Lu pour vous - 12.04.2010

"AFP: les survivants de l'information", un vibrant hommage aux mal-aimés de la presse

AFP'"Toujours pillés, rarement cités. Ils entrent à l'AFP comme des moines en religion et ils en sortent, ravis de n'être jamais sortis de l'anonymat". Moins bien payés que leurs collègues de la presse écrite et surtout de l'audiovisuel, les agenciers du monde entier et pas seulement de l'agence française, véritables soldats de l'ombre bien que principaux pourvoyeurs de la presse en informations se sentent les mal aimés de la presse.

Et qui mieux qu'un agencier pouvait nous décrire la frustration de ses confrères. Jacques Thomet, 62 ans a fait toute sa carrière à l'AFP qu'il a achevée comme rédacteur en chef. C'est dire qu'il était bien placé pour en parler. Son livre "AFP, les survivants de l'information", est d'abord un hommage rendu à ces femmes et ces hommes souvent méprisés, moqués, et ce à travers les témoignages de quatre-vingt-dix-neuf de ses anciens collègues de l'agence. Dans un livre de 350 pages(1) qui se lit d'une seule traite, il nous livre quatre-vingt-dix-neuf portraits, bien croqués, où l'on découvre les (vrais) auteurs de scoops qui ont fait la réputation de la plus grande agence francophone d'information et sans doute, la plus objective des grandes agences occidentales: cela va de l'annonce de la mort de De Gaulle à celle du  putsch de Bokassa en passant par le transfert de Platini (alors meilleur joueur du monde) à la Juve en 1982, le prix Nobel de littérature 1998 décerné au Portugais Saramago, les anthropophages des Andes, l'interview de Régis Debray, compagnon de Che Guevara après son arrestation en Bolivie, en 1967,  la mort de Tchernenko, le successeur d'Andropovà la tête du PCUS et le coup de force de Jaruzelski contre le syndicat Solidarnoc, en Pologne en 81.

Jacques Thomet nous décrit avec force détails, les risques encourus par les correspondants de guerre, les manipulations dont ils sont souvent l'objet, les situations parfois cocasses auxquelles ils ont parfois été confrontées et surtout cette quête, omniprésente,  de la vérité, ces recoupements auxquels ils n'ont jamais oublié de procéder quitte à rater leur scoop avant de lancer l'information sur le fil.

Un hommage qui arrive, peut-être, un peu tard pour eux, puisqu'ils sont pour la plupart des retraités. Pourtant, à lire ces témoignages, on est surtout frappés par leur sérénité. Nulle trace d'amertume comme on s'y attendait. Comme si la carrière passionnante qu'ils ont menée et les satisfactions qu'elle leur a procurées leur avait fait oublier les déceptions qu'ils ont connues.  Une belle leçon de journalisme, aussi, pour ceux des lecteurs que le hasard ou la vocation a voulu qu'ils exercent le même métier. Ils s'y sont parfois reconnus.

 

(1)Jacques Thomet "AFP, les survivants de l'information Edit. Hugo doc 

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1 Commentaire
Les Commentaires
sadok driss - 13-07-2010 14:01

On ne peut pas ne pas rendre un hommage posthume à deux éminents auteurs,l'une français,l'autre britannique,pour leur apport unique en ma- tière de Littérature.Le premier,c'est Emile Zola qui distinguait trois sour- ces fiables de l'information,voire l'observation,les écrits et les témoignages. Le deuxième,c'est Georges Bernard Shaw,auteur de la pièce théatrale, Pigmalion,et Lauréat du Prix Nobel de la Littérature,en 1925,et célèbre par sa citation,en son propre langage,You see things and say WHY,I dream of things that never were and say why not.Ceci nous rappelle ce que disait Socrates,le seul bie,étant la connaissance,alors que le seul mal a trait à l'ignorance,d'où le rôle fondamental de l'éducation,chose confirmée par le romancier Mark Twain,aux Etats Unis.

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