Les Télés tunisiennes sous haute tention
Point d’émissions politiques et de débats sur El Hiwar Ettounsi et Nessma TV. Sami Fehri, bien échaudé, et payant dans la chair un prix fort de son engagement, renonce à toute émission politique, comme celle menée avec brio par Meriem Belkadhi. Il préfère se consacrer à des émissions grand public de jeux et d’animation et continuer de produire des feuilletons qui accrochent les téléspectateurs comme il sait si bien le faire. Le décrochage de «Tounes Al Yaoum» de Meriem Belkadhi, irremplaçable, laisse des orphelins d’un programme politique indépendant de grande qualité.
Nessma TV abandonne elle aussi ses plateaux en direct. Reprenant les commandes, Tarek Ben Ammar, édifié par l’expérience menée du temps de Nabil Karoui, donne un nouveau cap à la chaîne : des feuilletons, des films et des documentaires. En attendant des lendemains meilleurs.
Hannibal, dirigée par Zouheir Guembri, essaye de sauver la mise, réduisant ses émissions politiques à un débat bihebdomadaire, conduit par Imen Maddahi.
Seule Attessia maintient le cap, sous la férule de Néji Zaïri. Avec Rendez-vous 9, présenté par Malek Baccari, le plateau réunit chaque soir, du lundi au vendredi, deux ou trois chroniqueurs et des invités sollicités au gré de l’actualité. Unique émission politique quotidienne du paysage audiovisuel, elle essaye de préserver son indépendance et son professionnalisme.
La télévision publique, forte de deux chaînes, Watanya 1 et 2, n’est pas mieux lotie. Surcharge d’effectifs, augmentation des coûts, structures très rigides et mandat politique très pointu, elle peine à proposer aux téléspectateurs des émissions innovantes et attractives. Le syndicat national des journalistes pointe du doigt sa ligne éditoriale, l’accusant de se reconvertir en organe du pouvoir.
Portée à sa direction, Awatef Dali, qui se bat sur tous les fronts, s’en défend, affirmant l’accomplissement d’une mission de service public. La lutte contre le Covid ou la couverture de la Ticad 8 sont cités en exemple. Avec les moyens du bord, chaque jour d’antenne devient un jour d’aventure. De leur côté, les rédactions se montrent très attachées à leur liberté et à leur indépendance, ne tenant à sacrifier le moindre millimètre de gagné. Sur Watanya 2, les rediffusions plaisent au public, quitte à repasser cinq à dix fois des feuilletons cultes comme ceux de Sofiane Chaari (Sboui). Est-ce la vocation ? Est-ce la solution ?
Al Janoubia, Telveza TV et autres chaînes affrontent de fortes difficultés, alors que Carthage TV cherche son équilibre financier, annonçant une grande émission sportive coïncidant avec le Mondial 2022.
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