Le premier débat télévisé new look a-t-il tenu ses promesses?

Les débats télévisés entre les membres du Gouvernement et les citoyens ont donc démarré mardi soir sur TV7. Pendant deux heures, M. Mondher Znaïdi, ministre de la Santé publique s'est soumis au feu roulant des questions d'un panel assez représentatif de la société tunisienne. Un face à face inédit sur notre chaîne nationale parce qu'il s'est déroulé en l'absence d'un personnage qu'on croyait incontournable, l'animateur.

Cela en coûte au journaliste de le dire, mais cette absence a donné plus de mordant et de vivacité au débat comme on en voudrait sur nos chaînes, comme le président de la République l'avait souhaité en ordonnant la tenue. Car la seule présence de l'animateur, surtout quand celui-ci confond entre son son rôle de modérateur et celui de censeur, a souvent constitué, par le passé, par sa morgue et sa propension à couper la parole aux uns et aux autres à tout propos, un facteur d'inhibition à la fois pour le public et pour ses confrères journalistes quand ils sont invités.

Pendant cent vingt minutes, on a eu donc droit à un dialogue franc, sans concession et finalement, instructif, malgré quelques cafouillages. Aucun des problèmes auxquels est confronté ce secteur-clé, parce que touchant à la santé du citoyen n'a été éludé ni par le public décidé à ne pas se confiner dans un rôle de faire valoir ni par le ministre très au fait de ses dossiers.

De cette tribune de dialogue, on a appris beaucoup de choses: que 850000 dinars ont été mobilisés cette année pour acquérir des équipements pour les hôpitaux, que le taux de consultations dans les hôpitaux sera porté à 20% contre 4 aujourd'hui, que le manque de spécialistes dans les régions intérieures sera comblé par le service national auquel seront tenus pendant une année les assistants, qu'un nouveau centre de carcinologie sera édifié à l'Ariana, qu'un nouveau pôle pour les urgences sera ouvert à la Marsa et qu'un centre de prise en charge de l'exoderma pigmentosum (les enfants de la lune) qui touche quelque 800 enfants en Tunisie, sera créé.

Deux petites réserves néanmoins: tous les sujets évoqués comme les urgences, l'encombrement des hôpitaux, l'exportation des services médicaux, le secteur privé, la maintenance des équipements médicaux, les médicaments génériques ou les études médicales méritent chacun une émission à part.

Quant à la durée de l'émission, elle gagnerait à être réduite de moitié, car il est bien difficile de maintenir en éveil l'attention du téléspectateur pendant deux heures surtout lorsqu'il sera question de dossiers plus techniques. Cela dit, l'émission de mardi est une réussite. Elle marque, en tout cas, un tournant en matière de débats télévisés dans notre pays et il faut surtout en savoir gré au Chef de l'Etat pour en avoir pris l'initiative.