Amna Guellali: Parcours d’une combattante

Amna Guellali, née le 14 novembre 1972 à Tripoli, de mère tunisienne et de père libyen. Fille unique. Enfance jusqu’à l’âge de 8 ans en Libye, ensuite la famille a dû s’installer en Tunisie à cause de la répression qui s’est abattue sur le pays et la difficulté de vivre au quotidien sous le régime de Kadhafi, qui avait à l’époque, dans les années 80, des décisions complètement délirantes.

En Tunisie, dit-elle, j’ai fait mes études primaires et secondaires à Tunis (Menzah VI). Après le bac, j’ai effectué des études de droit à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis II (Ariana). Passionnée par le droit international dès la 2e année de fac, j’ai préparé un DEA de droit public international sous la direction de Slim Laghmani. Après le DEA, j’ai intégré mon premier boulot comme juriste à la délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge pour le Maghreb (Cicr). Le Cicr étant l’une des principales et premières organisations humanitaires dans le monde, fondée en 1863 par le Genevois Henry Dunant, j’y ai appris des choses essentielles sur la situation de l’être humain «face à l’extrême» (selon l’expression du philosophe Todorov), dans des moments de grande fragilité dans les situations de conflits armés ou de violations massives des droits de l’Homme. Après le Cicr, j’ai travaillé pendant deux ans à Rome dans l’Organisation internationale de droit du développement, avant de commencer une thèse dans l’une des universités doctorales les plus prestigieuses dans le monde, l’Institut universitaire européen de Florence. Mon doctorat, obtenu en 2008 sous la direction de Pierre-Marie Dupuy et de Slim Laghmani, s’intitulait «Le droit international entre humanisation et criminalisation», et a été publié par les Editions universitaires européennes.

Après le doctorat, j’ai intégré un institut de recherche internationale à La Haye, qui s’appelle Asser Institute, pendant deux ans. Mais au-delà de la recherche, qui restait tout de même théorique, ce qui m’intéressait était plutôt de faire du terrain, d’être en contact avec la situation réelle des personnes et d’essayer de faire quelque chose pour l’améliorer à mon niveau. J’ai donc intégré la Cour pénale internationale à La Haye, où j’ai travaillé comme analyste au bureau du procureur. En tant qu’analyste, je devais produire des rapports et analyser la situation politique des pays qui étaient sous le mandat de la CPI. J’ai ainsi couvert le conflit de 2008 en Ossétie du Sud entre la Géorgie, la Russie et l’Ossétie; j’ai également travaillé de près sur la guerre civile qui avait ravagé la Côte d’Ivoire en 2010 et 2011 ; j’avais été chargée de travailler sur la question de l’accession de la Palestine à la Cour pénale internationale.

Avec le déclenchement de la révolution, mon sang n’a fait qu’un tour, je ne pouvais plus concevoir de vivre en dehors de la Tunisie, et de rater le tournant de la construction démocratique du pays. J’ai donc décidé de revenir vivre à Tunis, après 10 ans passés à l’étranger. J’ai donc eu l’opportunité de travailler avec Human Rights Watch, une des principales ONG internationales des droits de l’homme dans le monde, après avoir passé un concours sur dossier. J’ai ainsi ouvert leur bureau à Tunis, et travaillé depuis 2011 de très près sur les divers dossiers qui ont marqué la période de transition, tels que l’élaboration de la nouvelle constitution, les procès des blessés et martyrs de la révolution, la liberté d’expression, et la réforme policière et judiciaire.

Au-delà du droit, une de mes principales passions et occupations est le cinéma et la littérature. Critique de cinéma occasionnelle, j’écris dans mon blog que j’ai appelé Cinémonde, en hommage à Serge Daney.

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