Doha Forum 2019 : comment ré-imaginer la gouvernance dans un monde multipolaire
Doha – De l’envoyé spécial de Leaders, Mohamed Taïeb. Si la Coupe du monde des clubs qui se déroule ces-jours-ci dans la capitale qatarie accapare l’attention, avec la participation de l’Espérance sportive de Tunis, un autre évènement, de grande envergure, fait affluer les grands de ce monde. Il s’agit du Forum de Doha, qui ouvre ce samedi matin, 14 décembre, sa 19ème édition, sous la présidence de l’Emir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad al Thani.
Une transition rapide du monde qui se dessine de l’unipolarité dominante, voire la bipolarité, vers un univers géopolitique multipolaire dresse de nouveaux défis, non-seulement politiques, mais aussi économiques et technologiques. Comment faire face à ces changements complexes ? Quelle conduite, Etats, organisations régionales et internationales, système des Nations-Unies, institutions financières, grandes compagnies et différentes composantes de la société civile doivent-ils adopter pour en atténuer les effets négatifs et favoriser la diplomatie, le dialogue et la diversité ? Tel est le thème central de la session 2019 du Forum.
Ahmed Ounaies, René Trabelsi et Mondher Ben Ayed
Comme chaque année, ce plus grand think-tank dans le monde arabe draine une pléiade de chefs d’Etat et de gouvernement, de ministres, dirigeants d’organisations et de grands groupes économiques et financiers, de chercheurs et leaders d’opinion. La Tunisie fera bonne figure avec la participation notamment de l’ambassadeur Ahmed Ounaies, du ministre du Tourisme, de l’Artisanat et du Transport, René Trabelsi, et du président de la compagnie TMI, Mondher Ben Ayed. Le ministre Trabelsi, dont c’est la première participation au Forum de Doha, prendra part à un panel de discussion consacré à la protection du tourisme contre les risques du terrorisme et les menaces géopolitiques.
Ivanka Trump, Faiez al Sarraj, Hanan Al A'charoui et Paul Kagamé
La liste des intervenants lors des différents débats en séances plénières, comme dans les sessions thématisées est impressionnante. On y retrouve en effet les présidents de la Libye, du Rwanda, de l’Arménie et du Salvadore, et les premiers ministres du Japon, de la Turquie, de la Pologne et de la Somalie et un grand nombre de ministres. Invitée spéciale, la fille du président américain, Ivanka Trump est annoncée avec le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. Parmi les grandes personnalités figurent notamment le président de l’actuelle session (74ème) de l’assemblée générale de l’ONU, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, le président de l’Union africaine et la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie. La Palestine sera représentée par Hanan Al Asharaoui et Saeb Arekat, en tête d'une forte délégation.
Thèmes chauds
La situation en Syrie, au Yémen, en Libye et en Somalie, le rapatriement des combattants de l’Etat islamique Daech, vers leurs pays d’origine, la migration, l’énergie, les nouveaux enjeux du réchauffement climatique, les relations Chine –Etats-Unis d’Amérique : des thèmes chauds susciteront des débats qui s’annoncent sans doute animés. Les questions posées d’entrée de jeu sont en effet attractives :
- Comment relever le défi de la migration ?
- La coopération régionale et le nouvel équilibre du pouvoir
- La technologie et les défis de la gouvernance mondiale
- Le concours géopolitique pour le leadership technologique dans le siècle asiatique
- Comment l’Etat islamique séduit les femmes et les recrute
- Comment les femmes gagnent la guerre contre la numérisation par ISIS de l'économie mondiale
- Les datas comme nouveau moteur de la croissance
- Comment préserver l’activité touristique en période de conflits géopolitiques
- Quelles règles d'engagement pour les conflits non militaires
- Les relations entre les États-Unis et la Chine et l'avenir du système international
- Les Nations Unies à 75 ans : un temps pour le renouvellement et l'innovation technologique et les défis de la gouvernance mondiale
Pour aller plus loin : l'introduction du Forum de Doha
"Avec les adversités et les inégalités résultant de la guerre et de la pauvreté, les opportunités semblent résider dans une transition mondiale de l'unipolarité à la multipolarité. Dans un combat pour la justice, la primauté du droit et l'égalité entre autres, on s'attend à ce qu'un tel changement domine dans un avenir prévisible. Ce changement de paradigme comporte de multiples dimensions qui vont au-delà d'un simple cadre politique. Compte tenu du nombre croissant de puissances sur la scène mondiale, il est nécessaire d'explorer l'importance de ce changement et de réimaginer un système de gouvernance mondiale dynamique qui soit adapté à notre situation actuelle. La légitimité d'un petit nombre seulement de pays au premier plan des conflits internationaux a diminué. Les personnes, les biens et les valeurs sont tous transnationaux. Aucun État ou groupe d'États ne peut à lui seul relever les défis mondiaux actuels et émergents. Les hégémons abandonnent-ils leur influence ou se retirent-ils consciemment de leur responsabilité à l'égard de la communauté internationale ? Nous devons collectivement penser à un système de gouvernance holistique qui soit moral, coopératif et pratique.
Notre nouvelle norme, c'est que les États-nations et les acteurs non étatiques se disputent maintenant l'influence politique, militaire et économique. La portée et la pertinence des pays varient dans le paysage international. Les acteurs non étatiques, les ONG, les mouvements sociopolitiques et religieux, les entreprises transnationales et les agents du monde virtuel jouent un rôle clé dans la transformation. Le caractère unique de ce que nous vivons repose sur la contradiction de l'interconnectivité du monde au milieu des conflits pour ce qui est perçu comme des valeurs mondiales. De nombreux problèmes mondiaux nous affectent tous et se propagent à des niveaux microscopiques. Par exemple, les changements climatiques constituent une menace pour nous tous et sont liés aux moyens de subsistance des gens et à l'économie mondiale. La migration est un défi international qui doit être géré collectivement tout en garantissant les droits des réfugiés et des personnes déplacées.
En tant que plateforme de réflexion de premier plan, le Forum de Doha se penchera cette année sur les thèmes suivants:
- Tendances et technologie
- Commerce et investissement
- Capital humain et inégalités
- Sécurité, cybergouvernance et défense
- Organisations internationales, société civile et acteurs non étatiques
- Culture et identité
- Quelle devrait être la voie à suivre ? La gouvernance et le leadership mondiaux sont essentiels à la durabilité de nos systèmes et de notre niveau de vie. Les accords multilatéraux sont contestés, les organisations régionales sont remises en question. Il y a un besoin pour une gouvernance alternative qui peut accommoder la diversité, la diplomatie et le dialogue.
Dans notre paradigme actuel, combien de temps dure l'impulsion de certains pays à prendre des décisions ou des positions unilatérales ? Dans une ère multipolaire, pouvons-nous discuter et nous engager dans un système où la souveraineté est respectée et où l'on met davantage l'accent sur la flexibilité des pays individuels ainsi que sur l'inclusion dans le processus décisionnel ?
Cultivant les principales contributions de l'année dernière, le Forum de Doha réunira cette année un groupe distingué de dirigeants, de penseurs et de décideurs politiques pour s'attaquer aux questions susmentionnées et repenser une gouvernance mondiale qui répond à nos besoins et priorités collectifs."
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Au plan economique il n´y a pas de changement. l´economie est toujours entre les mains de la region occidentale, l´immigration s´oriente toujours vers la même direction occidentale. Je ne crois pas qu´il y aura un changement sr le plan economique, l L´Occidednt domine toujours la scène economique. La multipolarité touche au relation des pays entre eux. Les interventions militaires, a été montré depuis la fin de deuxième guerre mondiale que la guerre est la mieux partagée au monde, tout le monde sait faire la guerre. L´egalité dans le savoir faire militaire rend la querre inutile. La Technologie militaire a d´ ´autres moyens d´intervenir mais non´l´intervention directe. Donc on aura un système multipolaire variable. L´Economie dominée par l´occident mais le risque de guerre devient secondaire. Simultanement on ne devrait pas penser au progrès comme avant, l´Idee de progrès si elle existe, elle se produit dans la technologie, non pas dans les société. le progrès dans ce domaine est devenu local, privé et non Universel. Il faut se rappeler qu´on enseigne plus l´histoire en general, mais seulement l´histoire locale. Les gens ne se connaissent pas. J´ai eu une discusion dernièrement avec une infirmière danoise,elle m´a dit qu´elle ne sait rien sur les arabes, en son temps on enseigne pas l´histoire. C´est inquiétant.