Parfum de Réforme
L’attente se fait longue pour une minorité des tunisiens soucieux de voir un jour leur cher pays promu aux rangs des pays démocratiques et développés. Cette minorité regroupe une population de gens honnêtes, disposés à sacrifier une part de leurs acquis pour venir en aide aux personnes nécessiteuses et à la grande masse de chômeurs qui handicape toute action de développement du pays. L’esprit d’entraide qui a longtemps caractérisé notre société arabo-musulmane, s’avère aujourd’hui insuffisant pour combler cette nécessité,vu le nombre de citoyens généreux qui se réduit telle une peau de chagrin. En face,on assiste à une majorité qui s’appauvrit d’une manière exponentielle devant l’incapacité flagrante des responsables politiques de procéder à des réformes nécessaires et urgentes dans tous les domaines de l’administration, de l’Etat pour bâtir les structures du développement de la nation.
Tous les experts, étrangers et nationaux, s’accordent à dire que le pays est en grande difficulté, qu’il est menacé de faillite si le gouvernement ne prend pas la ferme résolution de concevoir des réformes structurelles et sérieuses dans les domaines vitaux de l’Etat et d’amorcer sans plus tarder leur exécution. Mais ces réformes, tant espérées depuis janvier 2011, sont elles réalisables et bienvenues dans notre pays?
Une réforme ne se limite pas une à une action sur la forme, pour refaire et embellir les contours d’un objet ou d’une entité. Elle s’attache surtout au fond et dans notre cas elle tend à rétablir la vraie valeur des institutions de l’Etat. La réforme est une affaire d’intellectuels, penseurs et experts, en premier lieu. Une fois conçue, elle doit être partagée discutée et acceptée par la société civile. Enfin elle pourrait être imposée au gouvernement qui sera chargé de la mettre en exécution et aux gouvernements successifs pour continuer sa mise en œuvre.
Une réforme est avant tout une volonté politique sincère. C’est aussi un processus intellectuel relativement long et consistent qui commence par un constat sur la situation de chaque institution , fait par des experts crédibles loin des pressions politiques pour identifier tous les maux de l’administration. C’est ensuite la rédaction d’un projet d’ordonnance qui prescrit les remèdes nécessaires pour guérir notre administration. Cette ordonnance ou mieux la conception de la réforme doit être expliquée au public, discutée avec la société civile avant d’être votée par les élus du peuple pour l’imposer au gouvernement. Elle est loin d’être l’affaire d’un ministre ou autre responsable politique qui dictera tout seul les contours de la réforme et qui pourrait être balayée rapidement par son successeur.
Sommes-nous capables de mettre en œuvre des réformes au sein des institutions de l’état? Non. Et il n’y a aucun mal d’avouer notre faiblesse. Le problème est que le tunisien n’est pas en mesure de réformer son esprit, son action et son comportement. La personnalité de base du tunisien n’est pas portée de son naturel à l’esprit créatif, néanmoins elle est enclin au débrouillement. On n’acceptera pas une réforme qui demande des efforts et des sacrifices. شد مشومك لا يجيك أشوم منو . D’autre part, il sera difficile à un pays sous développé et dépourvu de moyens de mettre en œuvre une telle entreprise coûteuse et pénible.
Toutefois, Il nous reste encore une lueur d’espoir pour voir un jour notre pays changer et nous permettre de respirer l’odeur prodigieuse du jasmin, le parfum des réformes. Le printemps est à nos portes. Prions Dieu pour nous aider à travailler et changer notre situation.
Mohamed Nafti
- Ecrire un commentaire
- Commenter