Carthage – La Kasbah : l’affrontement périlleux à désarmer d’urgence
A qui cela peut-il profiter? Personne n'en sortira indemne, encore moins gagnant! Autorité de l’Etat entamée, exécutif affaibli, gouvernement déstabilisé, partenaires étrangers de la Tunisie, désarçonnés... Gouverner par l’admonestation publique, voire l’humiliation, ne conduit que vers la dérive. En pleines déconfitures économiques et financières, pandémie sanitaire, délitement de la classe politique, souffler sur la braise et aviver les flammes risquent de tout emporter. Ajouter à tant de dangers, tensions et discorde, c’est ouvrir la voie à l’aventure, nécessairement redoutable.
Seuls les populistes, les inconscients, les exaltés, l’applaudissent. Les plus sages appellent à la raison.
Ni blâmer, ni dénoncer, ni condamner. Restons dans le respect républicain de nos institutions et du verdict des urnes. Alertons ! Interpellons la sagesse et l’intelligence. Exigeons un déminage immédiat du terrain politique.
S’armer de patience et travailler
En pleine conscience de la fonction qu’il incarne, le chef de l’Etat est sans doute conscient des risques périlleux qu’engendrera inéluctablement toute rupture de confiance avec le gouvernement. Le chef du gouvernement, de son côté, ne peut que s’armer de patience, et s’atteler aux cruciales urgences nationales. Sans prêter la moindre attention aux « critiques » des uns et au parasitage des autres, il lui appartient de mobiliser toute l’attention des membres de son gouvernement sur la ligne de mire fixée.
Désinvestissement, faillites et licenciements
Qui prêtera un seul dollar ou euro à la Tunisie ? Qui y investira ? Qui, en Tunisie, s’échinera à maintenir ses salariés et créer de nouveaux emplois ? Quelle est l’entreprise qui sera capable de résister encore à la crise, aux répercussions du Covid-19, et aux incertitudes totalement imprévisibles et certainement porteuses de pertes, de faillites et de licenciements. Chancelleries et bailleurs de fonds perdent le Nord.
Neuf gouvernements et 317 ministres et secrétaires d’Etat depuis 2011
La Tunisie ne peut se permettre aujourd’hui, la moindre démobilisation ou dispersion de ses rangs. Depuis 2011, neuf gouvernements se sont succédé à une moyenne d’une année d’exercice, totalisant 317 ministres et secrétaires d’Etat (262 ministres, 99 secrétaires d’État) et 8 remaniements ministériels. Depuis le décès du président Béji Caïd Essebsi, le 25 juillet 2019, l’Administration s’est mise à l’arrêt, en attendant les élections, législatives et présidentielles, puis l’avènement d’un nouveau gouvernement. Alors que Chahed est chargé d’expédier les affaires courantes, celui escompté de Jemli, formé en janvier 2020, sera avorté. Son successeur, Fakhfakh, investi le 29 février, sera poussé à la démission le 15 juillet, se convertissant en gérant des affaires courantes. Mechichi ne bouclera son équipe que fin août et n’entrera en fonction que le 3 septembre courant.
Torpillage
Le torpillage avait déjà commencé sur Dar Dhiafa, en août dernier, lors des consultations pour la composition du gouvernement.
Trois semaines seulement qu’il est à la Kasbah, et voilà Mechichi sur la sellette, rappelé à l’ordre... voire plus sur un registre inacceptable. Le gouvernement a besoin de travailler. Dans la sérénité, la concorde et le soutien. Le pays en a grandement besoin. Tout affrontement doit être désamorcé. D’urgence.
Taoufik Habaieb
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Article pondéré au point d'inviter l'inexpérimenté chef du gouvernement Méchichi à ne pas prêter la moindre attention aux "critiques". Quelle bévue monumentale commise après la correction que lui a infligée le chef de l'Etat en personne en ce qui concerne le cadeau royal de plus de...5.000 dinars offert à nos...24 gouverneurs...alors que des miettes ont été parcimonieusement consenties aux centaines de milliers de travailleurs du pays après insistance soutenue de l'UGTT. Pire encore, le chef du gouvernement s'est entouré des sbires de Ben Ali qui ont spolié le peuple et qui sont encore poursuivis par la justice, a martelé le chef de l'Etat !
Qui est contre la compétition pour le pouvoir en TUNISIE ? La compétition juste ,démocratique sans feu ou sans agression n'existe pas .