Le Medef devant Mechichi : Le meilleur moyen de soutenir la démocratie tunisienne, c’est d’y investir
Même en présence, ou surtout à cause, d’un chef de gouvernement de ses ministres, une rencontre entre dirigeants économiques de deux pays est un moment de grande vérité. Là on parle cash, d’affaires, de blocages, de déblocages, d’opportunités… La réunion, lundi soir au siège du MEDEF à Paris, n’y a pas dérogé. La délégation de l’UTICA, conduite par Samir Majoul l’avait bien préparée. Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi et son ministre de l’Économie, des Finances et de l’Appui à l’Investissement, y avaient accordé toute l’importance requise.
Pas facile de mobiliser le MEDEF, son président Geoffroy Roux de Bézieux, ses coéquipiers et les représentants d’une quinzaine de grandes entreprises françaises, en cette fin d’année, fin de journée, et sous confinement. Ils étaient pourtant tous présents. A 19 heures précises, le président du MEDEF était à l’accueil de ses hôtes, poignée de main rapide devant les médias avant de s’engouffrer avec le chef du gouvernement pour un tête-à-tête. Au 8ème étage de ce siège prestigieux, dans la grande salle, distanciation respectée et fenêtre ouverte, devait ensuite commencer une séance de travail prometteuse.
Ali Kooli est arrivé haletant de Bercy où il avait rencontré son homologue Bruno Le Maire. « Un premier contact intéressant », confiera-t-il à Leaders. « Le tour d’horizon auquel nous avons procédé était empreint de franchise et d’attention réciproques. Nous poursuivrons ces échanges utiles et fructueux », ajoutera-t-il. Fatigué par une journée marathon, après un week end d’entretiens marathons au siège de l’ambassade et de longues semaines de plaidoyer au Bardo pour défendre la loi de finance, le ministre s’efforçait de garder son esprit vif et de dérouler un argumentaire persuasif.
Les allocutions introductives de Mechichi et de Roux de Bézieux, ont planté un cadre propice à des échanges constructifs. Majoul y a ajouté sa note. Kooli commencera par rappeler le statut privilégié de la France, premier investisseur étranger de la Tunisie, soulignant que son pays a toujours honoré sa signature. Il embrayera sur le grand défi qui se pose à l’industrie française : réussir sa relocalisation. Un arbitrage est cependant à faire entre le coût et l’indépendance de la décision et de l’approvisionnement. La solution est nette : la Tunisie. Ses atouts ne sont pas uniquement et nécessairement fiscaux, mais bien d’autres : la langue, la qualification des travailleurs et la démocratie qui se construit.
Hichem Elloumi, Hammadi Kooli, Taieb Ketari, Naceur Jeljli, Khaled Sellami, ainsi que Mourad Meddeb, Adel Nakti et Zohra Majoul, opinaient d’approbation. L’ambassadeur de Tunisie, Karim Jamoussi, aussi. Fabrice Le Saché, porte-parole, vice-président du MEDEF, président fondateur d’Aéra Group y apportera la profession de foi du patronat français. « Le meilleur moyen de soutenir la démocratie tunisienne, c’est d’y investir. La meilleure façon de renforcer la francophonie, c’est de commercer. » Tout y est dit. Le débat avec les entreprises françaises sera intense et fructueux. En coulisses, Donia Kaouèche, l'efficacité doiscrète, s’en abreuvait.
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