News - 19.12.2021

Le moment est-il venu pour «un mouvement des pays indignés» ?

Le moment est-il venu pour «un mouvement des pays indignés» ?

Par Mohamed Ibrahim Hsairi - Cette question n’est ni impromptue, ni fantaisiste. A mes yeux, elle mérite d’être posée, à la lumière, entre autres, de la malheureuse gestion de la pandémie de Covid-19, d’une part, et des résultats décevants de la récente Conférence des parties COP-26 à Glasgow, d’autre part.

Si à l’échelle nationale, on a vu, à partir de 2011, dans plusieurs pays du monde, naître «un mouvement des indignés» qui, inspirés, faut-il le rappeler, par les révolutions du Printemps arabe, se sont rassemblés pour réclamer une vie digne pour eux et pour l’ensemble de leurs concitoyens, il serait peut-être nécessaire, à l’échelle universelle, qu’un mouvement semblable qui pourrait s’appeler «le mouvement des pays indignés» voie le jour pour revendiquer l’avènement d’un monde meilleur, plus juste et plus solidaire et pour la refonte de la mondialisation sauvage qui n’a fait qu’accroître les inégalités et les déséquilibres.

S’agissant tout d’abord de la gestion de la pandémie de Covid-19, Il est clair que les pays du Nord continuent à se dérober à leur devoir de solidarité avec les pays du Sud où la crise économique provoquée par le coronavirus pourrait, selon certains analystes, précipiter plus d’un demi-milliard de personnes dans la pauvreté. Bien qu’ils sachent parfaitement que le fléau ne connaît ni les frontières entre les États, ni les différences entre les cultures, les religions, les races ou les langues, et que pour le maîtriser il est impératif de conjuguer les efforts de tous les pays du monde, ils continuent à tergiverser et à hésiter à mettre en œuvre un plan de sauvetage universel qui soit à la hauteur de la crise, et susceptible de la vaincre.

C’est ainsi qu’à un moment où l’on s’attendait à une remise en question de la mondialisation et une prise de conscience des ravages économiques et sociaux qu’elle ne cesse de causer aux  pays du Sud, la pandémie semble, paradoxalement, avoir exacerbé l’égoïsme et l’égocentrisme des pays  du Nord au lieu de les atténuer même un tant soit peu. Soucieux de préserver leurs privilèges, ces pays ne veulent pas entendre et comprendre qu’il devient de plus en plus nécessaire de reconfigurer le monde afin qu’il soit plus égalitaire et plus équitable.

La preuve en est, cette manière dont s’est déroulée la COP 26 à Glasgow et les décevants résultats auxquels elle a abouti au terme de deux semaines de difficiles négociations.

Bien que la responsabilité du changement climatique incombe, historiquement et essentiellement, aux pays industrialisés du Nord, ce sont les pays en développement du Sud qui en subissent les méfaits les plus désastreux. Et, comble de l’ironie, la COP 26 a été, selon nombre d’observateurs, une COP des pays du Nord et une COP qui a reflété les priorités des pays riches d’autant plus que les pays du Sud étaient ou bien absents ou bien faiblement représentés car il a été particulièrement ardu pour leurs délégués d’atteindre Glasgow.

Sans entrer dans les détails des résultats de cette conférence, il faut peut-être noter que les pays riches du Nord ont failli à leur devoir de solidarité et de justice. Outre qu’ils ont refusé de payer le prix de leur responsabilité historique du réchauffement climatique, ils n’ont pas tenu leur engagement envers les pays du Sud à qui ils ont promis d’épauler leurs efforts d’adaptation et d’atténuation.

A cet égard, il est à rappeler qu’en 2009, ils avaient promis aux pays du Sud de leur verser 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020 et ce jusqu’en 2025, soit un total de 500 milliards. Or, aujourd’hui ils sont loin du compte car l’argent mis sur la table en 2021 se monte à seulement 80 milliards environ. 

C’est ainsi que dans son évaluation de la COP 26, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé que «la volonté politique collective n’a pas été suffisante pour surmonter de profondes contradictions» entre les pays du Nord et les pays du Sud.

En somme, on pourrait déduire que le comportement des pays du Nord tant vis-à-vis de la pandémie de Covid-19 que vis-à-vis de la COP 26 semble donner raison au philosophe slovène Slavoj Žižek  qui a dit un jour: «Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme».

Toutefois, cela ne devrait pas décourager les pays du Sud ou les empêcher de mettre la pression, autant que possible, en vue d’ouvrir la voie à une gouvernance renouvelée du monde, qui tient compte de leurs revendications, respecte leur dignité et rassoit les relations internationales contemporaines et futures sur de nouvelles bases.

«Un mouvement des pays indignés» serait peut-être d’une grande utilité pour ce faire.

Mohamed Ibrahim Hsairi
 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Touhami Bennour - 19-12-2021 15:09

" Il est facile d´imaginer la fin du monde que la fin du kapitalisme". Et c´est vrai. c´ést pourquoi les réformes ne peuvent qu´être structurelle, le sud doit reduire le taux de natalité, étant donné que le nord a un deficit demographique, il trouve facilement comment resoudre le problème. Si on ouvre toutes les portes au sud tout le monde ne demande qu´émigrer au nord. l´argument incontestable du nord, en ce qui concerne le rechauffement climatique, l´Inde, par le nombre de ses habitants est autant responsable de ce rechauffement qu un pays du nord par l´ excedent demografique, á cela s´ajoute l´emigration du sud vers le nord des medecins et ingenieurs et autres infirmières.Il est question de faire des reformes tructurelles que de questions de dignité. En Tunisie on demande que cela, des reformes structurelles en comprenant bien la revolution qu´on a fait.

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