Habib Essid réagit aux rumeurs de son départ: « J'y suis, j'y reste»
Loin de se calmer, les rumeurs de changement du Chef de Gouvernement ont repris de plus belle, surtout après qu’un journal de la place ait cité sur sa première page les noms des successeurs probables.
Il faut reconnaître que depuis son entrée en fonction, il y a près de 18 mois, le chef de Gouvernement n’a jamais cessé de catalyser autour de sa personne et de sa politique toutes sortes de critiques même si son intégrité n’a jamais été mise en cause. Un acharnement qu'on s'explique d'autant moins qu'il a hérité d'une situation économique et sociale catastrophique.En contrepartie, il faut aussi lui reconnaître une force de caractère hors du commun. Avec le temps, il s’est forgé une solide carapace sur laquelle sont venues se briser toutes les attaques y compris les plus malintentionnées. «J’y suis, j’y reste». A plusieurs reprises, Habib Essid a tenu à apporter un cinglant démenti à ces rumeurs, réitérant sa volonté de poursuivre la mission qui lui a été confiée.
Pourtant, malgré ces démentis, son départ est tenu pour sûr par une partie non négligeable de la classe politique qui considère que le pays a besoin d’un choc psychologique pour redémarrer sur de nouvelles bases d’autant plus que ce changement ne provoquera pas selon eux de crise politique. Car la constitution a tout prévu pour garantir une transition douce et éviter les éventuels soubresauts.
Dans une étude, le Think Tank « Joussour lissiyasset al3oumoumya » (Passerelles pour les politiques publiques) passe en revue les cas de figure prévues par la constitution:
Art. 100: un cas imprévu aboutit à une vacance définitive de la Primature ( décès, impossibilité définitive d’exercer cette fonction). Dans ce cas, le candidat du parti ou de la coalition au pouvoir est chargé de former le gouvernement,
Art.98 §2: le chef du Gouvernement sollicite un vote de confiance de l’Assemblée pour la poursuite de la mission du gouvernement. Un vote négatif entraînerait ipso facto la démission du gouvernement,
Art. 98 1er§: le chef du gouvernement présente sa démission au président de la République ;
Art. 97 (motion de défiance constructive). Le parlement prend l’initiative et subordonne la présentation de la motion de défiance par le tiers des députés (73) à la présentation du nom du successeur éventuel. Le vote de fait une seule fois avec la défiance,
Art.99. Il est loisible pour le président de la République de demander à l’Assemblée de voter à deux reprises la confiance au gouvernement pour la poursuite de sa mission pendant le mandat présidentiel. Si l’Assemblé ne réitère pas sa confiance, le gouvernement doit être considéré comme démissionnaire. Mais si le parlement accorde sa confiance deux fois au gouvernement, le président sera considéré comme démissionnaire.
Conclusions du think Tank
1) Le changement institutionnel est subordonné à des démarches constitutionnelles et légales complexes et fixées par des délais. Il est donc suggéré d’être au fait de ces difficultés pour que cela n’ait pas de conséquences inattendues, donc mal étudiées.
2) L’important pour les trois parties qui pourraient prendre l’initiative à ce sujet (à savoir le président de la République, le chef du Gouvernement et la majorité parlementaire) d’agir à bon escient au niveau de la forme de cette initiative et son timing afin que le traitement de la crise n’aboutisse pas à l'amplifier de sorte qu’elle déstabilise le pays et les institutions de l’Etat.
C'est certainement le risque que les parties concernées veulent éviter à tout prix, conscientes qu'elles sont de la gravité de la situation. Changer de chef de Gouvernement dans les circonstances actuelles reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore d'autant plus que l'intéressé ne manifeste aucunement l'intention de quitter son poste.
Mustapha
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