Crise aérienne : le parcours du combattant des voyageurs de Tunis... heureusement pris en charge
Lorsque le carferry de la SNCM, le « Méditerranée » lève l’ancre dimanche à 17H45 du port de La Goulette à destination de Marseille, plus de deux milliers deux cents passagers à bord poussent un ouf de grand soulagement ! Plaqués au sol par la crise aérienne et devant impérativement rejoindre l’Europe, ils n’avaient eu d’autre alternative que de prendre le bateau. En 24 heures et pour 214 D (en couchette), ils rejoindront l’autre rive. Mais pour y arriver, ce fut un véritable parcours du combattant… heureusement facilité par les responsables du Tourisme Tunisien et du Transport. Reportage.
Dimanche, 8 heures du matin, au Port de la Goulette. Animation inhabituelle, deux longues queues commencent à se former. La première, juste à l’approche du port, devant l’agence de la CTN et la seconde, dans le grand hall de la gare maritime. Bien qu’il s’agisse d’un navire de la compagnie française SNCM, c’est la CTN qui commercialise les passages. A chaque minute, la file enfle. Des touristes en fin de vacances, des travailleurs tunisiens établis en Europe, des étudiants qui ont profité des fêtes de pâques pour retrouver leurs familles et des hommes d’affaires.
« Le bateau de ma dernière chance »
Le gardien du parking, Hriga, en est fort content mais aussi surpris : « de mémoire de portuaire, je n’ai jamais vu cette affluence et cette clientèle. C’est bon pour mes affaires, mais je compatis avec eux. » A l’agence de la CTN : quatre guichets sont ouverts pour les billets et un seul pour le paiement. Ici on paye cash ou par carte bancaire. Les chèques ne sont pas acceptés. Pris d’assaut, le distributeur automatique de la banque voisine est rapidement dévalisé. Des parents et amis accourent avec l’argent. Quant aux cartes bancaires, elles finissent par épuiser les rouleaux de papiers des TPE utilisés. Bref, on s’arrête, on trouve la solution, puis la queue avance, lentement dans l’impatience des passagers et la fatigue des mamans avec enfants. Les plus prévoyants, ont couru à la pharmacie chercher des comprimés contre le mal de mer…
Vers 10 heures, la queue s’allonge davantage. L’Agence CTN est bondée. La file commence sur le trottoir. Quant à la Gare maritime, beaucoup plus spacieuse, on compte des centaines de passagers. « En arrivant au Port, j’étais un peu paniquée, déclare à Leaders, Murielle B. 42 ans, chef d’entreprise originaire de Lyon. Je dois impérativement être au boulot demain matin, et j’avais peur de rater ce bateau de ma dernière chance. Heureusement qu’à l’entrée, les agents de police étaient très accueillants, et m’ont orienté vers le bon guichet avec des mots très réconfortants. »
Amine A, 20 ans étudiant, est en prépa dans un prestigieux lycée parisien. Il a profité des vacances pour s’emmurer chez ses parents, pour préparer, en dernière ligne droite, les concours des grandes écoles qui commencent mercredi. Imaginez alors son angoisse et celle de toute la famille s’il n’embarque pas. Ici, chaque passager est un cas. Tous doivent partir, tous s’y impatientent. Avec la température qui s’élève et l’attente qui s’allonge, l’exaspération est latente. On commence à avoir soif et faim et à sentir la fatigue. La petite buvette est prise d’assaut, juste le temps de s’alimenter, puis on reprend vite sa place dans la queue qui avance au pas de tortue.
Le geste émouvant de l’ONTT
Ameur Chabchoub, le « Maître » du Port et Malik Jebali, surveillant, tous deux cadres de l’Office de la Marine Marchande et des Ports, s’éreintent à rendre service. C’est alors que débarque une équipe de l’Office du Tourisme Tunisien. Bouteilles d’eau fraîche et sandwichs sont gracieusement distribués aux passagers, touristes et étrangers. Supervisant lui-même l’opération, M. Habib Ammar, tout juste nommé nouveau directeur général de l’ONTT a été dépêché sur les lieux par son ministre, M. Slim Tlatli, en poste au siège du Département. Rapidement, il est rejoint par les dirigeants de l’OMMP et de la CTN qui arrivent eu aussi, sur instruction de leur ministre, M. Abderrahim Zouari. A leur vue, les passagers se rassurent. Leur angoisse tombe d’un cran. Ils comprennent vite qu’ils sont désormais « pris en charge » pour embarquer rapidement et facilement.
« J’ai jamais savouré un aussi bon casse-croûte tunisien, confiera à Leaders, Jérôme, ingénieur informaticien, 35 ans, en voyage d’affaires à Tunis. Non seulement il est bon, arrivé au bon moment et avec de l’eau, mais aussi et surtout, il incarne un geste noble et fort, qu’aucune campagne de promotion touristique ne pouvait accomplir : la délicate attention des Tunisiens. » De la camionnette de l’Institut de l’Hotellerie de Sidi Dhrif (établissement relevant de l’ONTT, situé à quelques encablures de la Goulette, mobilisé pour la circonstance), livre de nouvelles quantités d’eau et de sandwichs. A satiété.
Après les flottements, du matin, l’intervention du Tourisme tunisien a absorbé l’angoisse et celle du Transport évité tout débordement. Le sourire revient sur le visage, détente, relax…L’embarquement commence, les formalités sont rapides et les files sont fluides. Et, c'est parti! La première photo prise à bord arrive, avant installation dans les cabines, sur Leaders.
A 16H, un autre navire est prévu en partance à Gênes. D’autres sont programmés demain lundi et il n’est pas exclu que la CTN et ses partenaires renforcent leurs rotations dès le début de la semaine, apprend Leaders de bonne source.
Mise à jour - Communiqué de la CTN:
La CTN informe qu'elle met a la disposition des passagers souhaitant se rendre en France et en Europe par voie maritime, 1600 places sur le car ferry 'Carthage'. Le départ est programmé pour ce mardi matin A 11H. L'arrivée au port de Marseille est prévue pour le mercredi 2! avril à 9h du matin. La CTN mettra son navire à disposition au retour Marseille- Tunis,le jeudi 22 avril à 14h.. Les passagers peuvent réserver à partir de demain lundi dans les agences de voyage.
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Merci pour tous ceux qui ont aidé ces gens en panique.
Que dire ...BRAVO ! BRAVO ! BRAVO ! les passager retenus dans certains aeroports français n'nt pas connu cette "prise en charge" ... qui est plus qu'une prise en charge .. un élan du coeur, et une initiative "naturelle" dans les pures traditions de notre education en Tunisie ! BRAVO à l''ONTT, BRAVO LA TUNISIE ! M.H.ERRBAI
Bravo et plusieurs milles fois bravo . C´est une bonne initiative de prendre en charge les gens lorsqu´il y crise de cette envergure. Il ne faut pas attendre que les ordres vienent d´en haut- Mrs. Il faut que leschefs de la CTN et de l´ONTT et des cervices medicaux eu-memes prennent les initiatives. Merc La Tunisie eet les tunisiens en bonne directions!!i
Ce que je peux dans de pareilles circonsatances, c'est que le tunisien quand il veut, il peut J'en suis vraiment fier de tous les efforts déploysés bien que je ne suis pas un de ces voyageurs. Merci à Leaders pour les informations
Bravo pour toute cette attention ! Je me permets de rappeler que le bateau qui est parti dimanche est celui de la SNCM et non par celui de la CTN (qui est resté à quai!!!!! ) Dommage pour la CTN qui n'a pas su profiter à temps pour programmer plusieurs traversées supplémentaires (et non pas une seule le mercredi prochain avec le Habib) et ainsi profiter d’une manne supplémentaire de passagers. Nous souhaitons une meilleure réactivité pour cette compagnie qui perd des parts de marché au profit de la concurrence étrangère ! Heureusement que le Ministère du Transport a bien réagi.