Une bonne nouvelle en provenance du Kram!
Ah! La bonne nouvelle que nous donne le site de Leaders ce 27 mars2016.
Les Tunisiens se remettent à lire !
Quelle excellente nouvelle !
A la bonne heure ! Les voilà maintenant appréciant le livre….à l’égal de l’immortel el Moutanabi qui chantait :
« Y a-t-il endroit plus noble ici-bas que la selle d’un coursier
Et meilleur confident dans cette vie qu’un livre ? »
Le livre…. « ce petit tas de feuilles sèches ou alors une grande forme en mouvement : la lecture »comme disait Jean-Paul Sartre.
C’est dans le livre que se trouve le vrai moyen de lutter contre le terrorisme et ses propagateurs. Là est le bon moyen de renouer avec nos racines…sans être taxé de « salafiste » : dans « Les arts de l’Islam », un ouvrage publié par le musée du Louvre à Paris, je relève qu’à Cordoue (Andalousie), la bibliothèque du calife al Hakam (mort en 976)comptait environ 20 000 ouvrages alors que les monastères de Cluny en France et de Fulda en Allemagne conservaient, aux alentours de l’an mil, moins d’un millier d’ouvrages. Comment oublier, dans notre culture arabo-musulmane, la compilation des livres de toutes les nations–arabes et non-arabes- d’al Fihris d’Ibn Nadîm dès le Xème siècle ? Comment oublier que AkhwènEssafa ont écrit une encyclopédie huit bons siècles avant Diderot et d’Alembert ?
Le livre permet de comprendre l’Autre, le monde….et soi-même. Marguerite Yourcenar confiait : « Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été des livres. »
Le livre permet de répondre aux zélotes du jihadisme, à ceux qui bourrent le crâne des jeunes qui s’interrogent sur le monde et sur l’avenir. Il permet de répondre aux semeurs de haine et à ceux qui croient détenir seuls la Vérité. Ainsi, on relève dans une récente biographie de ce sioniste qui était Abba Eban (1915-2002), ancien vice premier ministre, ministre des affaires étrangères et ambassadeur israélien aux Nations Unies que « ses études approfondies de la littérature arabe lui ont permis de rompre avec le stéréotype routinier du sionisme qui regarde les Arabes, sur le plan intellectuel, avec condescendance et suffisance. Et son biographe d’écrire : « Après son éjection de la politique israélienne dans les années 1980, il s’est mué en dissident et s’est mis à défendre la cause des Palestiniens, critiquant publiquement les lois restrictives qui leur sont imposées. » Dans la dernière interview qu’il a accordée avant sa mort, en 2002, il confessait : « J’avais eu tort de me taire. J’aurais dû défendre mes positions. J’ai manqué de courage » (Ethan Bronner, New York Times, 31 décembre 2015).
Comme on le voit, le livre est ainsi capable de faire des miracles !
Prix du livre…et élections municipales
L’article de Leaders relève, à juste titre, que le livre est cher et qu’il n’est pas à la portée de tous les Tunisiens. C’est bien vrai !
Pour le mettre à la portée de tous, il faut que le pays se dote de bibliothèques publiques. A Paris, outre les bibliothèques spécialisées (BNF, bibliothèque de l’Arsenal, Cité des Sciences…)et celles destinées aux étudiants (Sainte Geneviève au Quartier Latin par exemple), la municipalité gère un beau réseau de 66 bibliothèques réparties sur les 20 arrondissements de la ville. Elles prêtent, outre les livres, des disques et des multimédias. Dans le 11ème arrondissement, la bibliothèque de la rue des Couronnes porte même le nom de Naguib Mahfoud, le Prix Nobel de littérature égyptien. Ces bibliothèques sont ouvertes à tous, gratuitement. La carte obtenue dans un arrondissement est utilisable dans toutes celles de la ville. Pas de bureaucratie donc. Une salle est mise à la disposition du public pour lire les journaux et les revues. Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, les ouvrages sont livrés à domicile. Chaque bibliothèque envoie régulièrement des nouvelles (acquisitions nouvelles, notes de lecture, manifestations hébergées..) par mail et si elle n’a pas l’ouvrage qui vous intéresse, elle peut vous le faire venir d’un autre arrondissement ou de la Réserve. Il s’agit là pour nous d’un exemple, d’un « idéal », asymptotique –comme disent les mathématiciens à considérer.
Chez nous, les élections municipales sont à l’ordre du jour.
Soyons optimistes. Soyons même un peu rêveurs….et demandons-nous
Quel parti proposera, pour commencer, une bibliothèque municipale dans son programme pour chaque délégation ? Quel parti s’engagera à se doter de bibliobus pour desservir les villages et les hameaux ? Quel parti s’engagera à gérer ces bibliothèques de manière démocratique pour que le choix des ouvrages ne soit pas orienté et que les livres soient « instructifs » comme le dit Diderot? Quel mécène (assureurs, entrepreneurs, riches retraités….) se chargera de doter chaque école de Tunisie, pour commencer, d’un embryon de bibliothèque ?
Bien entendu, il faut aussi que la société civile et nos médias (radios et télévisions) s’impliquent plus fortement pour populariser la lecture, faire connaître des auteurs,des poètes…créer des clubs de lecture et des ateliers d’écriture…A l’étranger, on voit fleurir les restaurants dans des librairies comme les Arsenaux par exemple dans le vieux Marseille.
Face à cet engouement de nos concitoyens pour la lecture, le ministère de la Culture devrait booster le budget des bibliothèques et les rendre plus agréables à fréquenter, moins poussiéreuses, mieux signalées pour attirer jeunes et moins jeunes.
C’est ainsi qu’on amènera, on l’espère, le Tunisien à dire avec le grand écrivain argentin Jorge Luis Borges (Prix Cervantès, le Nobel de la langue espagnole):
« Que d’autres se targuent des pages qu’ils ont écrites, moi je suis fier de celles que j’ai lues. »
C’est ainsi aussi que l’on coupera l’herbe sous les pieds des terroristes, des takfiristes, des wahhabites et autres contempteurs de la culture….
Ah ! si tous les Tunisiens attrapait tous …. « ce vice impuni » qu’est la lecture !
Mohamed Larbi Bouguerra
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M.A.B, en tant qu’intellectuel vous n'avez pas le doigt sur le vrai problème, il suffit d'aller voir les livres qui se trouvent sur les étalages de nos bibliothèques. même le rangement est mal fait, la catégorie, n'en parlons pas. rien ne vous incitent à lire, moi qui lit un livre ou une magazine par semaine, rien ne m’excite, que dire des jeunes qui n'ont pas ce vice. j'ai envoyé une lettre en ce sens à Madame Lakhdar, l'ex ministre de la culture. elle a été promu parce qu'elle n'a rien fait.
En face de mon domicile en Europe il ya une école pour enfants musulmans, qui porte le nom de "Ikra", ca dit tout sur l´importance que les arabes ont porté á la lecture livresque. Seulement le probleme est complexe. Sous la dictature on est obligé de lire tant soit peu mais pas d´ecrire. Seulement la lecture permet de construire une mémoire elargie avec le temps, et le jour où arrive la revolution où il devient possible de s´exprimer et d´ecrire. on a alors la memoire qui nous serve de tous les renseignements et idées dont on a besoin, et cette mémoire est Presque illimitée. elle nous fournisse sans cesse tout ce qu´on a besoin. Ce qui m´estarrivéaprès la revolution en Tunisie. La citation de J. Luis Borges n´est alors que relative. Il faut aussi avoir le moyen d´ecrire. La lecture crée la mémoire et l´écriture construit la société.