Give Tunisia a Chance: Donnez une chance à la Tunisie
Par Habib Fekih - A la fin des années 60, alors que les jeunesses du monde entier manifestaient, partout, contre la guerre du Vietnam qui tournait au désastre, John Lennon, l’un des quatre Beatles, sortait sa chanson < Give peace a chance > pour demander la paix au Vietnam. Cette chanson devint l’hymne des marches pacifiques, à travers le monde; et eut un succès planétaire. Les paroles étaient simples et assez répétitives “ tout ce que nous disons est : "donnez une chance à la paix”.
La paix a eu lieu, quelques années après; et cette chanson fut diffusée aussi bien au Vietnam qu’aux États Unis, pour célébrer la paix.
Transposons cette chanson à notre chère patrie. Dans un moment aussi critique et déterminant pour notre avenir, beaucoup de choses sont dites et certaines ne sont pas utiles ou constructives.
Au peuple de crier, à l’unisson, en arabe, en français et même en anglais, à l’adresse des sceptiques, des critiques et du monde entier «all we are saying is give Tunisia a chance» (tout ce que nous disons est donner une chance à la Tunisie).
La Tunisie, qui a vécu une décennie paradoxale et chaotique( elle a donné l’exemple, aux autres nations, en instaurant la démocraties, les libertés fondamentales et les droits humains, après une longue période de régimes répressifs, mais elle a sombré dans des crises aiguës et multiformes, résultats d’une gouvernance désastreuse), a vécu un sursaut populaire déterminant, le 25 Juillet 2021.
Ce mouvement populaire est le résultat des frustrations et du ras le bol généralisé, causé par l’épidémie du Covid19 qui a commencé à décimer la population et par toutes les autres crises politique, économique, sociale, financière, morale…., qui se sont accumulés, depuis une décennie.
Le pays est devenu un bateau ivre, sans équipage, au milieu d’une zone de très forte tempête.
Il fallait réagir impérativement. Ce n’était pas un choix. C’était un devoir.
Il n’y avait qu’une seule personne ayant la possibilité de prendre les décisions qui s’imposaient, c’était le président de la république.
Il a la légitimité populaire et la légitimité constitutionnelle.
En l’absence de Cours constitutionnelle sabordée bar des calculs étriquées de la classe politique au pouvoir, il est le seul à pouvoir arrêter le massacre et assurer la continuité de l’état. C’est ce qu’il a fait.
Certains puristes parlent de l’existence de certaines transgressions, mais la plupart des consolidations démocratiques à travers le monde ont eu lieu, grâce à des transgressions, quand le système constitutionnel est bloqué (France en 45 et en 58, la réunification allemande, le premier gouvernement post communiste de Pologne et les exemples ne manquent pas.
Rappelez-vous la réponse de De Gaulle «Pourquoi voulez-vous qu'à mon âge, je commence une carrière de dictateur", quand l’opposition l’avait accusé de manœuvres inconstitutionnelle pour instaurer une dictature. La suite des événements a démontré que la France a bien consolidé sa démocratie, tout en se protègent contre le système politique délétère de la quatrième république.
La transgression n’est donc néfaste que si elle aboutit à un régime dictatorial et/ou rend la vie politique plus compliquée et pire qu’avant, d’où l’importance des étapes qui suivent les actions de correction, avec ou sans transgression.
Le président de la république semble avoir assumé le devoir de correction et surtout celui de sauvetage, avec l’assentiment du peuple. Il est donc temps de démarrer les vraies opérations de sauvetage et de réforme du pays.
C’est maintenant qu’il faut faire les bons choix, des programmes d’action et des équipes qui vont accomplir les actions et réfléchir à l’avenir du pays.
C’est pour cette raison qu’il faudrait considérer deux voies parallèles:
1- le plan de sauvetage urgent (d’ici la fin de cette année, pour les problèmes vitaux, d’ici la fin de juin 2022, pour les problèmes critiques; et d’ici la fin de 2022 pour les problèmes sérieux).
2- le programme de réformes (politique, économique, financière, sociale, etc.)
Tout ceci dans le cadre d’une plateforme de gouvernance provisoire, garante des acquis démocratiques, des libertés individuelles et collectives et assurant une lutte sans merci contre la corruption, la contrebande, la spéculation, la criminalité et le terrorisme.
Ceci nécessite une feuille de route claire et transparente, avec des repères temporels et des objectifs bien définis.
Plusieurs organisations nationales, experts et personnalités actives de la société civile ont écrit à maintes reprises, soit pour traduire les demandes du peuple, soit pour proposer des solutions, des programmes d’actions et des feuilles de route.
Le président a donc, entre les propositions de ses équipes et celles citées précédemment, assez de matière première pour sortir avec une vraie feuille de route.
J’ai personnellement et modestement, comme simple citoyen, écrit, à plusieurs reprises, pour demander le sauvetage du pays et du peuple et proposé des solutions et des programmes d’action. Afin d’assurer le succès de l’étape post 25 Juillet les éléments suivants devraient être pris en considération:
1- le choix des femmes et des hommes doit être fait sur des critères très stricts dont l’honnêteté, la compétence, le dévouement et la crédibilité nationale et internationale.
Bien sûr, il faut s’assurer de leur loyauté surtout envers la nation et l’Etat, mais un illustre inconnu peu compétent mais très loyal aux dirigeants, sans crédibilité nationale et surtout internationale, ne pourrait qu’échouer dans sa mission. Il ne faut pas oublier que le grand défi c’est de remettre la Tunisie, fortement et solidement, sur l’échiquier international et c’est le rôle de tout le monde.
2- avoir une équipe de sauvetage ou gouvernement de salut national, prête à démarrer à l’instant zéro. Il ne faut pas de temps mort, il y va de la vie et de l’avenir du peuple.
3- choisir une équipe de vrais experts (la Tunisie regorge d’experts auto proclamés) pour élaborer les différentes réformes nécessaires et ce dans des délais ne dépassant pas le mois de Juin 2022, pour les réformes les plus complexes.
Pour les réformes du régime politique et du mode de scrutin les délais ne doivent pas dépasser la fin de l’année.
4- appeler le peuple à se prononcer sur les réformes fondamentales par voie de référendum. Il faudrait revenir à la légitimité populaire, seule garante de la vraie démocratie.
5- organiser des élections législatives anticipées au courant de 2022.
Le gouvernement de salut national continuera sa mission, jusqu’à la fin de 2022.
Le parlement actuel est appelé à terminer sa mission, dans des délais et dans des conditions qui devraient faire l’objet de discussions entre le président et les partis politiques.
Notre hymne national dit. “ Si le peuple veut la vie, le destin s’y plie”
Pour cela il faut donner une chance à la Tunisie.
Habib Fekih
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Chapeau bas Monsieur Fki,analyse évaluation et protocole de sortie exceptionnel.NO COMMENT.bien vu.Merci
Je trouve que cet article est très logique pertinent et que les directives préconisées sppont envisageables et réalisables pour la Tunisie et qu'elles peuvent tout à fait constituer une feuille de route. N'avons-nous pas des personnalités compétentes honnêtes et patriotes ?