News - 20.11.2018

Le secteur des dattes, leader de l’exportation, se prépare aux défis de l’avenir

Le secteur des dattes, leader de l’exportation, se prépare aux défis de l’avenir

Symbole traditionnel, de fertilité et de prospérité des zones sahariennes et présahariennes, le palmier dattier offre aujourd’hui à la Tunisie un produit qui fait la fortune du secteur agricole. D’après les chiffres présentés l’été dernière par le ministère de l’Agriculture, les exportations de dattes ont enregistré un nouveau record, qui suit une croissance qui n’a pas cessé de s’arrêter au cours de la dernière décennie. Exportant vers plus de 80 pays, la Tunisie est à la première place à l’échelle mondiale en termes de transactions commerciales des dattes, grâce à une part de marché autour de 20%. Cette filière de l’agriculture nationale occupe la deuxième place au niveau des exportations des produits agricoles, après l’huile d’olive, et elle participe à 19% de la valeur totale des exportations agricoles. Pour la période allant du 1er octobre 2017 jusqu’au 26 septembre 2018, la quantité exportée a atteint environ 129.000 tonnes, pour une valeur de 763 millions de dinars. Si l’on compare ces chiffres à celles de l’année précédente, on remarque une croissance annuelle de 17% en termes de quantité et de 34% en valeur. Une augmentation impressionnante, qui témoigne de la bonne santé du secteur, qui n’aura par contre pas le temps de se reposer sur ses lauriers.

Un modèle de succès qui devra se renouveler

Pour comprendre les défis du demain, il faut d’abord remonter aux années 2004-2005, avec la mise en place d'une stratégie de qui a permis à la Tunisie de s’imposer comme leader du domaine. Le secteur avait planifié la réalisation de systèmes de stockage frigorifique qui permettent aujourd’hui d’avoir une disponibilité de dattes pour toute l’année. C’est une spécificité tunisienne, qui permet de vendre des dattes au moment où la demande des pays arabes est la plus forte : le ramadan. D’ici à 2025 le mois saint coïncidera avec la récolte du fruit, ce qui supprimera l’avantage concurrentiel tunisien, au profit des grandes capacités productives d’autres pays, tel que l’Algérie. Afin de contrer ce danger, le Groupement Interprofessionnel des fruits a conçu un nouveau plan. « Il s’agit maintenant d’avoir une nouvelle stratégie car autrement on sera en difficulté», nous confie M. Mohamed Ali Jendoubi, le directeur général du Groupement. On doit viser la promotion des nouveaux marchés, mais surtout travailler sur le consommateur hors-ethnie : les Européens et les Asiatiques. Il faut montrer les bienfaits de la datte, en promouvant ses qualités. Il y a de la marge pour élargir l’éventail des consommateurs. »

Si dans le cadre de l’Organisation Arabe pour le Développement Agricole, les représentants des différents pays ont commencé à envisager une structure interrégionale qui puisse aider tous à faire mieux connaître les dattes dans les marchés internationaux, de l’autre côté la concurrence restera bien vive : « Chacun va parler de sa datte, c’est clair », précise le directeur du GIFruits, en fixant le délai pour ces objectifs à l’horizon 2020-2025. La barre de 2025 est d’autant plus importante pour la filière des dattes tunisiennes que son principal importateur, le Maroc (35 mille tonnes), s’est fixé l’objectif de rejoindre de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Ce qui n’empêchera pas les exportateurs tunisiens de continuer à vendre dans cet important marché maghrébin, mais on devra redoubler d'efforts pour explorer d'autres marchés, arriver de l’autre côté de l’océan. Dans le classement des pays importateurs de dattes tunisiennes, nous trouvons à la deuxième pour la première fois les Etats-Unis, avec 10.686 mille tonnes. Le succès de la datte tunisienne sur ce marché est révélateur de la croissance exponentielle des exportations tunisiennes en 2017-2018 : si sur la période 2016-2017, la quantité importée par ce pays avait atteint les 4.768 tonnes pour une valeur de 31.588 millions de dinars, les dernières statistiques font état de 10.700 tonnes, pour une valeur de 77.388 millions de dinars. À noter que sur ce marché, 95% des quantités vendues, sont les dattes dénoyautées, qui garantissent une vente de produits de bonne qualité malgré les longs transferts. Si on analyse le troisième meilleur marché, à savoir l'Espagne (10.620 mille tonnes), nous remarquons une quantité semblable de dattes dénoyautées et branchées, les deux représentant 31% du total des ventes en Espagne.

L’actualité

Dans le court terme, selon les bilans établis  par le Groupement Interprofessionnel des Fruits, la croissance de l’exportation du secteur se poursuivra. Même si les exceptionnelles conditions climatiques de la récolte à l’origine de la production 2017-18 ne se reproduiront pas. D'ailleurs, on s’attend à une baisse de 6% de la productivité, mais la création de nouvelles implantations à Kebili permettra d’augmenter de nouveau les quantités exportées.

Cependant, il faudra rester vigilant face à la concurrence des producteurs égyptiens et saoudiens sur les marchés européens. Malgré tout, M. Jendoubi reste confiant : «Nous avons un produit de luxe. Le Deglet Nour a des grandes qualités. »

Omar Cartulano
 

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