News - 31.03.2010

Les nouvelles générations d'étudiants sous la loupe des chercheurs du CERES

Le Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) vient de se rappeler à notre bon souvenir en consacrant le dernier numéro de ses "Cahiers" aux "nouvelles générations d'étudiants tunisiens: un monde en pleine mutation". Il s'agit d'une enquête réalisée par des chercheurs de l'Unité de Recherche "Université tunisienne et transformations sociales" sous la direction de Mohamed Bachouch. Il était temps. Depuis l'enquête réalisée en 1999 par M. Ben Romdhane et Michèle Belajouza sur "les Etudiants, leurs Etudes et leur vie", aucune étude sérieuse n'a vu le jour alors que le monde estudiantin a connu de profondes mutations ne serait-ce que sur le plan quantitatif, puisqu'il a vu ses effectifs, passer, en une décennie, de 150000 en 1999 à 370000 en 2009.

Une remarque s'impose, de prime abord, à ceux qui ont connu le CERES des années 70 et 80 du siècle écoulé, celui de Abdelkader Zghal, Lilia Ben Salem et Khélil Zamiti: nos jeunes chercheurs dont je découvre le nom, sont plus à l'aise dans la langue d'El Moutanabbi que dans celle de Molière, ce qui tombe sous le sens quand on sait que l'enseignement des études sociales a été en grande partie arabisé. En tout cas, pour un lecteur qui ne s'imaginait pas lire un jour un texte sociologique autrement qu'en français ou en anglais,  la preuve est  faite, une fois de plus, qu'on peut  traiter, dans notre langue nationale, de tous les sujets qu'ils soient littéraires ou scientifiques quand bien même, on aurait bien du mal à comprendre certains textes si on n'est pas familiarisé avec le vocabulaire sociologique arabe.

L'optimisme de la volonté

Avec l'augmentaion des effectifs estudiantins, leur féminisation, l'apparition du chômage des diplômés qui touche la moitié d'entre eux, une enquête de grande envergure s'imposait. Celle du CERES vient donc à point nommé, levant ainsi le voile sur une catégorie de jeunes jusque-là sous analysée. Une enquête qui, il faut le reconnaître n'a rien occulté. Cela va de l'intégration des étudiants dans le tissu urbain de Tunis aux projets d'entrée dans la vie active en passant par les loisirs, le tabagisme, le mariage, la vie affective et même sexuelle. A vrai dire, des préoccupations qui ne sont pas différentes de celles du reste de la population à cette différence près que les étudiants qui constituent par définition la couche la plus éclairée de la jeunesse tunisienne ne se contentent pas de ressentir confusément les problèmes auxquels ils se trouvent confrontés, ils les expriment de manière très nette et avec une franchise d'autant plus grande que les entretiens non directifs des enquêteurs leur en offrent l'opportunité. D'ou le ton libre des réponses. En définitive, cette enquête constitue une mine d'informations. Loin de réfléter un quelconque mal être, elle souligne le dynamisme d'une jeunesse en pleine mutation, se posant les questions que toutes les jeunesses du monde se posent, mais animée toujours de la volonté de transcender les difficultés.

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1 Commentaire
Les Commentaires
Sana Karray - 01-04-2010 10:50

Il était temps qu'une étude sérieuse s'intéresse à nos jeunes étudiants qui auront à relever pas mal de défis dans le contexte actuel, (mondialisation et exigences de la compétitivité et un chômage des jeunes à défier). Je rebondirai sur cet extrait dont je ne sais si on devrait être optimiste à le lire ou pessimiste :"nos jeunes chercheurs dont je découvre le nom, sont plus à l'aise dans la langue d'El Moutanabbi que dans celle de Molière, ce qui tombe sous le sens quand on sait que les études sociologiques ont été arabisées." Si les études sociales ont été arabisées, ce n'est pas le cas pour la plupart des autres études (médecine, ingénierie, économie et gestion...) et là croyez moi tous les enseignants de ces disciplines se sentent profondément désolés et désarmés face à cette jeunesse qui ne maîtrise pas la langue dans la quelle elle apprend, et avec laquelle elle aura à exercer son métier et aussi à s'exprimer parfois. J'en fais partie et croyez moi la plupart des enseignants sentent que nos étudiants sont très mal outillés, voire désarmés à cause de la défaillance non seulement de la maîtrise de la langue française, mais aussi l'anglais et même de l'arabe. J'espère que des actions concrètes prendront suite aux résultats de cette enquête.

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