon à Paris! Pauvres agriculteurs de Gafsa, Tozeur, de Nefta, de Kébili et de Degache….Est-ce ainsi que l’on va vous attirer de la clientèle? Est-ce ainsi que l’on vous dédommagera de vos peines ?
Heureusement, l’avion décolla pour Paris exactement à l’heure. Il eut droit, cette fois encore, à une tablette estropiée et à un repas en tout point identique à celui de l’aller… mais on proposa sur ce vol du café à tous les passagers. Devant son étonnement quant à cette encombrante présentation, une hôtesse lui avoua en baissant la voix: «Le problème avec le catering perdure». Il apprécia sa sincérité.
Il rentra à Paris le cœur gros en se demandant: Est-ce ainsi qu’on fera revenir les touristes en Tunisie et en se remémorant les vers que Nizar Qabbani, le damascène, écrivit à Genève au tout début de l’année 1986:
« Mon dieu : à toute blessure il y a un port pour le repos
Mes blessures n’ont aucun répit
Nul exil ne dissipera ma solitude
Tant que le grand exil….habitera mon for intérieur ! »
Mohamed Tounsi
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depuis l'ex-régime de Ben Ali, à votre arrivée tardive le soir à l'aéroport,ces chauffeurs en jean ,sale et qui puent la cigarette, des bandits qui vous insulte si vous ne montez pas avec eu. impossible que ma femme prend le vol du soir.
copier/coller à Madame la Ministre du tourisme, rien de plus. Cela vaut son pesant de dépenses promotionnelles.
Il faut sanctionner ces chauffeurs et ces dépassements avec toute la rigueur de la loi pour le plus grand profit de l'économie tunisienne.