Les artistes tunisiens dans nos festivals: une expérience mi-figue, mi-raisin
Autant l'activité économique pendant le ramadan, marque le coup dans notre pays, autant la vie artistique, connaît une certaine effervescence au cours de la même période, sachant que le mois saint de cette année coïncide avec le mois d'aout qui constitue généralement le point d'orgue de la vie artistique dans notre pays avec les mille et un festivals qui y sont organisés.
Même si Carthage joue les prolongations, la plupart de ces festivals s'apprêtent à céder la place à ceux de la médina qui animeront désormais nos soirées ramadanesques. Pour ces festivals, l'heure est donc aux bilans d'autant plus que, pour le plus illustre d'entre eux, en l'occurrence, Carthage, l'édition de cette année s'est ouverte davantage aux artistes tunisiens. Une décision qui, outre d'économiser des centaines de milliers de dinars en devises fortes, devait permettre de découvrir de nouveaux talents.
Il faut bien le reconnaître: la moisson est plutôt maigre. Certes, on a eu droit à quelques bonnes surprises. Mais on aurait gagné autant pour la réputation du festival que pour leur bien à ne pas jeter quelques jeunes et moins jeunes talents dans la fosse aux lions sans préparation, surtout psychologique.Il se trouve que ce sont les mêmes qui se sont fait remarquer par leur virulence et leur tendance à la victimisation, ces derniers temps. A-t-on cherché à les amadouer ou à leur faire prendre conscience de leurs limites?
En tout cas, il faut se rendre à l'évidence. La scène artistique tunisienne n'est pas aussi riche qu'on le dit. Et si des valeurs sûres, comme Lotfi Bouchnak, Saber Rebaï ( qui se confirme au fil des ans comme une véritable bête de scène), Amina Fakhet, Soufia Sadek et autres sont autant sollicités et le seront pour un certain temps encore, ce n'est pas parce qu'ils ont des "appuis solides" comme disent leurs détracteurs, mais parce qu'ils ont su s'imposer au point de devenir indispensables dans les grandes manifestations en Tunisie et très sollicités à l'étranger.
Le bilan est, néanmoins, globalement positif. Certains artistes invités s'en sont assez bien tirés comme Nabiha Karaouli et à un degré moindre Chokri Bouzaiane, malgré la désaffection du public. Quelques uns, à vouloir trop bien faire ont visé à côté de la plaque, alors que d'autres, peut-être, encore immatures, devront acquérir davantage d'expérience pour mieux rebondir.
Les graines de stars sont légion en Tunisie qui piaffent d'impatience pour prendre leur place au soleil. ll faut les accompagner. Ce qui n'est pas toujours facile, car si sous d'autres cieux, au Liban, en Egypte et dans les pays développés, ce rôle est dévolu aux directeurs artistiques, en Tunisie, mis à part Saber Rebaï, conseillé par un libanais, ce rôle, déterminant dans la carrière d'un chanteur, est joué par l'artiste lui-même. C'est ce qui explique, d'ailleurs, la situation peu reluisante où se trouve notre scène artistique caractérisée surtout par l'improvisation et l'amateurisme.
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