Mechichi s’engage devant l’ARP pour de l’audace, de l’innovation et de l’efficience immédiate (Album photos)
A-t-il convaincu ? Trop tôt pour le savoir, seul le vote en fin de séance nous le dira. Ce qui est certain, c’est que pendant 25 minutes, Hichem Mechichi a été écouté avec attention par les élus de la Nation, sous la coupole du Bardo. Présentant les grandes lignes de son programme de gouvernement, avant d’introduire les 25 ministres et 3 secrétaires d’État de son équipe serrée à 28 membres, le candidat à la Kasbah a savamment dosé son discours.
Ce sont ses propos de clôture, qu’il a essayé de graver le plus dans les mémoires. Hichem Mechichi propose aux élus de la Nation un pacte de confiance, fondé sur un contrat d’objectif scellé avec chaque membre du gouvernement, sur la base d’une lettre de mission très précise. "J'y apporterai des correctifs, si nécessaire, dans la légalité et le respect de la constitution." Décryptage: pas de titulaires à vie dans mon équipe, je n'hésiterai pas à limoger et nommer de nouveaux ministres et secrétaires d'Etat.
Il y ajoute son engagement personnel pour œuvrer en franche collaboration et totale synergie avec les députés et toutes les forces politiques, économiques et sociale.
Au passage, Mechichi glissera une autre phrase-clef : « Nous devons trouver une forme consensuelle pour partager ensemble les charges »… Traduire: des décisions douloureuses à assumer par tous…
Ni lyrisme, ni populisme
Sans doute ce qui dissipera leurs inquiétudes. "Guère hautins, nous serons ravis d’accueillir tout conseil et gardons nos portes ouvertes pour tous. Nous sommes tous les enfants d’une seule et même patrie. Nos divergences doivent nous rassembler et non nous diviser. Une partie, que je n’en ai aucune autre et qui, elle aussi, n’a d’autres que tous ses enfants. »
Sans verser dans un lyrisme désuet, ni céder à un populisme qui ne lui ressemble pas, Hichem Mechichi a révélé des traits de caractère peu connu de sa personnalité. Amaigri, par ses six mois à la tête du ministère de l’intérieur et un mois d’intenses concertations pour former son gouvernement, mais ayant pris du poids politique, sous les épreuves successives et les attaques subies, il a maintenu une voix posée et un débit régulier.
Une grande faiblesse à tenir les engagements pris
Sur les 25 minutes de son discours, Hichem Mechichi en a consacré pas moins d’un quart d’heure, pour rappeler un diagnostic fort alarmant. « Ce n’est guère pour en imputer la responsabilité à une partie ou une autre, prévient-il, mais pour en tirer enseignement, avec courage et détermination et aussi pour urger la mise en œuvre des solutions appropriée.
Le ton est donné. « C’est le troisième gouvernement qui se présente devant le parlement depuis les dernières législatives de 2019, solliciter l’aval de l’ARP », rappelle Mechichi. Et de souligner la grande déception des Tunisiens, dix ans après 2011, le désenchantement national propageant abattement et perte de repères et de confiance. Qu’il s’agisse de surendettement public extérieur (80 milliards de dinars, 15 milliards cette année), de l’érosion de la consommation des produits alimentaires essentiels, ou encore de l’investissement, sans omettre l’accroissement du chômage, tous les clignotants sont au rouge.
Compétence, harmonie et détermination
Hichem Mechichi en auditeur des services publics, de formation et de pratique, attribue cette situation très difficile à la faiblesse de la capacité d’honorer les engagements pris par l’État. Il y ajoute l’instabilité politique et le grippage des moteurs de croissance.
Ce qu’il convient selon le candidat à la Kasbah, c’est de l’audace dans l’interprétation des données, l’innovation dans la conception des stratégies, et de l’efficience dans la mise en œuvre des solutions préconisées. Pour Mechichi, cela exige l’investiture d’une équipe gouvernementale compétente, harmonieuse, déterminée et surtout, immédiatement opérationnelle.
En dix minutes, le chef de gouvernement nominé annonce clairement les grandes lignes de son programme, forgé autour de l’action et de la concrétisation. Sa démarche est conçue en deux voies concomitantes, devant converger. D’abord, arrêter l’hémorragie des finances publiques, en maitrisant les dépenses publiques, la mobilisation de nouvelles ressources en partenariat avec des bailleurs de fonds, et la réactivation de tous les leviers à même de soutenir les entreprises sinistrées et de relancer l’économie.
Tout est urgent, mais des priorités s’imposent
Cinq grandes voies de réformes urgentes sont annoncées par Mechichi. Elles concernent :
Le secteur public : modernisation, digitalisation et télétravail dans l’Administration, réhabilitation des entreprises publiques à travers une recapitalisation, une gouvernance appropriée et un processus de transmission
La restauration de la confiance pour impulser l’investissement : d’abord régler à temps tous les arriérés dus par l’État vis-à-vis de ses fournisseurs, au plus tard à fin 2021, et développer le partenariat public-privé
La réhabilitation et la maintenance des infrastructures de base : routes, autoroutes, ports, etc.
La préservation du pouvoir d’achat par un meilleur ciblage de la compensation consentie par le budget de l’État
Une plus grande attention aux populations fragilisées.
L’applaudimètre se déclenche à l’introduction des membres du gouvernement. Walid Zidi (Culture) est vivement salué.
Puis commence le long marathon – supplice des interventions des députés…
Verdict, en fin de soirée/ Pronostic: de très fortes chances...
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