Première visite qu’il effectue à partir de ce jeudi 2 mai à Tunis depuis son élection, il y a quatre ans, le 28 mai 2015, à la tête de la Banque africaine de Développement, Akinwumi A. Adesina sera reçu avec une attention particulière. Entretiens avec le président Béji Caïd Essebsi, le chef du gouvernement Youssef Chahed et le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, dîner de travail avec la communauté d’affaires et le secteur privé, rencontre avec les partenaires de la BAD, inauguration du bureau régional, conférence-débat avec les étudiants à l’IHEC et autres séquences: l’agenda s’annonce chargé. Mais, au-delà du suivi des financements en cours, c’est surtout l’annonce d’une nouvelle initiative d’appui à la Tunisie qui est également escomptée.
En répondant à l’invitation que lui avait adressée le président Béji Caïd Essebsi, lors de leur rencontre à Berlin, en octobre dernier, à la faveur du Sommet G20 Compact with Africa, et réitérée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, à Davos, en janvier dernier, la venue à Tunis du président de la BAD, Akinwumi A. Adesina, ouvre de nouvelles perspectives. Lancer un programme porteur il y est sans doute acquis.
Au-delà des projets classiques
Lui qui a imprimé un nouvel élan à la Banque, engagé de grandes initiatives pour promouvoir
l’investissement africain en Afrique, soutenu l’affirmation de la société civile dans la gouvernance et ouvert à la jeunesse de nouvelles voies pour l’accès au savoir, l’innovation et l’emploi, est acquis aux projets porteurs qui s’y inscrivent. Il suffit de lui soumettre, outre les projets «classiques» des programmes porteurs à soutenir en dons, et de le convaincre de leur pertinence, pour qu’il plaide en leur faveur devant les instances de la Banque, puis, accord finalisé, il veillera personnellement à leur bonne mise en œuvre. C’est son style, et c’est ainsi qu’il a déjà fonctionné en faveur de nombre de pays du continent.
Plus encore, Akinwumi A. Adesina n’est pas seulement le 8ème président du Groupe de la BAD. Cet ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural du Nigéria (200 millions d’habitants et où il s’est illustré particulièrement dans la lutte contre la corruption) jouit d’une grande notoriété en Afrique comme dans les milieux financiers internationaux. Son vaste réseau de relations est tout premier plan. Convaincu du maillage interafricain, entre investisseurs et opérateurs du secteur privé, mais aussi des connexions avec le reste du monde, son appui personnel à la Tunisie sera très précieux. Là aussi, il suffit de le solliciter.
Des liens historiques
La Tunisie, pays fondateur de cette grande institution financière régionale fondée en 1964, sous des statuts rédigés à l’époque par Mansour Moalla à Addis-Abeba puis au siège à Abidjan, entretient des relations particulières avec elles. Elle a d’ailleurs fourni son deuxième président, Abdelwahab Labidi (1970 -1976). La BAD a toujours apporté crédits et assistance à divers projets de développement. Et lorsque la situation sécuritaire à Abidjan s’était dégradée, c’est à Tunis que la Banque s’était délocalisée (temporairement), dès avril 2003 pour y fonctionner pleinement pendant plus de dix ans, ne retrouvant son siège qu’en septembre 2014. Si la Tunisie n’a pas tiré grand bénéfice réel de cette hospitalité, elle en a gagné beaucoup d’amitiés et d’amis. En accueillant la Ligue des Etats arabes (1979 - 1990), Tunis était devenue capitale du monde arabe, et avec la BAD, la capitale de l’Afrique. Pour un temps certes court, mais toujours chargé de grands rendez-vous. En voyant ces institutions retrouver leurs sièges respectifs, les Tunisiens n’aspirent qu’à les voir réussir, et la Tunisie demeure toujours en soutien. La réussite, fin mars dernier du 30ème sommet arabe, « le premier qui s’était tenue dans une démocratie qui fonctionne» comme l’ont souligné d’éminents chercheurs à l’université Georgetown, témoigne de cet appui permanent. Avec la BAD, ça ne sera que de la même veine.
Un nouveau départ
Trois jours durant, jusqu’à samedi, Akinwumi A. Adesina viendra, à la tête d'une forte délégation et accompagné de son conseiller spécial pour la région Afrique du Nord Moyen-Orient, Lassaad Lachaal (ancien ministre tunisien de l'Agriculture) donc renouer les fils d’une relation que Tunis et Abidjan, entendent hisser à un niveau élevé de coopération et d’excellence. Reçu avec estime et considération, écouté avec attention, célébré en tant que l’un des fils vaillants de ce grand continent, il sera sans doute attentif à la nouvelle réalité sur le terrain, toute ouïe à sa jeunesse, et en tout appui.
Taoufik Habaieb