Le reporting Environnemental, Social et de Gouvernance (E.S.G): un levier de performance en Tunisie
Par Ziad Kadhi, Group Manager de Key Values - La Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) vient de publier son guide pour le reporting E.S.G. D’abord destiné aux entreprises côtées, ce guide se veut plus «impactant».
En effet, il permet de clarifier les avantages liés à la mise en œuvre d’un tel reporting dans toute entreprise, qu’elle soit cotée ou pas et clarifie tout le processus aboutissant à un reporting E.S.G.
Mais d’abord, qu’est ce qu’un reporting E.S.G ?
Il s’agit de compte-rendu, en général annuel, qui couvre les résultats de performance d’une entreprise et, de manière plus large, d’une organisation, sur les volets de l’Environnement, du Social et de la Gouvernance.
Un tel compte-rendu est appelé un bilan extra-financier. Il vient compléter le bilan financier que toute organisation est appelée à émettre annuellement.
Aujourd’hui, plus que jamais, la pérennité de l’entreprise ne dépend plus uniquement de ses performances économiques. Sa réputation, liée à son(ses) impact(s) négatif(s) sur la Société et surtout sur son voisinage et son écosystème, est devenue un critère de performance et parfois de survie.
De plus, on dissocie de moins en moins, les performances environnementales et sociales des performances économiques.
Ainsi, l’entreprise cherche à faire en sorte que ces impacts sur la société et sur l’écosystème soit perçus les plus positivement possible.
Quand une entreprise est tenue de reporter annuellement sur ses performances E.S.G, elle n’a pas le choix que de développer et déployer une stratégie de Responsabilité Sociétale (R.S.E), car les performances ne peuvent évoluer que si, est réalisée en amont, une planification des actions nécessaires à l’entreprise pour faire progresser ses indicateurs E.S.G.
Ainsi, R.S.E et reporting E.S.G sont indissociables.
Une entreprise ayant mis en place une stratégie R.S.E développe obligatoirement le dialogue avec les parties prenantes internes et externes envers lesquelles elle reconnait sa redevabilité.
Être redevable envers les parties prenantes suppose de rendre compte de ses activités et de ses décisions ayant des impacts négatifs sur elles. Ceci est favorisé par la surveillance d’indicateurs de performance mesurant les progressions et les impacts des initiatives mises en place par l’entreprise en faveur de ses parties prenantes et l’environnement.
En d’autres termes, si l’entreprise doit établir et communiquer un rapport sur ces performances E.S.G, elle est amenée, toute au long de son exercice, à réaliser des actions concrètes au profit de son personnel, de son voisinage, de ses prestataires, et d’une manière générale des parties prenantes stratégiques avec lesquelles elle interagit … et de mesurer l’impact de ces actions, afin de les rendre durable.
L’entreprise passe alors d’une compréhension restrictive de la R.S.E où celle-ci se limite à des actions philanthropiques ponctuelles à des actions et des initiatives plus structurées et plus durables, en relation avec l’impact de ses activités et de ses décisions, permettant ainsi d’accroître la valeur ajoutée et à termes les revenus, les emplois et l’employabilité.
La version actuelle du guide de la bourse de Tunis recense 32 indicateurs clés de performance déclinés en 19 indicateurs environnementaux, 17 indicateurs sociaux et 22 indicateurs de bonne gouvernance.
Le choix de ces indicateurs a reposé sur le résultat d’un processus de consultation et de concertation et une enquête et des entretiens avec les entreprises cotées, les bailleurs de fonds comme la banque mondiale, le CMF, la Direction Générale de la Gouvernance et de Prévention de la Corruption (Présidence du Gouvernement), la Direction Générale du Financement (Ministère de l’Économie, des Finances et de l’appui à l’investissement), la Banque Centrale de Tunisie, le Comité Général des Assurances, la Tunisian Investment Authority, la Caisse des Dépôts et Consignations, l’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers, l’Association des Intermédiaires en Bourse, l’Association Tunisienne des Investisseurs en Capital et la Fédération Tunisienne des Sociétés d’Assurance.
Il repose aussi sur une étude de benchmarking que nous avons conduite avec d’autres places boursières et prend en compte non seulement les évolutions des préoccupations internationales notamment le changement climatique et la problématique de la biodiversité mais aussi les enjeux nationaux de développement de l’innovation et de développement de l’économie sociale et solidaire.
Ainsi, les entreprises sont donc appelées à choisir les indicateurs les plus pertinents en relation avec ses activités, puis de progresser d’une année à une autre pour inclure de nouveaux indicateurs.
Suivre les recommandations de ce guide permettrait à termes aux entreprises d’utiliser les mêmes indicateurs de performance E.S.G et de ce fait de donner une plus grande visibilité aux lecteurs des rapports extra-financiers pour pouvoir comparer les performances d’une entreprise par rapport à celles des autres.
L’enjeu de la comparabilité devient donc un enjeu de différenciation. Les entreprises les plus engagées en matière de R.S.E sont celles qui vont savoir tirer profit de l’opportunité que donne un reporting E.S.G.
L’amélioration des résultats des indicateurs E.S.G permettra ainsi l’amélioration de la perception du rôle de l’entreprise dans la Société et fera changer le regard parfois entaché de doutes du tunisien envers les grandes entreprises.
Télécharger le guide pour le reporting E.S.G
Ziad Kadhi
Group Manager de Key Values
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