Nouvelles mesures de demi confinement anti-Covid-19 : Est-ce suffisant ? Et quid de l'impact économique?
Ni mettre la Tunisie sous cloche, ni mettre les vies humaines en danger : le gouvernement Mechichi cherche la bonne équation. Avec beaucoup de prudence. Dans un nouveau tour de vis, il a décidé mercredi tard dans la soirée, une série de nouvelles mesures pour retarder la propagation du virus, sans pour autant décider du soutien nécessaire aux commerces et autres entreprises.
Deux semaines, jusqu’au 15 novembre seront marquées par notamment la suspension des cours, l’interdiction de la mobilité entre les gouvernorats, la suspension de la fréquentation des lieux de culte (toutes les confessions), la fermeture des cafés et restaurants à 16H, l’allongement des horaires du couvre-feu, l’interdiction des cérémonies privées et publiques et des rassemblements de plus de 4 personnes dans les lieux publics. Cette dernière mesure suppose qu’on ne peut s’attabler dans un café ou un restaurant à plus de quatre personnes ensemble.
Avant de s’y est décidé, Hichem Mechichi avait consulté la Commission scientifique, et sollicité l’avis de ses ministres en charge de la santé, de l’économie, de l’éducation, des universités et des affaires sociales, précise un communiqué de la Kasbah. Quant aux représentants des artisans, commerçants, petits métiers, professions libérales et entreprises, pourtant très concernés et fortement pénalisés, ils n’ont pas eu droit au chapitre, encore moins à des mesures urgentes de soutien. Perte de revenus, perte d’emplois, aggravation des déficits, alourdissement des charges et des dettes : qui contribuera à la prise en charge de toutes ces graves pénalités ? L’État est aux abonnés absents.
La santé est la priorité absolue, le revenu n’en est pas moindre. Hichem Mechichi n’a pas l’excuse de l’ignorer : longtemps chef de cabinet du ministre de la Santé, puis ministre de l’Intérieur, avant d’accéder à la Kasbah, il connaît parfaitement la réalité du terrain.
Plus de fermeté et de vigueur
Fallait-il y aller avec beaucoup de prudence, quitter à ne pas escompter tous les objectifs, pourtant, vitaux ? Ou plutôt, prendre son courage à deux mains et trancher dans le vif, en décidant un confinement généralisé, mais assoupli pour les cas d’exception ? Évidemment, cela suppose une bonne évaluation de l’impact économique et financier et la compensation des pertes générées. Cet aspect financier est sans doute lourd et pas facile à prendre en charge, en ces temps de dérive accélérée des finances publiques. Plus de vigueur et de fermeté sont de rigueur.
Il est clair, que nous continuerons à avancer, en Tunisie et partout ailleurs, en Stop & Go, avec une série de mises sous cloche successives. L’essentiel, est d’avoir une bonne stratégie et les moyens de son déploiement. Application stricte des mesures et mobilisation des financements, tant pour la santé que pour l’activité économique. On ne surmontera pas cette pandémie ravageuse en hésitant.
Des mesures en demi-teinte
Puisant dans le vaste registre des actions préventives possibles, le chef du gouvernement a décidé notamment :
- Le renforcement par les gouverneurs du couvre-feu de 20H à 5H en semaine et le devancer d’une heure les samedis et dimanches,
- L’interdiction des déplacements inter-régions, sauf cas de nécessité absolue, et pour les étudiants,
- La fermeture des cafés et restaurants à partir de 16 H, avec obligation de limiter la capacité d’accueil à 30% dans les espaces clos et 50% dans les espaces ouverts,
- La suspension des cours pour le primaire et secondaire jusqu’au 8 novembre, et les cours présentiels universitaires, avec désinfection des établissements, sans la fermeture des foyers universitaires,
- L’interdiction de toutes les manifestations et cérémonies publiques et privées, jusqu’au 15 novembre,
- L’interdiction de tous les rassemblements de plus de 4 personnes dans les lieux publics, sauf dans les moyens de transport,
- La suspension de la fréquentation des lieux de culte, jusqu’au 15 novembre,
- La poursuite des horaires administratifs aménagés,
- La suspension à titre exceptionnel des procédures d’achats publics pour les fournitures indispensables à la lutte contre le Covid-19, et soumission de leur gestion à une commission ad-hoc, présidée par le ministre de la Défense nationale.
Deux semaines, est-ce suffisant?
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