Les clarifications que l’Europe souhaite recevoir de la Tunisie
« Nous attendons de la Tunisie qu’elle nous explique sa vision et nous indique ce qu’elle attend, concrètement, de nous. » En une seule phrase résume un diplomate européen à Tunis l’attente commune exprimée par les 27 pays membres de l’Union européenne et la Commission. « Nous sommes attachés à la prospérité de la Tunisie, et nous engageons nos entreprises à y investir, poursuit-il, mais nous cherchons à comprendre la trajectoire générale et aussi nous assurer des protections et garanties nécessaires à nos entreprises. »
Le déjeuner-débat offert jeudi dernier par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, aux ambassadeurs européens a été hautement apprécié. C’est le premier du genre depuis de longues années, en format 27+Union européenne. Les prédécesseurs de Mechichi à la Kasbah, Youssef Chahed et l’éphémère Elyès Fakhfakh avaient réunis les ambassadeurs du G7 et du G7+, mais jamais ensemble les Européens. D’où l’importance du dialogue récemment amorcé. Sur la même lancée, Mechichi recevra bientôt à déjeuner les ambassadeurs des pays du G7, apprend Leaders.
La trajectoire que les diplomates européens cherchent à explorer, porte sur l’immédiat, comme le moyen terme. L’Europe s’interroge sur les relations de la Tunisie avec le FMI. Le dialogue sera-t-il bientôt repris ? Dans quelles conditions et sous quelles formes ? Tunis a bien précisé qu’en fait ce dialogue a marqué une pause, non du fait du gouvernement, et que tout récemment une mission du Fond vient de se rendre en Tunisie. Sans ajouter plus de détails. La visite de Mechichi, cette semaine, à Paris et Rome, aborde sans doute cette question. Dans une interview à France 24, il a confirmé la reprise des discussions avec le FMI.
La vision globale de la Tunisie qui intéresse l’Europe concerne le commerce, l’Aleca, mais aussi les droits de l’homme et de la femme, l’ancrage de la démocratie et de l’État séculier… Le géostratégique est porté par la relation avec l’Europe, quitte à forger un nouveau cadre plus performant et mieux approprié au contexte post-Covid-19. L’économique concerne le déblocage des projets adoptés, une meilleure consommation des financements consentis, le règlement des impayés auprès de fournisseurs et la levée des barrières qui entravent l’entrée en Tunisie de nombreux produits. L’avancée de la Tunisie en matière de droits et libertés et l’ancrage de la démocratie intéresse de près l’Europe.
Du côté tunisien, on insiste sur l’engagement européen déterminé de la Tunisie qui s’emploie à l’adosser à une doxa innovante et lui donner de nouvelles dimensions. Le registre des discussions s’étend, outre un soutien politique et économique massif, à la science et technologie, l’éducation, la formation des qualifications professionnelles, la culture, la migration circulaire et l’action sociale et environnementale. Du quantitatifs en financements et du qualitatif en programmes immédiats et d’avenir.
Après Paris et Rome, cette semaine, une visite à Bruxelles, début de l'année prochaine, figure sans doute sur l'agenda du chef du gouvernement, Hichem Mechichi. Dialoguer, clarifier en profondeur et éclairer les partenaires occidentaux quant au projet d’ensemble dissipera tant de zones d’ombre et intensifieront la coopération bilatérale et multilatérale. La Tunisie y gagne. Ses partenaires aussi.
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