Omar Bey le magnifique : J’aurais voulu être un artiste
Au bout d’une allée d’arbres centenaires, s’ouvrant largement sur la mer, le palais Khereddine revit des jours oubliés. Dès le coucher du soleil, des flux de personnes qui n’avaient, probablement, jamais visité ces lieux vibrant d’Histoire, envahissent le palais. Ils sont les invités du prince, en fait, Omar Bey, artiste plasticien dont l’atelier est abrité par ces murs vénérables et passablement décrépits qui refuse obstinément d’exposer ailleurs qu’en ces lieux.
Nous voilà donc chez lui ou du moins chez ses ancêtres qui doivent certainement se retourner dans leur tombe au vu des créations iconoclastes de leur héritier.
Car Omar Bey, géant roux et affable, est un artiste d’art contemporain dans toute l’acceptation du terme, sans concession à l’image, à la joliesse, ni même au nombre d’or. Il travaille le fer, la pierre, la brique et le béton. On peut l’imaginer bâtisseur inspiré, gâchant le ciment pour en faire d’étranges Sumos, son personnage fétiche, ou brisant les briques pour l’y installer en force. On le verrait en vulcain tenace luttant avec le métal pour le plier à son inspiration. Ou, comme pour la plupart des œuvres de cette exposition, se faire brodeur délicat pour tresser d’aériennes compositions de fil de fer dont il projette l’ombre portée sur les murs.
Omar Bey, en fait, n’est jamais là où on l’attend, se surprenant lui-même car, dit-il, c’est le thème et le sujet qui décideront du matériau. Se posant de vraies questions existentielles sur le concept de l’art et le rôle de l’artiste. Tant et si bien qu’on l’entend affirmer : «J’aurais voulu être un artiste.» Et il est d’autant plus sincère qu’il a donné ce titre à son exposition.
Alya
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