Mondial FIFA 2022 à Qatar: Qui pour empêcher le Brésil de conquérir un sixième titre mondial ?
Par Samy Ghorbal pour Leaders - Sportivement, ce Mondial sera inédit pour deux raisons. L’épreuve se déroulera pour la première fois en automne, et le pays hôte découvrira la compétition. Commençons par le calendrier, avec un tournoi programmé entre le 20 novembre et le 18 décembre. Contraignant pour les clubs européens, obligés de jouer en accéléré les matchs de qualification de Ligue des Champions, il peut être une promesse de spectacle. Car habituellement, les stars du football ont 10 mois de compétitions dans les jambes et peuvent arriver épuisées ou hors de forme à la Coupe du monde ou à l’Euro. On se souvient des débâcles de l’Italie et de la France, éliminées au 1er tour en 2010 alors qu’elles avaient disputé la finale de l’édition précédente, ou de celle de l’Allemagne, tenante du titre en 2018, et qui avait également été sortie au 1er tour. À l’inverse, la fatigue et l’usure psychologique des grandes équipes permettent parfois à des sélections moins capées de briller, en misant sur la fraîcheur et l’envie. Le petit Costa Rica, porté par un grand Keylor Navas, s’était hissé en quarts de finale en 2014. En 2018, la Croatie avait atteint la finale.
Cette année, il y a fort à parier que les grandes sélections seront au rendez-vous. Tout le monde aura faim. Le Brésil fait figure d’épouvantail. La Seleção est parfaitement huilée. Solide dans tous les compartiments du jeu, elle possède une attaque de feu. Elle bénéficiera aussi du soutien sans réserve du public arabe. L’Allemagne, rajeunie, avec l’étincelant Leroy Sané, le prometteur Jamal Musiala et ses éternels briscards Manuel Neuer et Thomas Muller, est armée pour aller loin. Paradoxalement, terminer deuxième de son « groupe de la mort » (avec l’Espagne, le Costa Rica et le Japon) pourrait lui permettre d’hériter d’un tableau un peu plus favorable, et d’éviter d’avoir à jouer le Brésil ou l’Argentine de Lionel Messi avant la finale. Encore jeune, l’Angleterre est sur une pente ascendante. Dans les grandes compétitions, l’équipe aux trois lions est capable du meilleur comme du pire. L’Espagne, en reconstruction, la France de Kylian Mbappé et Karim Benzema, championne du monde en titre mais décimée par les blessures en défense et au milieu, restent des candidats crédibles, comme les Pays-Bas. Mais ces grandes équipes européennes ont moins de certitudes et partent de plus loin. Les cinq sélections africaines risquent de ne pas être à la fête. La Tunisie, opposée à la France et au Danemark, le Cameroun, aux prises avec le Brésil, la Suisse et la Serbie, et le Ghana, qui devra se mesurer au Portugal et à l’Uruguay, auront un chemin semé d’embûches pour accéder aux huitièmes de finale. Le Sénégal, avec le Qatar et les Pays-Bas, et le Maroc, qui sera opposé à une Belgique et une Croatie vieillissantes, ont plus de chances, sur le papier, d’accrocher un ticket pour les huitièmes…
La compétition dans son ensemble sera excitante, du premier au dernier match. Ce sera sans doute la dernière fois. En 2026, la Fifa a prévu de passer à 48 sélections, contre 32 actuellement, et le spectacle, surtout au début, s’en ressentira forcément, avec des oppositions déséquilibrées ou sans intérêt. Le parcours du pays-hôte, le Qatar, sera suivi avec attention. Qualifié d’office, il disputera le tournoi pour la première fois de son histoire. En 2010, sa désignation avait suscité les sarcasmes et nourri un procès en illégitimité sportive. Qu’il convient cependant de tempérer. Car ni l’Afrique du Sud (organisatrice du Mondial 2010), ni le Japon (2002), ni les États-Unis (1994) ne pouvaient se prévaloir de faits d’armes sur le plan footballistique à l’époque de leur désignation. «Si nous allions toujours dans les mêmes pays, l’épreuve ne mériterait pas son nom de Coupe du monde», avait plaidé Pep Guardiola, ambassadeur de la candidature qatarie. Pointant à la 49e place du classement Fifa, la sélection qatarie a réalisé de réels progrès en s’appuyant sur son buteur Almoez Ali, héros de la dernière Coupe d’Asie des Nations. Le Qatar s’était imposé aux Émirats arabes unis, en février 2019, dans un contexte géopolitique étouffant, après avoir sorti la Corée du Sud en quarts de finale, les Émirats en demies et le Japon en finale. Invités ensuite par la fédération sud-américaine de football à la Copa America 2019, les «Al Annabi» y avaient livré une prestation correcte – un nul contre le Paraguay, et deux courtes défaites contre la Colombie et l’Argentine.
Dans un groupe relevé, avec les Pays-Bas, le Sénégal et l’Équateur, les grenat et blanc ne partent pas favoris. Réussiront-ils à s’extraire des poules et à devenir le troisième pays arabe, après le Maroc et l’Arabie Saoudite, à se hisser en huitièmes de finale? Ce serait un exploit hautement improbable. Mais les surprenants parcours de la Corée du Sud, qui avait atteint les demi-finales en 2002, et de la Russie, quart de finaliste en 2018, sont là pour rappeler qu’en football, rien n’est jamais écrit d’avance. Début de réponse, le dimanche 20 novembre, à 17 heures, pour un premier match déjà décisif face à l’Équateur !.
Samy Ghorbal
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