Il a poignarde a mort un palestinien : La justice israélienne lave de tout soupçon le colon tueur !
Par Mohamed Larbi Bouguerra
«Nous tenons le sionisme pour moral et juste. Puisqu’il est moral et juste, alors la justice doit être rendue, que Joseph, Simon, Ivan ou Ahmed en conviennent ou pas. Il n’y a pas d’autre moralité.» Zeev Jabotinsky, 4 novembre 1923
Le procureur de l’Etat d’Israël a décidé, jeudi 25 août 2022, de clore l’enquête concernant l’assassinat, en juin 2022, d’Ali Harb, poignardé à mort par un colon israélien…. car, prétend ce magistrat, l’auto-défense ne peut être écartée: non seulement le suspect se défendait disait cet homme, mais il voulait, de plus, préserver la vie de ses compagnons. Tordant le cou à tous les faits accumulés contre le suspect et jetant à la poubelle tous les témoignages !
Ainsi donc, dans le seul État «démocratique» du Moyen-Orient, signataire des Accords d’Abraham avec le Maroc, Bahreïn et les EAU entre autres, un citoyen est tué par un colon illégal vivant dans une colonie illégale « dans des territoires occupés selon le droit international » et le tueur devient miraculeusement innocent pour «la justice» israélienne !
L’ONG Yesh Din, une organisation israélienne des droits de l’homme, critique cette décision de clore l’affaire affirmant que l’enquête «a été bâclée en deux mois, avec une tactique consistant à faire peur et à menacer la famille de la victime et les témoins.» et l’ONG de conclure : «La version du suspect contredit formellement celle des témoins.» (Lire Hagar Shezaf, Haaretz, 25 août 2022).
«Les jeunes des collines» a l’assaut des terres palestiniennes
Ali Hassan Harb est un jeune ingénieur palestinien de 27 ans. Un colon israélien lui a porté un coup de poignard au cœur, le 21 juin dernier, en fin d’après-midi, sur les terres appartenant à son père, dans les faubourgs d’Iskaka Salfit, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Un groupe d’Israéliens est arrivé sur les lieux avec du matériel de construction pour ériger un avant-poste illégal de colonie. Le père de la victime, Hassan Harb, déclare qu’un berger l’a averti de l’arrivée de colons religieux violents–« les jeunes des collines » comme disent les sionistes- sur ses terres et qu’ils mettaient en place les fondations d’une nouvelle implantation illégale. Toute la famille Harb s’est alors rendue sur les lieux pour arrêter ce nouveau vol de terres palestiniennes, vol perpétré au su et au vu de la police et de l’armée d’occupation. La famille a trouvé des colons israéliens mesurant la parcelle et les vidéos prouvent qu’ils avaient des pelles et d’autres outils de construction. Ce n’étaient donc pas de paisibles promeneurs comme le prétendent leurs défenseurs. Ces assaillants – des jeunes religieux avec franges de prière et phylactères- se sont enfuis à l’arrivée des Palestiniens en abandonnant leurs matériaux de construction. Pour revenir trente minutes plus tard, escortés par les forces de sécurité.
Une enquête étouffée
Le lendemain du crime, Naïm Harb, l’oncle d’Ali, alla porter plainte à la police israélienne via le bureau local de coordination de l’Autorité Palestinienne. Sans nourrir la moindre illusion, la famille Harb déclara qu’elle ne s’attend guère à une enquête équitable et indépendante. Hassan Harb affirme : «Je n’ai aucune confiance dans ce gouvernement qui soutient les colons. Ils sont venus avec la police et l’armée qui n’ont pas essayé d’arrêter celui qui a porté le coup fatal.» Ce qui a valu à trois proches d’Ali d’être arrêtés et interrogés par la police !
L’enquête sur l’odieux assassinat d’Ali Harb a été menée par le Shin Bet (Sécurité intérieure) et l’Unité de police israélienne souvent chargée des crimes nationalistes en Cisjordanie ; en fait, une formation spécialisée dans les attaques commises par les extrémistes juifs. (Haaretz, 23 juin 2022)
Le mardi 21 juin 2022, l’identité de l’assaillant n’était pas encore connue de la police israélienne qui a émis cependant un ordre de censure qui interdit la publication de tout détail concernant ce crime. L’armée israélienne, malgré les vidéos et les témoins, prétend ne pas être sur les lieux lors de l’attaque. Pour Ahmed Harb, le cousin du défunt Ali, «l’armée, les gardes des colonies, la police, ils étaient tous là. Ils ont vu le coup de poignard et nous ont empêché de porter secours à Ali pendant une demi-heure.» Porté à pied à l’hôpital de Salfit, les médecins ne purent que constater la mort d’Ali Harb.
La violence des colons va crescendo
Quoiqu’il en soit, l’an dernier, des officiels israéliens ont dit au journal «Times of Israël» que la violence des extrémistes juifs en Cisjordanie était en hausse. Pour le Shin Bet, le nombre d’attaques de colons contre les Palestiniens a augmenté de 50% en 2021… alors que M. Naftali Bennett, le Premier Ministre sioniste, déclarait, contre toute évidence, que la violence des colons était «un phénomène insignifiant» démentant les propos de son propre ministre de la Sécurité Publique, Omer Bar Lev, opposé à la violence des colons, dans une conversation avec un haut responsable de l’administration américaine (Lire Hager Shezaf, Haaretz, 15 décembre 2021). Pour l’ONG israélienne B’Tselem, 2021 a enregistré une augmentation de 28,6% dans la violence des colons par rapport à 2020.
L’abandon des charges contre l’assassin d’Ali fait dire à Naïm Harb, son oncle: «le gouvernement israélien est le gouvernement des colons. Il utilise la justice pour les protéger» dans leurs vols des terres palestiniennes et dans leur entreprise de nettoyage ethnique**.
Mohamed Larbi Bouguerra
** Les étudiants de la plus importante université australienne, l’Université de Melbourne, ont voté une motion condamnant dans les termes les plus vifs l’occupation israélienne, le nettoyage ethnique et l’apartheid d’un Etat colonialiste. (Lire Judy Maltz, Haaretz, 15 août 2022)
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