Tunisie: La politique de deux poids deux mesures
Moult fois interrogé sur la façon dont le gouvernement réagira aux organisateurs des sit ins, qui ferment les vannes de pétrole ou empêchent les ouvriers de la compagnie de phosphate de travailler, le chef du gouvernement a toujours répondu de manière lapidaire :" nous allons appliquer la loi". Mais le gouvernement a-t-il vraiment appliqué cette règle dans tous les cas et plus précisément a-til recouru à l’usage de la force pour mater les perturbateurs de l’ordre public ? La réponse est malheureusement non ou au moins pas toujours.
Contre les nombreux sitinneurs de Gafsa le gouvernement n’a presque rien fait pour arrêter l’hémorragie qui a coûté très très cher à l’économie tunisienne et la compagnie Sfax-Gafsa est aujourd’hui au bord de la faillite, n-arrivant pas à payer les salaires de ses ouvriers. La Tunisie qui était l’un des plus grands exportateurs mondiaux de phosphate fut obligée d’importer des quantités de ce produit pour répondre aux besoins du complexe chimique de Gabes et naturellement nous avons perdu presque tous les marchés étrangers. Et même s’il y a reprise dede la production de phosphates comme cela parait être le cas il sera très difficile de récupérer les marchés perdus.
Au Kamour la situation était également catastrophique. Impuissant, le gouvernement n’a rien pu faire non plus pour empêcher la fermeture des vannes de pétrole par des malfrats qui n'avaient aucun sens civique. Certes, la responsabilité incombait au gouvernement précédent qui avait signé avec les insurgés des accords qu’il savait impossibles à appliquer. Afin de trouver une solution à ce différend, le gouvernement de Mechichi dépêcha sur place une délégation gouvernementale pour engager des négociations avec ce qu’on a appelé comité de coordination qui n’avait aucun caractère légal.
Au bout de plusieurs semaines de dures négociations les deux parties semblent être arrivées à un accord bancal qui risque d'un moment à l'autre de s'écrouler.
Quid maintenant des autres sit ins pacifiques qui ont été organisés par des organisations ou groupuscules qui ne constituent aucun danger pour le pays et son économie. Nous allons nous limiter à deux cas.
Le premier cas concerne la réaction outrancièrement brutale contre le sit in entrepris par le PDL bien que légal puisqu’il a été autorisé par les autorités, organisé devant le siège de l’association des ulémas musulmans dont la présence en Tunisie est illicite, selon la constitution de 2014 mais qui est malheureusement parrainée par Ennahdha
Le duxième est relatif à la répression brutale du sit in organisé par des docteurs et des chercheurs qui constituent une partie importante de l’élite tunisienne qui pense de plus en plus à l’exode vers d’autres cieux et dont les protestations n’impliquent aucun danger pour la Tunisie.
Quelle honte ? Est-ce cela la démocratie ?
Abdelkader Maalej
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