News - 22.04.2022

Ridha Bergaoui: Prenons soin de notre Tunisie

Ridha Bergaoui: Prenons soin de notre Tunisie

Chaque année, le monde célèbre le 22 avril, la journée de la terre. Cette journée, dédiée à l’environnement, représente une occasion pour sensibiliser les citoyens du monde à l’importance de l’environnement et la nécessité d’en prendre soin et de préserver la planète.

En Tunisie, l’environnement est de nos jours malmené et maltraité. La protection de l’environnement n’est malheureusement plus un souci ni pour le citoyen ni les pouvoirs publics. 

La Tunisie, un beau pays

C’est le témoignage de tous ceux qui ont visité notre pays. C’est également celui des Tunisiens qui vivent à l’étranger et qui éprouvent souvent de la nostalgie pour la mère patrie. Beaucoup nous jalousent et nous envient notre beau pays.

Avec ses 164 000 km² et ses 1150 km de littoral dont près de 600 km de plages de sable doré et des coins paradisiaques, un climat agréable et doux toute l’année. Des paysages diversifiés magnifiques avec à la fois des montagnes, de la forêt, des plaines fertiles et du désert immense. Du soleil resplendissant qui éblouit et réchauffe durant presque toute l’année.

La Tunisie est un petit paradis qui a fait depuis très longtemps l’objet de convoitises de nombreuses puissances étrangères. Occupant une place géographique stratégique, elle représente un pont entre le continent Africain et l’Europe. De nombreuses civilisations se sont succédées, depuis plus de 3000 ans, et ont laissé des traces encore visibles aussi bien dans les paysages, que les mentalités, les us et les coutumes de la population.

Qualifiée jadis de verte «touness el khadra», en raison de l’abondance de ses forêts et la fertilité de ses terres, la Tunisie a malheureusement perdu beaucoup de son éclat.

Des crises environnementales à répétition

Depuis quelques années, des crises environnementales ne cessent de secouer le pays. Sans être exhaustif, nous pouvons en citer quelques-unes:

La crise des ordures de Djerba en 2012

L’importation illégale des déchets dangereux italiens en 2020

La crise des ordures de Sfax qui dure depuis octobre de l’année dernière et qui revient en force

Tout dernièrement le naufrage du bateau Xelo au large de la ville de Gabes qui a failli causer beaucoup de dégât.s

Les décharges contrôlées sont saturées (Tunis, Sousse…) et les décharges sauvages ne cessent de se multiplier. La Tunisie se noie dans ses déchets et ordures. Les grèves fréquentes des agents municipaux chargés du ramassage des ordures a, à plusieurs reprises, aggravé une situation parfois critique.

Les rues sont sales et les poubelles débordent. Les sacs en plastique envahissent de plus en plus notre entourage et nous étouffent. Insectes, rongeurs, chats et chiens errants vivent des poubelles et risquent de causer des ennuis et des maladies graves aux citoyens. Partout au sol, dans l’air, en ville comme dans la campagne, sur les plages et dans les mers des sachets multicolores en plastique agressent et enlaidissent les paysages. Les bouteilles et divers contenants en plastique jonchent partout.

De plus en plus les habitants sont hostiles à la création de nouvelles décharges contrôlées dans leur voisinage et demandent même dans de nombreux cas la fermeture des décharges existantes. Ces habitants vivent l’enfer et subissent les affres des décharges mal tenues et mal gérées (bruits des engins, pollution air et de l’eau, odeurs, insectes et rongeurs) et des pathologies liées à ces nuisances. Ce rejet s’explique également par l’inertie et l’immobilisme des autorités qui ne font généralement que des promesses jamais tenues.

Les malheureux rois des poubelles

Des «barbachas», ces spécialistes de la récup, s’activent toute la journée à faire les poubelles et les tas des ordures, à éventrer les sacs noirs à la recherche de tout ce qui peut être récupéré. De tous les âges, chacun sa spécialité et ses moyens. Plusieurs récupèrent les bouteilles en plastique PET, certains cherchent les autres types de plastiques recyclables, D’autres, les cannettes en aluminium ou du carton ou des objets métalliques, du pain dur… Quelques-uns se déplacent à pied en portant de gros sacs sur le dos, d’autres disposent de petites brouettes et se déplacent à vélo, moto et même en camionnettes.

La présence d’une telle activité est un signe révélateur de la situation décadente de notre pays, de l’état de pauvreté de la population, qui ne cesse d’avancer, et de l’insouciance des autorités qui abandonnent cette frange sensible exposée aux maladies et à tous les dangers.

Des agressions environnementales moins visibles

La Tunisie subit également des agressions et des dégradations de l’environnement, moins visibles mais non moins graves:

L’abattage clandestin et anarchique, à plusieurs reprises, d’oliviers et d’arbres forestiers, parfois centenaires, pour la contrebande ou pour la confection du charbon de bois

Dans la campagne, des pratiques irresponsables de labour, la déforestation, le ruissellement, le surpâturage entrainent, chaque année, l’érosion et la perte de milliers d’hectares de terre arable

Les incendies, parfois criminels, et de plus en plus fréquents et graves de forêts et des parcelles de céréales

L’avancée de la mer et la perte du littoral dans de nombreuses zones côtières

Les forages clandestins par les agriculteurs et la surexploitation des nappes phréatiques qui ont entrainé une baisse importante et la dégradation de la qualité des disponibilités hydriques

La monoculture et l’usage abusif des engrais chimiques, des pesticides et autres produits chimiques ont pollué les sols et les nappe et épuisé les sols.

Toutes ces agressions ont entrainé la destruction de nombreux biotopes, des écosystèmes et la perte de la biodiversité. De nombreuses espèces animales et végétales ont disparues ou sont sérieusement menacées. Le changement climatique de plus en plus présent représente une véritable menace de désertification et d’appauvrissement.

Dans de nombreuses régions, la pollution industrielle cause des ravages aux paysages, à l’environnement et aux habitants. La pollution par les usines du phosphate à Gabes et à Sfax, qui rejettent leurs déchets polluants (phosphogypse, acide phosphorique, soufre, poussières diverses) dans l’air ou en mer, détruisent l’environnement, tuent les écosystèmes vivants et nuisent à l’état de santé du citoyen par la multiplication de pathologies graves (cancers, asthme…).

Les cimenteries, les usines de sidérurgie, les huileries, les tanneries et autres industries agroalimentaires représentent une source de pollution parfois grave des cours d’eau et des nappes, de l’air et du sol. Toutes ces usines doivent être remises aux normes environnementales internationales et éviter toutes nuisance.

Enfin, dans les grandes villes, la circulation, devenue pénible et asphyxiante, est une énorme source de pollution de l’air qui fragilise la santé des habitants. La circulation anarchique de la plupart de nos conducteurs, qui ne respectent aucun code de la route et qui se permettent tout, est également une véritable atteinte à l’environnement et la qualité de notre cadre de vie.

Le vandalisme, la destruction des biens et des équipements publics dans les stades, les stations du transport public, les jets des pierres sur les wagons du train, métro et bus… sont des nuisances graves qui reviennent très chers à la collectivité.

«I have a dream»

Ce titre est emprunté du fameux discours, prononcé par le Pasteur Martin Luther King en 1963 à Washington, qui appelle à la fin du racisme et revendique l’égalité entre les blancs et les afro-américains.
«I have a dream». Je rêve d’une Tunisie propre, des rues propres. Des arbres, des fleurs et de la verdure partout. Des parcs et des jardins immenses avec jets d’eau, des fauteuils propres et confortables pour se reposer, des toilettes pour se rafraichir. Des oiseaux colorés qui font leurs nids et qui chantent. Des insectes et des papillons aux couleurs intenses qui volent et qui vont d’une fleur à une autre pour sucer le nectar. Des gamins et des chiens, avec leurs maitres, qui jouent et qui courent.

Des endroits où on passerait un agréable moment en famille, où on sent la vie, la joie et le bonheur. Tous ces belles personnes feront attention à ne pas salir, à mettre les déchets dans les poubelles appropriées, à ne jeter ni mégots de cigarettes, ni bouteilles en plastique ni papier mouchoir et ramasseront les crottes de leurs chiens pour laisser l’endroit encore plus propre qu’avant leur arrivée.

Je rêve qu’en Tunisie, comme dans les pays développés, il n’y a plus de problème d’ordures. Que tous les habitants pratiquent le tri sélectif. Que les habitants sortent leurs poubelles à des heures fixes de la journée et que le ramassage se fait régulièrement. Des usines de traitement feront le recyclage des déchets et valorisent tout. Les ordures ne seront plus des nuisances mais une richesse précieuse qui crée de l’emploi et de la croissance économique.

Comme Martin Luther King, qui a appelé à la fin de la ségrégation raciale en Amérique, j’appelle tous mes concitoyens à arrêter de salir, massacrer, dégrader et détruire nos beaux paysages (villes, plages et campagne), la nature, les écosystèmes et notre environnement d’une façon générale. Que notre Tunisie soit plus verte, plus belle encore et où il fera bon vivre et où on sera heureux.

Des citoyens éco responsables

“Yes we can” disait Obama en 2008. Oui, nous pouvons y arriver et concrétiser ce rêve, moyennant de la sensibilisation, de la bonne volonté et de la discipline. Nous pouvons facilement nous organiser pour faire attention à notre environnement, le préserver et l’améliorer.

C’est la responsabilité de nous tous: citoyens, décideurs, agriculteurs, industriels, municipalités… Chacun en ce qui le concerne doit penser que l’environnement est une priorité et qu’il est temps de le prendre au sérieux. Les indicateurs de la pollution sont alarmants et il est urgent de lutter contre la dégradation de nos biotopes, nos écosystèmes et notre cadre de vie d’une façon générale.

La sensibilisation et l’éducation environnementales restent les moyens les plus sûrs pour former des citoyens écoresponsables. La réglementation du comportement des individus et des entreprises doit être sévèrement appliquée. Des sanctions graves doivent être appliquées aux pollueurs petits et grands.

Les citoyens doivent être conditionnés pour acquérir des réflexes simples visant à préserver l’environnement et protéger nos ressources en limitant le gaspillage (alimentation, eau, électricité, énergie, papier…). Des gestes simples sont connues, malheureusement soit qu’on n’y pense pas, soit qu’on n’a pas envie de les pratiquer, comme éteindre la lumière s’il n’y a personne, opter pour les ampoules économique du type LED, fermer un robinet lorsqu’on en a pas besoin, réparer une installation qui fuit. Mettre ses papiers, ses mégots et déchets dans les poubelles et non pas les jeter en pleine rue. Marcher à pied ou en vélo plutôt que prendre la voiture…

Pour tout projet environnemental, la société civile et les habitants doivent être consulté et intégré. Seule une approche participative inclusive peut garantir la réussite de tels projets.

Tous les citoyens ont le droit à un environnement sain. La lutte contre la pollution est certainement coûteuse mais la santé du citoyen et la préservation de l’environnement n’ont pas de prix.

Ridha Bergaoui

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