Lotfi Debbabi, nouveau DG de la STB - Mission: bouclage du contrat-programme
L’essentiel est engagé. Le plus dur reste à faire. Nommé D.G. de la STB, Lotfi Debbabi, 55 ans, pur produit en 30 ans de carrière, de la première banque tunisienne, aura à finaliser avec succès le contrat-programme engagé en 2016. L’impératif de renflouement et de restructuration des trois banques publiques, la STB, la BNA et la BH, alors en difficulté de provisions, exigeait l’injection de plus de 750MD dans leur capital, appel à candidatures sur la base d’un profil et d’une vision pour désigner le premier dirigeant en 2015, Samir Saied, et le déploiement d’un contrat- programme sur cinq ans. Parachever les deux dernières années du contrat-programme de la STB et préparer la prochaine séquence constitueront le grand challenge pour Lotfi Debbabi. Il ne manque pas d’atouts pour les relever, si...
Choisi fin 2015, pour la STB, Samir Saïed, à l’âgé de 58 ans, ingénieur centralien, longtemps directeur général de Oman Development Bank au Sultanat d’Oman, s’est attelé dès le 18 janvier 2016 à une tâche des plus délicates, que peu de connaisseurs estimaient réalisable. Mais, lui, savait qu’il pouvait compter sur d’excellentes équipes internes et des managers de valeur. En poste central, se trouvait Lotfi Debbabi, chef du pôle commercial chargé du développement commercial, de la banque de détail et du réseau, coiffant trois directions centrales en charge dont 6 directions, 12 directions régionales et 145 agences.
La transformation profonde de la STB était immédiatement engagée dans une course contre le temps. Lourdement opérée par des crédits carbonisés, notamment ceux du secteur touristique, plombée par de vieilles procédures et figée par un système d’information désuet, la banque devait agir sur tous les fronts. En trois ans seulement, les fondamentaux ont été renforcés et les grands chantiers bien avancés.
Samir Saied et les équipes se sont dépensés sans relâche, la bataille est menée simultanément sur tous les fronts :
- le départ volontaire de 378 collaborateurs, justement compensés exclusivement par les ressources propres de la banque. Opération modèle conduite en étroite concertation avec les partenaires sociaux,
- l’élaboration et réussite du déploiement d’un nouveau système d’information, fruit d’une collaboration et d’un travail d’équipes exceptionnelles STB-BFI. Ce système d’information, pour seulement une fraction du cout d’un Global Banking importé, qui plus est en devises, est un « best of the breed system », 100% made in Tunisia, qui constituera un socle solide de la transformation digitale de la banque,
- la consécration du choix pionnier de l’Open Banking et l’élaboration de notre plateforme ouverte ont permis le lancement dès Aout 2018 de STB directe, un portefeuille d’applications englobant digi transfert, digi card, digi actionnaire et digi crédit,
- l’amélioration substantielle des gestions de risques de crédit, opérationnel et de marché, le renforcement de la gouvernance, du contrôle, et de LAB-FT, sont autant d’actions qui vont permettre l’assainissement progressif des suspens et des données de la banque…
- une ingénierie financière innovante élaborée dans le Livre Blanc initié par la STB qui permettra un redressement progressif du portefeuille touristique qui a tant souffert de secousses successives.
Durant ces trois années, malgré les montants importants provisionnés, notamment pour les crédits dans le tourisme et, en croissance annuelle, le PNB a augmenté de 18%, le bénéfice avant impôt de 40%, les créances accrochées sont passées de 30% à 20%. Pour la première fois, la masse salariale a baissé en 2018 par rapport à l’année précédente. Au moment même, la productivité par employé a cru de 57% par rapport à ce qu’elle était lors du lancement de cette nouvelle stratégie.
L’année 2019 est déjà prometteuse
Avec la reprise du secteur touristique et la récupération progressive de ces provisions dès 2019, les comptes seront nettement meilleurs, ce qui renforce les chances de réussite du contrat-programme quinquennal de 2016. Les deux dernières années qui restent, 2019 - 2020, s’annonçant celles de la récolte des premiers dividendes de cette transformation en profondeur, seront cependant cruciales.
Samir Saied, à 61 ans, partant à la retraite, devait passer le témoin à un successeur. Les candidats ne manquaient pas. Le choix s’est finalement porté sur Lotfi Debbabi, immédiatement opérationnel, et déjà pleinement engagé dans le contrat-programme. En finisseur averti, il lui appartient d’en assurer le bouclage.
En finisseur
Economiste (titulaire d’une maîtrise en sciences économiques de la faculté des Sciences économiques et Gestion de Tunis), banquier (diplômé de l’ITB, Paris), financier (titulaire d’un MBA de la même faculté à Tunis, et de l’UQAM Montréal, en major de promotion), perfectionné en financement des PME (Program on Financial Institutions for Private Entreprise Development de l’Université de Harvard), il aligne une longue expérience opérationnelle. Après un bref passage à la Banque du Sud (aujourd’hui Attijari Bank), Lotfi Debbabi rejoindra la STB dès 1989.
En trente ans de carrière, Lotfi Debbabi en dépensera les vingt et une premières années (jusqu’en 2013) sur le terrain, dans les régions, au contact direct de la réalité de l’entreprise et du client. Les six dernières années (2013 - 2019) seront celles des hautes charges au siège à Tunis, dans des fonctions stratégiques. Son chemin d’imprégnation et de montée en responsabilité commencera en 1992 en tant que chef de différentes agences STB pour se poursuivre huit ans durant. Expérience acquise, il sera dès l’an 2000 directeur de succursale (à Sousse, jusqu’en 2005), et directeur régional (pour Sousse et Kairouan, jusqu’en 2008, puis pour Monastir et Mahdia jusqu’en 2013).
Les ressorts indispensables
Monté à Tunis, Lotfi Debbabi était promu directeur central chargé du réseau, du commercial et de la qualité avant d’être nommé en 2016 chef du pôle commercial chargé du développement commercial, de la banque de détail et du réseau. La direction générale le chargera de multiples autres missions, notamment en tant que directeur général de la filiale « GEVE », détenue à parité avec la BNA, membre du conseil d’administration de différentes filiales, administrateur à Tunis Ré, membre et président de différents comités (commission consultative de l’entreprise, comité crédit, trésorerie, recouvrement et conditions tarifaires, etc.).
Autant de fonctions qui autorisent aujourd’hui Lotfi Debbabi à assumer avec des atouts précieux ses nouvelles fonctions à la tête de la STB. Sa mission ne sera certes pas facile, tant les défis restent nombreux et la conjoncture bien difficile. En capitalisant sur les avancées enregistrées ces trois dernières années et en continuant avec le même esprit et sur la même lancée, il puisera les ressorts nécessaires. En appoint, l’appui des équipes, dont il est lui-même issu, des actionnaires, des pouvoirs publics et des autorités monétaires lui sera précieux.
N°1 de la digitalisation bancaire
Samir Saïed aura terminé son mandat à la tête de la STB par une consécration significative: première banque digitale en Afrique du Nord. Une distinction qui lui a été décernée par l’Organisation arabe des TIC (AICTO) avec l’Union des banques arabes. La STB joue dans ce domaine déjà dans la cours des grands : les deux autres lauréats élus, étant la QNB pour le Golfe Arabe et l’Arab Bank pour le Moyen Orient.
A elle seule, elle résume l’ampleur de la transformation de la banque publique historique. Confié à Adel Gaaloul, le projet de digitalisation et d’implantation d’applications innovantes porte les réformes engagées avec l’implication de toutes les équipes (des centaines de personnes) et entend concrétiser la nouvelle approche du service client.
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