De Rouhia à Ben Guerdane : satisfecit aux forces de l’ordre

Rouhia et Ben Guerdane sont deux villes distantes l’une de l’autre d’environ 400 kms. Elles sont  différentes dans plus d’une mesure ayant trait au climat, au terrain et à la vie communautaire, mais se ressemblent dans un sujet  bien défini. Leurs périphéries ont été le théâtre d’interventions armées entre  des unités des Forces de l’ordre et des membres des groupes armés terroristes en Tunisie. Et c’est sur ce thème que les deux villes offrent beaucoup de similitudes et permettent une certaine comparaison. En effet, une analyse sommaire des événements de Rouhia 2011 et de Ben Guerdane 2016 permet de dégager une évaluation positive du rendement des forces de l’ordre dans le domaine de l’intervention contre les actes  terroristes et méritent  bien un large Satisfécit.

Rouhia 2011

• Le 18 mai 2011, vers 07h00 des citoyens ont repéré deux hommes armés dans une voiture de louage pour le transport rural. L’information a été transmise à la Police, la Garde Nationale et à l’élément de l’armée qui sécurisait le siège de la délégation qui l’ont rapidement retransmise aux échelons supérieurs à Tunis. Et c’est avec la même rapidité que l’intervention a été ordonnée et déclenchée.
• Vers 10h00 et à 3 km du centre de la ville de Rouhia  l’opération est terminée.
• Les résultats: les 2 terroristes tués. 2 militaires tués et 1 autre gravement blessé.
• L’opération a été menée en grande partie par des unités de l’armée. A pris part à l’action  une patrouille de la Garde Nationale non spécialisée.
• Les Enseignements tirés: la population de Rouhia a été le facteur déterminant de la réussite de l’intervention. Des citoyens ont déclenché l’alerte en informant les forces de l’ordre stationnées dans la ville, et ne se sont pas limités à cet acte. Ils ont suivi les deux terroristes depuis la station de louage jusqu’au lieu de leur retranchement. Ils n’ont pas lâché d’un pouce les fuyards à travers les champs et les méandres de l’oued Rouhia. Les citoyens en grand nombre (près de 500) ont ainsi offert aux forces d’intervention l’aide inestimable dans ce genre d’opérations: le renseignement tactique et instantané. Ce n’était après qu’une affaire de  minutes  pour l’équipe très restreinte des Forces Spéciales de l’Armée pour  éliminer les deux terroristes retranchés.

Ben Guerdane 2016

• Le 2 mars 2016 vers 15h00. Les unités spéciales  de la Garde Nationale ont été  alertées de la présence de terroristes  dans un petit hameau à environ 5 km de la ville de Ben Guerdane. Elles ont reçu l’ordre d’intervenir pour traiter cet objectif.
• Vers 17h00 l’opération est terminée.
• Les résultats : 5 terroristes tués. 1 militaire blessé.et 1 citoyen civil tué.
• Une vidéo qui a circulé sur les chaines de télévision nationale montre des citoyens au coude à coude avec les forces d’intervention. Ceci pourrait paraitre surréaliste pour certains mais en Tunisie c’est peut être un fait positif. Celui qui a vécu les opérations réelles pourrait affirmer que ce  geste de la population est d’une grande aide. C’est un soutien psychologique pour les forces d’intervention qui l’interprétera comme une union sacrée dans la lutte contre le terrorisme et dans la défense de la Patrie. C’est aussi un grand soulagement pour les forces de l’ordre qui ne souhaitent jamais entrer en conflit armé avec la population. Et sans oublier que la présence de la population est une aide pour le renseignement tactique, immédiat et en temps réel qui est le facteur le plus important dans le succès de toute opération.

Constat

• Les deux opérations de Rouhia et de Ben Guerdane se ressemblent à plus d’un titre. Ce sont deux actions rapides des forces de l’ordre qui n’ont pas pris du temps pour être couronnées de succès dont l’objectif est d’éliminer un danger imminent.
• La réussite de l’intervention a été facilitée par la disponibilité du renseignement tactique en temps réel en premier lieu mais aussi par le professionnalisme des unités d’intervention.
• L’apport de la population présente sur le terrain a beaucoup facilité l’intervention.
• Ce qui a différencié entre les deux opérations est le résultat : les pertes des forces d’intervention sont quasi-nulles à Ben Guerdane. C’est ce qu’on pourrait qualifier  de professionnalisme.
• Ainsi, après  une expérience de 5 ans, les Forces de l’Ordre commencent à bien faire leur travail qui consiste à intervenir pour éliminer un danger terroriste sans assumer des pertes en vies humaines. Kill before you’re killed ; C’est le mot d’ordre d’un professionnel de l’intervention. Un professionnel de l’intervention ne doit pas se vanter d’être prêt à mourir devant un terroriste, mais avoir toujours en  tête l’idée de gagner tous les duels ouverts avec les terroristes. 
• Cette fois les  Tunisiens  ont  été témoins de la bravoure et du professionnalisme des forces de l’ordre et on ne peut qu’être très contents de leur travail. Un grand Satisfecit aux unités d’interventions qui ont participé à l’opération de Ben Guerdane.
• Un coup de chapeau à la population de Rouhia et de Ben Guerdane pour leur soutien, leur patriotisme et surtout pour leur abnégation.

Mohamed Nafti