L’environnement n'est pas qu'une question de confort
Quand le premier ministre désigné M. Youssef Chahed a annoncé les cinq priorités de son futur gouvernement il n’était pas étonnant que la question environnementale y ait sa place tant la question devient urgente à traiter au même titre que la sécurité ou la croissance.
Parler de problèmes de l’environnement revient généralement a parler de ces détritus qui jonchent nos villes et nos compagnes gênant tous nos sens. C’est problématique en effet et c’est gênant. Mais figurons-nous que ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce que le grand public voit moins, ce sont les déchets dangereux dont on ne sait presque rien. Ou partent ces déchets dont les impacts sur l’environnement sont parfois irréversibles à l’échelle des ères humaines?
Depuis début 2011 et la fermeture du centre de Jradou finance en partie par des fonds étrangers, personne dans notre doux pays ne le sait. Pire, rien n’est fait concrètement et les initiatives privées sont même bridées. C’est simple, pour répondre à la question plus haut, eaux et autres emballages dangereusement contaminées finissent souvent dans notre sous-sol puis inévitablement sur nos tables.
Notre ministère de l’environnement a actuellement sous sa tutelle un chapelet d’agences dont on se perd entre les prérogatives et l’utilité. Beaucoup de bureaux, de voitures et d’antennes régionales mais peu de semoules en sortie… ça se saurait. Au contraire l’empilement des tampons nécessaires au moindre projet nuit gravement à la santé de nos entreprises. D’un autre coté, le contrôle est globalement au point mort. Avec les agents zélés des entreprises contrevenantes exposent le risque économique si elles doivent se conformer aux règles, surtout en l’absence d’une solution simple. Avec les agents moins zélés on s’en sort toujours…
La cours des comptes a dans ses cartons un rapport d’enquête sur la gestion des déchets dangereux. Anticipant sur sa sortie, sa conclusion est simple: l’ampleur du problème est à la hauteur du vide laissé par l’absence d’une stratégie nationale. Hormis quelques initiatives disparates provoquées au gré des financements étrangers obtenus, les magistrats n’ont rien trouvé de prévu pour préserver cette terre que nous chérissons.
Les entreprises très consciencieuses se voient obligées d’exporter leur déchets dangereux pour qu’ils soient traités en Europe à coup de devises. D’autres ont annulé carrément leur investissement ou se voient éliminées par les donneurs d’ordre étrangers en l’absence d’une solution accessible pour les déchets en aval de la production. La question de l’environnement n’est donc pas qu’une question de confort et d’écologie, il y a aussi de sérieux enjeux de développement (durable) économique.
Le prochain ministre de l’environnement aura donc à gérer plus que les ordures ménagers qui nous sont devenues presque familières maintenant, il devra reconstruire sa maison et mettre les fondations solides d’un nouveau secteur.
Mourad Daoud
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