Moncef Charfeddine souffrant
Par Abdelkader Maalej - Notre grand ami et écrivain depuis 70 ans, Moncef Charfeddine est souffrant. Souhaitons-lui un prompt rétablissement.
Qui est Moncef Charfeddine et que peut-on dire de lui et de son œuvre ? Agé maintenant de 94 ans, il a été jusqu’ici un auteur prolifique et a eu une vie culturelle intense.
Originaire de Sousse et fils d’une famille modeste il a fait ses études primaires et secondaires à Sousse puis au collège Sadiki à Tunis. Ayant obtenu son baccalauréat, il fut désigné instituteur à Djerba. Mais très vite, il quitta l’enseignement pour aller continuer ses études à la Sorbonne où il obtint la licence es lettres arabes. A Paris il fit la connaissance de certains étudiants tunisiens devenus plus tard de hauts responsables au gouvernement tunisien à l’instar de Hamed Zegal, Hammadi Sahli, Mohamed Yalaoui et de bien autres. Revenu à Tunis, notre ami passa quelques années à l’enseignement à Sousse et ailleurs.
Depuis sa prime enfance, Moncef était amoureux du théâtre et du cinéma. A Paris Il ne ratait aucune occasion pour aller voir une pièce de théâtre ou un film nouvellement sorti. En Tunisie il était l’un des fondateurs de Ciné clubs et l’un des rédacteurs de la revue portant le même nom créé par feu Tahar Charià, professeur d’arabe au lycée de garçons de Sfax, assisté par son collègue professeur de physique au même lycée feu Nouri Zanzouri.
Moncef Charfedine ne perdura pas à l’enseignement et il fut repéré par l’ancien Ministre de la culture feu Chedly Klibi qui le désigna chef de service du cinéma puis chef de service du théâtre. A la suite d’un désaccord survenu avec le chef de cabinet du ministre, Moncef Charfedine dut quitter le ministère de la culture pour réintégrer de nouveau l’enseignement et fut désigné professeur d’arabe au lycée Sadiki.
Œuvre de Moncef Charfedine
L’œuvre littéraire de Moncef Charfeddine est colossale. L’amour du cinéma l’incita à produire pour la télévision tunisienne nouvellement créée, une série d’émissions intitulée dossiers de l’écran. Le programme comportait deux parties, diffusion d’un film suivie d’un débat sur le film. Ce programme était très apprécié notamment par les cinéphiles.
En 1975, Moncef Charfedine a créé une maison d’édition portant le nom Maison d’édition Ibn Charaf. Cette maison lui a permis de publier un livre écrit en arabe par Hammadi Sahli sur la presse humoristique en Tunisie et d’autres livres sur 3 grands écrivains français, en l’occurrence Alexandre Dumas, Guy de Maupassant et Châteaubriand. Moncef me dédiait tous ses livres et je lui rendais toujours la chandelle en lui dédiant mes livres et en publiant toujours un commentaire sur tout livre par lui nouvellement publié.
A la même époque, il fonda une revue culturelle et sportive intitulée Forum (novembre 1975-juillet 1977 avec 11 livraisons) traitant du théâtre du cinéma et des sports, Moncef étant lui-même amoureux du football et fervent supporter de l’Etoile sportive du Sahel sur laquelle il a écrit un livre.
Moncef Charfedine est aussi l’auteur d’une quinzaine de livres traitant notamment de la vie de certains grands acteurs de théâtre de cinéastes et de musiciens. Deux livres méritent une mention particulière, le premier est intitulé Deux siècles de théâtre en Tunisie, en français puis avec une version en arabe, et un beau livre sur le grand chanteur égyptien Mohamed Abdelwaheb illustré d’un grand nombre de belles photos du grand musicien égyptien.
Moncef Charfedinne n’a jamais cessé de publier des articles dans tous les journaux et magazines tunisiens et même étrangers. Et jusqu’à ces derniers jours et avant sa maladie il continuait à publier des articles dans Tunis Hebdo, en français et Alakhbar en arabe. Ses articles tournaient en général autour du cinéma, du théâtre de l’histoire des Beys de Tunis et de ses mémoires personnelles.
Etant donné son érudition en matière de théâtre et de cinéma, Moncef Charfeddine était appelé fréquemment à participer à des débats radiodiffusés ou télévisés consacrés à des artistes tunisiens connus dans les domaines du théâtre du cinéma ou du sport.
Moncef Charfeddine a été également moult fois appelé à donner des conférences sur tous les thèmes.
Il me plait de rappeler que le camarade Moncef était l’un des membres fondateurs du cercle du jeudi que j’ai fondé au début des années 70 du siècle écoulé et qui se réunissait tous les jeudis d'abord dans mon bureau ou au café l’Univers, puis à la bibliothèque Alatiqua sise à la rue de la Mosquée Ezzitouna à Tunis. Il est également membre fondateur du club de mardi que nous avons créé en 2013 et qui continue à survivre en dépit du décès de plusieurs de ses membres et qui se réunit actuellement au café du quatrième art après avoir transité dans divers autres cafés de Tunis.
Abdelkader Maalej
Ecrivain et ancien communicateur tunisien
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