News - 26.09.2018

Malek Ben Salah-Inondations : comment tirer la leçon des erreurs du passé

Malek Ben Salah: L’Art qui n’est pas enseigné dans nos Universités, «Comment tirer la leçon des erreurs du passé»

Le Tunisien, percuté de plein fouet dernièrement par les pluies et inondations qu’ont vécues certains gouvernorats et notamment Nabeul, commence à vivre la réalité des changements climatiques dont on lui parlait depuis un certain temps. Et tous ces membres du gouvernement qui vont et viennent et ne savent plus où donner de la tête, se sentent dépassés par les événements : Que dire ? Quels moyens mobiliser? Avec quel financement ? Pour le chef du gouvernement, par exemple, en visite dans les zones sinistrées et qui a encore en tête les dégâts de la région de Rouhia ou celles des autres régions touchées (ou qui seront touchées) par ces pluies torrentielles ou grêles, et pris à l’improviste par la force des éléments, que pouvait-il répondre à tous ces sinistrés…. sinon activer les secours, promettre des aides… alors que nos caisses sont vides ! Pour le citoyen, qui ne croit pas encore dans cette réalité de changements climatiques, et tout étourdi de son côté par l’impact de ces événements sur son quotidien et dans le contexte économique du pays, il essaie de recourir au journaliste ou au responsable qu’il rencontre sur son chemin pour demander de l’assistance, réclamer des compensations sur les deniers de l’Etat ou sur ce ‘’semblant de fonds des catastrophes naturelles‘’… ; moyennant quoi il pense qu’on sera quitte avec ces fameux effets des changements climatiques et que tout va rentrer dans l’ordre !

Ce qui risque de ne pas être analysé ou évalué

Comme attendu, et dès le lendemain des inondations, les recensements sont déclenchés pour essayer d’analyser les dégâts, déterminer leur étendue et évaluer le montant de la facture ; laquelle facture est sensée comporter, en dehors des pertes humaines, les dégâts subis par les fragiles infrastructures routières, urbaines, hôtelières, par les moyens de locomotion et surtout par cet agriculteur nourricier du pays …. alors ‘’qu’on ne peut trop savoir qui peut ou qui va payer cette facture !‘’ Mais, ce qui risque d’être encore plus grave:

(1) que personne ne va analyser les causes profondes qui avaient provoquées cet état des choses et en particulier les causes de ces coulées de boues (el miloussi) qui ont couvert l’ensemble des chaussées de la région mais surtout la campagne ou les cultures sensées approvisionner le couffin de la ménagère ; et,

(2) sans qu’on évalue où en sont les résultats de cette étude achevée en Avril 2009, commandée par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et la Coopération Technique Allemande sous le titre ‘’Changement Climatique du global au régional‘’ et qui prévoyait l’intensité de ce changement.

Heureux donc celui qui aura la satisfaction de trouver à travers ces recensements les résultats auxquels sont parvenus nos chercheurs et les mesures préventives prises par nos gouvernants, dans l’espoir que les travaux dits de CES ne soient pas à l’origine de ces avalanches de boues (miloussi)!

Une cause à vérifier qui peut être à l’origine des coulées de «miloussi»: la CES

La question qui se pose à ce sujet c’est : à quoi seraient dues toutes ces coulées de boues qui avaient couvert nos chaussées et probablement une partie des cultures en place ?
Il faut dire que le problème, ancien, de la perte de terres agricoles par l'érosion hydrique ne cessant de s'amplifier dans le pays et de retenir l'attention des aménagistes et des chercheurs sur la façon de le juguler au mieux, et que les anciens programmes d'aménagement CES n'ayant pas suffi à identifier des réponses appropriées à la maîtrise durable de ses effets négatifs… avaient amené, en décembre 1995, les chercheurs A. M'HIRI, M. BEN SAm, M. KAABIA, M.S. BACHTA à contribuer, dans le livre ‘’l’Homme peut-il refaire ce qu’il a défait ?‘’ par un article intitulé ‘’Pour une approche holistique de la restauration des terres soumises à l'érosion hydrique dans le Nord-Ouest de la Tunisie‘’. Article, qui tout en cherchant à définir une approche pour le développement des zones pentues, et, après les constats qu’ils avaient pu faire sur la modestie des résultats des aménagements précédents pour la stabilisation des terres par des moyens techniques rappelait que la dégradation des sols était due également à l’homme (soit l’agriculteur) qui n’était pas pris en considération dans ces programmes.

Dans les faits, l'amorce de la dégradation des terres et des systèmes qui avait commencé dès l'avènement de la colonisation, s’est poursuivi suite aux interactions entre les structures physiques et sociales tunisiennes et coloniales qui ont fini par refouler les petits agriculteurs et leur cheptel vers les reliefs. Ce qui a entraîné un défrichement de nouvelles terres en pente forte, peu profondes et maintenues jusqu’alors en place par les formations végétales naturelles. L'érosion hydrique n'a pas tardé alors à s'intensifier et une nouvelle dynamique des paysages s'est instaurée, ayant pour moteur le ruissellement, et tout un cortège de conséquences négatives sur les ressources eau et sols.

Avec l’Indépendance, l’idée d’un développement des techniques d'aménagement de DRS (Défense et restauration des sols) puis de CES (Conservation des eaux et des sols) avaient été lancés sur des bassins versants entiers pris comme unité élémentaire d'intervention moyennant des techniques mécaniques et manuelles généralisées, ignorant les spécificités des systèmes de production et l’exploitation agricole qui en est le support. L’objectif social qu’est la création d’emplois n’a fait qu’aggraver la tendance par un interventionnisme systématique à l'échelle des bassins versants par ce genre de solutions n'a pas tardé à montrer les limites de son efficacité, notamment par un appauvrissement préoccupant des paysans des versants, mais aussi par une dégradation accrue du patrimoine ‘’sol’’.

L’équipe interdisciplinaire de chercheurs a testé et développé, alors, une approche holistique de la restauration des terres dégradées par l'érosion hydrique dans la région semi-aride du Nord-Ouest ; dans l’optique que le bassin versant ne soit plus l'unité d'aménagement, et que soit pris en compte l’exploitation agricole, l’impluvium inculte considéré et les bassins versants intermédiaires, en étroite collaboration avec l'ensemble des partenaires concernés par la restauration des terres dégradées de montagne, et par la gestion des ressources en eau de surface. Les services de CES, à qui avait été communiquée cette approche, ne l’ayant pas pris en compte malgré que ces recherches ont comme principal prérequis un débat collectif à même de permettre l'adoption des schémas d'occupation et d'aménagement des espaces concernés.

Mais, les services de CES d’alors avaient continué, à travers leurs projets PGRN financés par la Banque mondiale à prévoir dans leurs activité l’utilisation et/ou l’accès aux terres privées pour le forage, la construction de réseaux d’AEP (Adduction d’Eau Potable), les pistes rurales, l’irrigation avec les eaux de surface et les eaux usées traitées, et seulement un remembrement dans les cas de périmètres irrigués. A ce titre, par exemple, dans les PGRN successifs, c’est la gestion durable des ressources naturelles en particulier dans les zones sévèrement dégradées, l’amélioration de ‘’la productivité agricole’’ et l’association des utilisateurs de ces ressources dans les programmes de développement qui avaient la primauté des interventions. Et afin que ces projets soient opérationnels dès la mise en vigueur du prêt de la Banque, les projets s’étaient basés notamment sur 4 composantes

Soit: l’amélioration de la mobilisation et de l’utilisation des ressources en eau ; le développement de systèmes de production durable ; la CES et le renforcement institutionnel.

A travers l’application de cette politique, la BM cherchait à s’assurer que le projet n’aurait pas d’impact socio-économique négatif sur la population, et que les personnes qui subissaient un impact négatif recevraient une assistance en vu de leur réinstallation et une compensation afin que leur situation socio-économique soit suffisamment favorable, mais sans qu’il n’y ait une prise en compte l’exploitation agricole, de l’impluvium considéré ou des bassins versants intermédiaires, recommandée par l’équipe interdisciplinaire de chercheurs. Moyennant quoi, ‘’les taux de rentabilité’’ étaient calculés par rapport au projet et non pas par rapport à l’exploitation, à la conservation de la fertilité du sol ou à l’impact des infrastructures de base, à la conservation des paysages agraires (environnement) ou à la formation des agriculteurs et leur capacité à se grouper et à se prendre en charge.

Enfin, les rapports relatifs à ces PGRN reconnaissaient avoir laissé des problèmes en suspens auxquels il est demandé aux responsables tunisiens de réfléchir, dont ceux relatifs à la capacité de financement des agriculteurs, aux activités génératrices de revenus, à la capacité des techniciens locaux de modifier leurs manières de faire, à la structuration des GDA…. Comme ils reconnaissaient que le succès définitif ne serait atteint que lorsque les communautés seront organisées avec des GDA bien structurés, financièrement autonomes, capables de participer à la planification du développement, et de répondre progressivement aux besoins de leurs membres en ne faisant appel aux services techniques que pour les questions qui dépassent leurs compétences et que cela demandera du temps et un appui constant.

Disons enfin, qu’en ne discutant pas suffisamment avec la BM de ces objectifs, et en laissant de côté les recommandations de l’équipe interdisciplinaire de chercheurs tunisiens, ces projets aux coûts faramineux apportaient peu de progrès aux ‘’bénéficiaires’’ de ces montagnes ; mais il reste à prouver aujourd’hui qu’il n’y a rien à reprocher aux travaux de CES effectués sur ces pentes, et que ces coulées de boues à Nabeul n’en sont pas les résultats ; surtout qu’on peut affirmer que les dévasements des barrages sont très justifiés.

A côté de cela, on peut se demander pour ce qui nous concerne aujourd’hui : pourquoi la CES était faite dans des bassins versants occupés par un grand nombre de petits agriculteurs aux exploitations morcelées dont le souci majeur est de passer d’une parcelle à une autre quitte à ouvrir une brèche dans les ouvrages de CES et pourquoi les gouvernements successifs n’ont pas donné l’importance nécessaire à une politique foncière qui aurait permis au ‘’patrimoine sol’’ de jouer pleinement un rôle dans le développement de nos montagnes … et sans léser les intérêts des bénéficiaires.

S’est-on préparé effectivement aux changements climatiques depuis cette étude de 2009?

L’étude de 2009 citée annonçait qu’aux horizons 2030 et 2050 le climat de la Tunisie tendra vers une augmentation de la température et une baisse des précipitations sur fond de variabilité déjà grande du climat régional. D’autre part il semble acquis qu’aux horizons temporels 2020 et 2050, les phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresses, vents, inondations) vont augmenter en fréquence et en intensité, notamment à travers la succession d’années très sèches.

C’était à la suite d’un séminaire présentant le rapport définitif de cette étude - financée par la coopération allemande - sur les changements climatiques et leur impact sur l'agriculture à l'horizon 2030-2050, que j’avais écrit le 23 Janvier 2007 sur le journal ‘’Le Temps’’ un article sur le ‘’Risque d'abandon de nos terres suite aux Changements climatiques‘’.

Par cet article, je cherchais à attirer l’attention sur cette volatilité de la climatologie qui devrait nous amener à réfléchir sur l'adaptation de l'agriculture à cette nouvelle situation et à décider de ce qu'il y a lieu de faire ; les années 2030 ou 2050 étant à nos portes, la Tunisie ne devrait pas rater ce rendez-vous qui n’était pas si lointain.

Et étant donné les échéances qui étaient plutôt courtes, on peut se demander s’il y a eu un re-ciblage des actions de développement a pu démarrer et si on avait défini des objectifs à la recherche pour préparer les solutions adaptées au nouveau statut de la Tunisie sous Changements climatiques. De même, qu’en est-il de la mobilisation des moyens humains, financiers et réglementaires nécessaires pour mener à bien l'adaptation à ce nouveau contexte agronomique, économique et climatologique...

Nous sommes donc en 2018 et nous avons vécu trois années sèches successives et nous voilà maintenant en train de vivre une année où des inondations commencent à se manifester ! Si donc, nos nombreuses institutions d’enseignement et de recherche étaient parvenues à des résultats, il est temps de les diffuser et de les vulgariser pour orienter l’agriculteur pour qui le temps passe, le monde évolue, mais sa bourse se rétrécie comme une peau de chagrin !

La grêle et ses dégâts

Durant ces derniers mois d’Août et de Septembre, on a vu des chutes de grêle dans certaines régions et des agriculteurs se plaindre des pertes subis…. Mais, était-ce là un accident qu’on ne pouvait prévoir ou un phénomène climatique rare dans des cuvettes synclinales comme celle de Sbiba-Rouhia en tant que zone propice qui a permis le développement de cultures délicates comme les pommiers et poiriers, mais avec laquelle il fallait être extrêmement prudent sur les interrelations sol-atmosphère en matière d’orages de grêle qui expliquent en partie la vulnérabilité face à cet aléa grêle. Et, malgré le manque de temps pour l’étude des causes de cette chute de grêle et décider de ce qu’il y a lieu de faire, on a vu, un ministre à Rouhia promettre de financer des filets anti-grêle alors que les spécialistes savent qu’ils ne sont pas efficaces dans les cas de chutes de grêle très importantes (peut-être comme celles qu’a connu Rouhia) et dont le coût est très élevé (je ne sais pas quel en est le coût actuellement, mais il était en France il y a 3 ou 4 ans d’environ 5 000€ / hectare) !

Une cause institutionnelle non négligeable: l’absence «d’une Eminence Grise»

Au ministère de l’agriculture, et à travers le temps, on ne peut que constater un cloisonnement inapproprié et nuisible entre les secteurs (production, hydraulique, forêts, conservation des eaux et des sols (CES), ressources en sols, ressources en eau, financement, organisation de la profession, enseignement, recherche… n’a fait qu’empirer…. De plus, l’absence ‘’d’une Eminence Grise‘’ qui conçoit, planifie, coordonne la chronologie de réalisation des actions dans l’espace et dans le temps en veillant à éviter tout gaspillage des deniers de l’Etat, on comprend bien que cette situation d’un avion sans pilote ne peut que nous faire évoluer incontestablement vers l’abime!

Et, en l’absence quasi permanente de cette éminence Grise/point central de conception et de coordination ; chaque entité mène sa petite barque indépendamment de la chronologie que devrait imposer la rationalité d’actions mûrement réfléchies élaborées par de véritables compétences auxquelles on peut se référer ; le résultat étant un gaspillage de temps et d’argent.

Messages télégraphiques pour ceux qui veulent bien tirer la leçon

Parmi les nombreuses leçons à tirer, citons en particulier:

Au niveau national: Pour qu’on apprenne tous à évaluer périodiquement les résultats de nos actions, l’occasion est propice pour réunir une équipe d’experts neutres pour évaluer les résultats de ces longues années de travaux de CES qui ont coûté des dizaines de milliards au pays et constater dans quelle mesure ils ont contribué à retenir les sols dans les zones traitées ou bien s’ils ont accéléré les pertes constatées à travers ces immenses coulées de boues destructrices des chaussées et des champs….

Au niveau de l’IRESA (Instance, par excellence, de conception et de coordination entre institutions d’enseignement et de recherche), il est urgent qu’elle joue son rôle de conception de programmes pertinents de recherche sur les changements climatiques et de les coordonner entre ces nombreuses institutions qui nous informent rarement des résultats et de leur assurer une vaste diffusion.

Toutefois, il est à noter : d’une part, qu’un plus large dialogue est à instaurer entre ces institutions avec les compétences encore existantes qui s’intéressent au secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire; et d’autre part qu’il n’existe pas encore en 2018, une spécialisation dans ‘’la vulgarisation et la communication’’ dans ces institutions, spécialité fondamentale pour toute tentative de relance dont a besoin le secteur.

Au niveau du Ministre de l’équipement et à nos présidents de Municipalités, fraîchement élus

Monsieur le Ministre, vous vous illustrez réellement par une compétence rare, aussi je me permets de vous signaler que, tout comme vos prédécesseurs, l’orientation actuelle des aménagements qui sont effectués sont réalisés dans une optique où l’eau de pluie ou d’inondations doit être évacuée vers la mer ou les oueds et donc définitivement perdue pour la société alors qu’il s’agit d’une ressource rare pour laquelle on a le devoir d’envisager d’autres solutions. Un changement d’optique est très souhaitable dans le sens que tous les fossés qui quadrillent nos routes et chemins doivent être conçus pour favoriser plutôt son infiltration dans le sol qui est notre meilleur lieu pour son emmagasinage.

De même, natif de la banlieue d’El Omrane où tous les habitants n’avaient nul ressentiment pour les fossés qui longeaient nos rues ; et la transformation de ces cités en ‘’déserts de béton’’, comme les appelait René Dumont ,par un asphaltage systématique de la chaussée afin que la pluie qui tombe soit rapidement évacuée dans des pipes lines n’est nullement justifiée dans un pays aride comme le nôtre d’autant plus que les fossés bien entretenus à El Omrane ne nuisaient nullement au paysage ou à l’environnement. Utiliser donc moins d’asphalte dans nos nouvelles cités coûterait moins cher à la collectivité n’aurait rien de désagréable surtout si on éduque nos villageois et banlieusards à en faire un prolongement de leurs jardins.

La même remarque est valable pour nos présidents de Municipalités, fraîchement élus pour développer des cités jardins partout dans le pays.

Au niveau de nos gouvernants et de tout citoyen

Il ne faut surtout pas croire, et sans chercher à faire peur à personne, que nous en avons fini avec ces changements climatiques. Rappelons-nous de cette étude qui nous a avertis que sécheresse et inondations feront parti de notre nouveau climat même si on espère le contraire et que par conséquent toutes les mesures doivent être prises à tous les niveaux et que nos chercheurs en particulier, pas seulement en agronomie ont une responsabilité dans le façonnage de l’avenir. Faire fonctionner notre matière grise (la fameuse المادة الشخمة qu’évoquait régulièrement Bourguiba) et notre imaginaire pour concevoir une agriculture plus durable, plus économe, plus protectrice de l’environnement, plus nourricière pour le Tunisien…. Que chacun comprenne qu’on ne peut évoluer sans retrousser ses manches et se mettre au travail chacun dans sa spécialité… Que chacun décide par lui-même de boycotter tout produit importé….

Malek Ben Salah
Ingénieur général d’agronomie
 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Attia Mohamed. - 27-09-2018 18:00

Où sont les matières grises ? That's the question. Heureusement que j'en vois quelques unes encore. Moi, honnêtement je verrais bien Malek Ben Salah, en sa qualité "d'éminence grise" d'expert et d'ex-haut cadre du Ministère de l'Agriculture, la personne idoine pour y être chargé de mission permanent en vue de superviser et de coordonner les actions des différentes Institutions en matière de Recherches et Développement Rural, (Agronomie, Génie Rural, Hydraulique agricole, CES ... ).

Habib Kraiem - 27-09-2018 21:25

Je trouve cette réflexion très intéressante. Personnellement je pense qu'au delà des effets des changements climatiques avec lesquelles nos hauts responsables et nos politiques ne sont pas très familiers (problème de capacités), le problème est que depuis un certain temps, nos politiques se trouvés et se trouvent beaucoup plus accaparées par les problèmes du moment et ne pouvaient pas avoir un peu de recul pour élaborer une politique de développement concertée et coordonnée et une vision partagée par tous les département techniques ministériels concernés en matière de développement rural/agricole, d'aménagement de l'espace rural/agricole qui comporte un vide juridique flagrant, de développement régional, de protection contre les inondations, d'adaptation aux changements climatiques, de conservation et de valorisation de la biodiversité, de lutte contre la désertification, etc. Les raisons à cela résident dans le fait (i) qu'il y a eu accumulation des nombreux problèmes et contradictions depuis l'indépendance qui requerraient des adaptations perpétuelles (réformes) au fur et à mesure des transformions apportées par le développement socio-économique et agricole, adaptations qui ont fait défaut. (ii) le cloisonnement entre les différents départements ministériels ainsi qu'entre les structures au sein d'un même ministère, notamment celui de l'agriculture, qui fait que, depuis la liquidation des Offices de développement (Medjerda, Tunisie centrale, Souassi, Nebhana, etc.) et l’avènement des CRDAs (1989) suite à l'ajustement structurel agricole, chaque Direction générale et pratiquement chaque CRDA a son projet (les PDAIs/Gafsa, Mahdia, GHézal, Siliana 1 et 2, Kairouan, Zaghouan, les PGRN 1 et 2, le PRODESUD 1 et 2, PRODEFIL et le Programme NO (ODESYPANO), sans une coordination/harmonisation à haut niveau, le tout sur financement extérieur (FSD, FIDA, BAD, BIRD, AFD, JBIC, JICA, etc.). Veuillez noter qu'il y a une étude en cours de finalisation avec la DGFIOP sur l'évaluation de l’expérience des PDAI (Projet de Développement Agricole Intégré) en tant qu'outil de développement agricole/rural au cours des 25 dernières années qui tente de tirer les leçons dans le domaine du développement rural et traite aussi les problèmes liés à la gestion des ressources naturelles (CES/DRS, aménagements pastoraux et et sylvo-pastoraux, etc.). En tout cas i l y a tellement à dire sur ces questions qu'on se demande si ça vaut vraiment la peine de déployer de l'énergie pour en parler, notamment dans le contexte actuel caractérisé par la déchéance de l'autorité de l'Etat et de l'administration du développement.

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