Boujemaa Remili: Economie avec très haut risque d’explosion, a la recherche d’un « démineur de 1er ordre » !
Par Boujemaa Remili - L’économie tunisienne est assise sur une bombe financière. Au cœur de l’engin explosif se trouvent les finances de l’Etat. Mais le montage du dispositif est des plus vicieux. L’explosif central est organiquement connecté à une chaine périphérique de déflagrateurs, faits de « caisses sociales », au cœur du réglage du mécanisme de l’équilibre social, et d’entreprises publiques d’énergie, de transport, des mines et de la chimie lourde, au cœur du moteur économique. Le reste du tissu économique, par le biais des commandes publiques bloquées ou de ses factures impayées, y est également connecté. Le caractère diabolique de la bombe financière ne s’arrête pas là. Toute tentative de désamorçage de la part de l’Etat est contrecarrée par deux types de blocage automatique. Si l’Etat s’adresse au système de crédit intérieur cela provoque de l’assèchement financier pour le reste de l’économie. Alors que dans le cas de sortie sur le marché international, l’Etat se heurte à la mauvaise image de marque d’emprunteur risqué, obligé à surpayer des primes de risques. Les différents câblages de l’explosif financier ne se sont pas autogénérés.
Certes, à l’origine il y avait un déréglage objectif, provoqué par les évènements de l’Après-14-Janvier. Mais l’Avant-14-Janvier tenait sur un équilibre extrêmement précaire, avec deux caractéristiques très spéciales. Primo cet équilibre, tout ce qu’il y a de plus vulnérable, ne pouvait tenir que par l’autoritarisme, qui se permettait ainsi de faire tenir par les rafistolages les plus biscornus. Secundo, il ne fallait surtout pas que cela s’engage dans une période pas très stabilisée, au risque de tout faire détraquer. Ce qui arriva immédiatement à la suite des « évènements ». Mais le pire était ailleurs.
C’était dans la manière de se saisir du désamorçage de la bombe financière. En effet les experts du FMI et les nouveaux pouvoirs du Post-14-Janvier n’avaient pas trouvé mieux que corser l’affaire davantage, en laissant coulerla valeur du dinar pour soi-disant donner un coup de fouet aux exportations, qui n’attendraient ainsi d’après ces chers docteurs que la baisse du dinar pour rebondir (!), et en relevant trop fortement et brutalement le taux directeur de la banque centrale, pour soi-disant maitrise l’inflation, dont les causes se situaient loin ailleurs, avec un effet catastrophique sur des secteurs aussi vitaux à plus d’un titre que le bâtiment. Le bouquet final se trouve au niveau de l’atmosphère politique générale, qui offre un beau liquide ambiant d’explosivité à l’ensemble de l’engin financier déréglé, qui peut ainsi baigner dans un environnement hyper favorable au déclenchement d’étincelles et leur propagation à une vitesse impossible à contrôler.
Le démineur recherché aura d’abord à disposer du schéma réel du dispositif financier en état de pré-déflagration générale. Il s’agirait en effet d’acter de façon à ce que chaque geste de désamorçage accompli permet de couper avec un composant dysfonctionnant sans provoquer de réaction redoutable au niveau du cœur du système.
La première mesure dans ce sens concernerait à neutraliser le milieu politique ambiant afin d’en réduire la conductibilité aggravante en matière d’explosivité. Cette disposition, de loin la plus redoutable en termes d’effets dans un sens ou dans un autre, commencerait par la reconnaissance collective de l’inopérabilité du politique, actuellement transformé en bourbier de production exclusive de nuisance. Il s’agirait pour cela de négocier un « répit politique pour réparation économique », d’une durée d’une année.
Le premier corollaire à cette disposition se trouve dans l’affirmation de l’autorité de l’Etat légal et démocratique, en mettant à toutes les formes de contestation dont l’objectif clair est de frapper au niveau du cœur l’économie nationale et l’autorité de l’Etat.
Le deuxième corollaire est d’engager un processus sérieux de développement équitable des régions mais qui veillerait surtout à ne pas donner de prime au banditisme.
La question de la valeur du dinar, du taux directeur de la banque centrale, du contrôle de la douane et des circuits de distribution et de la discipline fiscale font également partie des opérations préliminaires et obligatoires du déminage.
La suite du déminage est une fort délicate opération de déconnexion progressive et contrôlée entre l’engin central et les dispositifs périphériques, dans le but d’établir denouveaux genres de connexions bénéfiques, du genre de ceux qui relient les composantes de tout modèle complexe d’une économie moderne à objectifs multiples : d’efficacité économique, d’équité sociale et de résilience systémique.
Boujemaa Remili
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une profonde analyse qui a bien touché la realit economique du pays. mais est ce que les responsables économiques actuels ont vraiment la capacite de redresser la barre. Restons opitimistes! Ce qui est intéressant aujourd’hui dans une certaine mesure est qu’une bonne partie des capitaux sont disponibles pour d’éventuels investissements mais ne sont pas pour n’importe quelle finalité. Ils sont destinés pour les projets sérieux et rentables, surtout à moyen terme. La rentabilité des investissements à long termes à d’autres conditions, plus difficiles qui dépend d’autres facteurs. Le manque de projets sérieux et rentables dans les pays en développement était l’une des causes principales de la stagnation de leur situation actuelle, ce qui a engendré de graves problèmes sociaux surtout en ce qui concerne le maintien et la création d’emplois. En revanche, la vie devrait être rude pour la Tunisie qui a besoin continuellement d'emprunter. Les primes de risque, sur les marchés obligataires émergents ont triplé. Pour la Tunisie avec des notations "pourries", il sera difficile de se financer, et ce à n'importe quel prix. De plus, les Bourses émergentes ont encore plus reculé que celles des pays riches, ce qui fait que les acheteurs étrangers de nouvelles actions sont presque entièrement disparus. La Tunisie avec de larges déficits de ses comptes courants est particulièrement vulnérable, même si la dette extérieure reste modérée comme certains le prétendent. Jusqu'à maintenant le pays avait bénéficié d'important flux de capitaux étrangers, ce qui l’avait permis de maintenir à flot ,dont le déficit commercial atteint et son PIB ont viré nettement au rouge. Mais de tels écarts ont créé des économies sérieusement détraquées. Elles doivent désormais trouver un meilleur équilibre. Selon les données disponibles la Tunisie est devant une situation désastreuse voire pour certains spécialistes sans issue.
Très intéressant. Si Boujemaa, le problème est d'identifier un chef de Gouvernement ,au fait des problèmes économiques,de la situation sociale dans le pays, du contexte politique national et international, qui connaisse les rouages de l'Administration,indépendant financièrement, ambitieux pour parvenir à assainir les finances publiques, stimuler l'épargne des entreprises et celle des ménages, limiter les importations à l'essentiel de nos besoins d'investissement et de consommation, avoir ''une équation personnellement au niveau international, bon coordinateur ,ayant une volonté affirmée et un courage politique lui permettant de prendre des décisions audacieuses le moment voulu cela, dans un contexte de sécurite et de démocratie participative et libérale. Merci Si Boujemaa, cher ami