Palestine-Israël : punitions collectives a la chaine et arrestation…. d’un bambin de deux ans et demi !
« La liberté ne connaît pas de frontières, il suffit qu’une voix s’élève et appelle à la liberté dans un pays pour redonner courage à ceux qui sont à l’autre bout du monde » (Kofi Annan)
Le sang des Palestiniens coule à profusion sous les balles israéliennes. Mardi 8 mars 2016, pas moins de quatre Palestiniens ont été abattus sans sommation. Condamnés à mort par les séides de « la seule démocratie du Moyen-Orient » - sans juges, sans avocats et sans témoins- et à l’heure où, Joe Biden atterrissait à Tel Aviv. Le vice-président américain avait dans sa hotte un nouvel et énorme stock d’armes - « pour la sécurité d’Israël » - . Soit 34 milliards de dollars sur 10 ans pour acheter des armes au complexe militaro-industriel américain ! Mais Netanyahou n’est pas content. Non seulement il boude- comme tous les enfants gâtés- refusant de rencontrer le Président Obama mais, de plus, il réclame plutôt 40 à 50 milliards de dollars exigeant en outre d’avoir les mains libres pour faire du lobbying auprès des membres du Congrès américain…pour en avoir plus et veut même une plus grande implication d’Israël dans la recherche militaire! Sinon, menace-t-il en trépignant, il attendra 2017 et le prochain locataire de la Maison Blanche pour ramasser un plus monumental cadeau américain.
Il n’en demeure pas moins que, face à la violence inouïe que déchaîne Israël à l’encontre des Palestinien désarmés, Joe Biden a été contraint de dire qu’ « Israël ne saurait stopper la violence par la seule force physique ».
Ce qui suit prouve l’inanité des innombrables frappes - avec des armes « made in the USA »- et de la violence de la soldatesque sioniste pour faire taire la résistance du peuple palestinien et son refus de l’occupation n’hésitant pas par exemple à abattre, le 1er octobre 2015, le jeune Ahmed Khatatbah atteint pourtant de surdité congénitale. Ces frappes et cette violence extrême sont généralement tues par les médias occidentaux qui acceptent comme paroles d’Evangile les communiqués de l’armée israélienne. Le journaliste anglais Ben White écrit sous le titre « Les médias occidentaux « blanchissent » la violence israélienne »: « Maintes et maintes fois, il a été… prouvé que les déclarations des autorités israéliennes sont peu fiables, voire franchement malhonnêtes, quand elles rendent compte de meurtre(s) de Palestiniens, à propos d’assaillants ou de prétendus assaillants ou du contexte de manifestations ou de raids. Et pourtant, Reuters comme d’autres agences de presse et publications continuent à prendre les déclarations de l’armée israélienne pour argent comptant. Ce faisant, et en faisant le silence sur des éléments cruciaux du contexte, les médias nient la légitimité d’une révolte anticoloniale, “blanchissent” la violence exercée par l’armée d’occupation et masquent l’existence de l’occupation elle-même ».(Cf. blog de The Institute for Palestine Studies)
Si ce n’est toi…ou l’apartheid en action
Appliquant l’inique précepte de la fable « Si ce n’est toi c’est donc ton frère », Israël prend en otage tout le peuple palestinien et applique des lois différentes aux Israéliens et aux Palestiniens pour les mêmes faits.
Haki Harub n’a que trois ans. Il vit à Deir Samet, au sud d’Hébron. Il a déclaré aux journalistes israéliens Gideon Levy et à Alex Levac qu’il voudrait « tuer un soldat juif » ! « Pourquoi ? » demandent ces hommes des médias, « Parce que les soldats ont démoli ma maison » répond l’enfant. (Lire « Des jumeaux laissés sans toit suite à la démolition de maison d’un terroriste palestinien », Haaretz, 4 mars 2016). Mohamed, 22 ans, le frère aîné de Haki, a tué deux Israéliens en novembre dernier. Le même jour, Riad Masalma, qui habite à Dura, tout près de Deir Samet, a poignardé à mort deux autres Israéliens à Tel Aviv. Dans la nuit du 29 février, les bulldozers de l’armée sioniste sont entrés en action et ont complètement démoli les maisons des deux Palestiniens mettant à la rue 19 personnes, d’après l’ONG israélienne B’Tselem. Depuis octobre 2015, ce sont 31 maisons palestiniennes qui ont été ainsi impitoyablement rasées ; plus le bombardement, à 2h du matin, le 11 octobre 2015, de la maison de la famille Hassan à Gaza, bombardement qui a coûté la vie à Nour, une femme enceinte et à Rahaf, un enfant de 3 ans. B’Tselem a jugé « inappropriée » cette destruction. De plus, il y a une semaine, la Cour Suprême israélienne a approuvé une requête de l’armée visant à démolir la maison d’Ibrahim Saqafi, accusé d’avoir écrasé avec sa voiture un garde-frontière…en dépit de l’objection d’un de ses juges qui estime que l’armée n’a pas apporté la preuve que l’accusé a agi intentionnellement. Quant à Riad Masalma, il vivait très confortablement de son métier de cuisinier et avait même un permis pour travailler en Israël. Sa femme, Samahar, a accouché de deux jumeaux trois semaines avant le geste de son époux. Elle vit maintenant avec ses cinq enfants dans une minuscule pièce chez les grands parents. Pour le beau-frère de Riad, ce dernier a tué car il a été indigné par le raid perpétré par l’armée israélienne qui a arraché de son lit d’hôpital à Hébron, un homme recherché et il a été bouleversé par l’assassinat, à bout portant, de jeunes filles armées de tournevis à un check point. De son côté, Abd al Bassat, le père de Haki Harub, relève que l’armée n’a pas détruit la maison des colons qui ont incendié la maison de la famille Dawabsah le 31 juillet 2015 entraînant la mort du petit Ali (18 mois)** et de ses parents. L’armée, poursuit Abd al Bassat, n’a pas démoli non plus la demeure de l’Israélien qui a fait boire de l’essence à Mohamed Abou Khdeir pour le brûler vif. Une fois de plus, Israël applique la loi ignoble de l’apartheid : ce qui s’applique aux Palestiniens est différent de ce qui s’applique aux Israéliens. De plus, à part la haine et la vengeance, ces démolitions ne servent à rien : les attaques contre l’occupant continuent de plus belle. En punissant les femmes et les enfants, on ne fait qu’augmenter le ressentiment et la fréquence des attaques affirme le père de Haki qui fait remarquer aux deux journalistes israéliens: « Regardez mon fils de 3 ans, il veut déjà tuer un soldat ! ». A noter que les colons israéliens ont effectué au moins 142 attaques contre les Palestiniens à Jérusalem-Est occupée et en Cisjordanie depuis le début de cette année, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Seulement 1,9% des plaintes déposées par des Palestiniens contre les attaques de colons israéliens entraînent une condamnation, selon Yesh Din, un groupe israélien de défense des droits de l’homme.
Un bambin de deux ans et demi au commissariat
Lundi 29 février dernier, à deux heures du matin, huit policiers masqués ont fait irruption chez une famille palestinienne d’Issawia, à Jérusalem Est occupée. Ils exigeaient de voir les cartes d’identité des membres de cette famille car un jeune de 16 ans aurait jeté des pierres sur les occupants israéliens. Après de multiples provocations et bien des humiliations, ils ont copieusement aspergé de poivre et embarqué tout le monde, menotté, au commissariat Cheikh Jarrah à Jérusalem Est. En pyjama et pieds nus. La mère de famille, elle, n’a pas été menottée car elle portait son fils de deux ans demi que les flics israéliens avaient aussi brutalisé. Elle a eu les pieds entravés ! Le bambin pleurait à chaudes larmes du fait du spray de poivre et réclamait du lait comme il en avait l’habitude la nuit. Toute la famille fut mise à genoux dans le parking du commissariat. (Editorial de Haaretz, 3 mars 2016). A 6 heures du matin, le bambin fut remis à son grand-père. L’éditorialiste de Haaretz appelle la police à respecter les droits des Palestiniens ainsi que la loi qui exige, entre autre, qu’ « un mineur soit confié à une personne appropriée » quand un adulte responsable d’un mineur est arrêté et conclut : « Il ne s’agit pas ici seulement d’exigences légales et morales : il y a aussi une logique de sécurité. Les policiers de Jérusalem doivent réfléchir au jour suivant l’arrestation et à ce qui va être gravé au cœur de ce bambin et de sa fratrie quand ils se rappelleront leur nuit dans le parking du commissariat, près de leurs parents menottés ». Pour ne rien dire d’un possible regard de la justice internationale !
On voit donc qui est responsable d’incitation à la haine. Qui est responsable de l’antisionisme. Mais cela n’est hélas pas évident pour tout le monde. Ainsi, le Premier Ministre français, M. Manuel Valls, le 7 mars 2016, au dîner du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a déclaré : « Il y a la haine d’Israël, il y a l’antisémitisme, et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». M. Valls fait vraiment peu de cas des défenseurs - juifs et non-juifs – des droits du peuple palestinien et de tous ceux qui condamnent la politique expansionniste d’Israël. Il fait aussi peu de cas de la liberté d’opinion car si l’antisémitisme est un délit justement puni par la loi, l’antisionisme est, quant à lui, une opinion. En fait, M. Valls assimile ainsi toute contestation de la politique d’Israël à de l’antisémitisme. Pourtant, M. Valls n’a pas hésité à critiquer la politique de l’Allemagne en présence de la Chancelière mais critiquer l’Israël de Netanyahou, ses crimes, son apartheid, ses ministres extrémistes, ses colons enragés et violents est, pour lui, impensable.
En vérité, les jeunes Palestiniens n’en ont cure de ces jeux politiques : ils luttent contre l’occupation et pour libérer leur peuple en payant le prix exorbitant du sang assurés qu’ils que « la fatalité triomphe dès que l’on croit en elle » (Simone de Beauvoir). Mais, de leur côté, les politiques devraient prêter l’oreille à ce que dit la grande anthropologue Margaret Mead : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c’est toujours comme cela que çà s’est passé. »
Mohamed Larbi Bouguerra
**Des extrémistes juifs orthodoxes ont été filmés, à la mi-décembre 2015, célébrant la mort du petit Ali en dansant et en poignardant sa photographie.
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