Rafaâ Ben Achour: Il y a six ans disparaissait Si Azouz Lasram
Le 31 janvier 2023, six ans seront passés sur le décès de l’icône du Club africain (CA), son incomparable Président, visionnaire et rénovateur, Abdelaziz Lasram, appelé avec amour et respect par tous les clubistes, Si Azouz (25 mars 1928 – 31 janvier 2017).
Avec son oncle Ablelmalek Ben Achour
Ancien joueur jusqu’à la catégorie «juniors» et supporteur indéfectible du CA, au sacre duquel il assiste fier en 1946 -1947 et 1947 - 1948, Si Azouz accède à la vice-présidence du glorieux club de Bab jedid en 1963. Il en est devenu le président de facto, les barons du CA ayant tenu à ce que la passation entre l’ancienne génération, conduite par le Dr. Salah Aouij, et la nouvelle se fasse en douceur.
Au terme de la saison (1963 - 1964), le CA conquiert le championnat, premier titre remporté par le Club après l'indépendance, grâce, d’une part, à une gouvernance moderne et éclairée et à, d’autre part, un effectif rajeuni, volontaire et brillant dont l’artiste Tahar Chaïbi (17 février 1946 – 29 avril 2014), le canonnier Mohamed Salah Jedidi (17 mars 1938 – 17 mars 2014) et le très remarquable et légendaire gardien de but Attouga.
L’année suivante, Si Azouz est unanimement porté à la présidence officielle du CA. Il occupera le poste pendant les saisons 1964 – 1965 et 1965 - 1966. En 1966, il doit, à son cœur défendant, abandonner son poste de Président, suite à sa nomination par le Président Bourguiba, comme ministre plénipotentiaire à l’Ambassade de Tunisie en France. A ce moment, les relations entre les deux pays étaient très perturbées suite à la guerre de Bizerte de juillet 1961 et à la nationalisation des terres agricoles, le 12 mai 1964. Si Azouz confie la présidence du club à son fidèle coéquipier et cousin Mahmoud Mestiri (25 décembre 1929 - 28 juin 2006) épaulé par l’inoubliable joueur et dirigeant Mounir Kébaili (7 avril 1924 - 10 août 1976) et d’autre anciens joueurs et futurs grands dirigeants, dont Ridha Azzabi (17 septembre 1932 - 16 décembre 1995), Hédi Hammoudia (23 avril 1935-12 mars 2021), etc.
A son tour, Mahmoud Mestiri est appelé à occuper de hautes fonctions diplomatiques. Il cède la présidence du CA à Me Fathi Zouhir (12 avril 1917 - 24 novembre 1984) qui l’assurera de 1967 à 1970. La saison 1970 – 1971 sera une saison de transition au cours de laquelle la présidence du CA est assurée par Abdeljeli Mehiri (12 février 1927 - 15 décembre 2014).
Pendant son séjour parisien (1966 – 1970), Si Azouz n’a jamais cessé de suivre la marche de son club. Il était en contact permanent avec les différents présidents, dirigeants, entraineurs et joueurs du Club tunisois, toutes sections confondues. Il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour que le CA conserve la suprématie acquise à partir de 1963 -1964.
Assemblée générale au Parc du CA. Foued Mbazaa, Azouz Lasram, Ferjani Behaj Ammar, Hamadi Khouini
De retour à Tunis en 1970 pour occuper le poste de directeur général de la coopération internationale au sein du Ministère des affaires étrangères, Si Azouz reprend les rênes de son club et en assurera de nouveau la présidence, sans discontinuité, de la saison 1971 – 1972 jusqu’à la saison 1976 – 1977. Durant toute cette période, le Club africain brillera de mille feux sur la scène sportive tunisienne tout entière (football, handball masculin et féminin, natation, boxe, athlétisme, etc. dans toutes les catégories). Si Azouz lancera une nouvelle section de volleyball (masculine et féminine) qui dominera peu d’années après sa création les scènes tunisienne, maghrébine et africaine.
Avec Ali Rtima, Mohamed Ali Moussa et Ridha Boushih
Plus particulièrement en football (séniors), le CA récoltera pendant cette période faste, trois fois le championnat (1963 – 1964 ; 1966 – 1967 ; 1972 – 1973), cinq fois la coupe de Tunisie (1964 – 1965 ; 1966 – 1967 ; 1971 – 1972 ; 1972 – 1973 ; 1975 – 1976) la coupe du Maghreb des vainqueurs de coupe en 1971 et trois fois la coupe du Maghreb des clubs champions entre 1974 et 1976.
Avec ses différents collègues du bureau directeur du CA, Si Azouz, bien plus jeune que plusieurs d’entre eux, était un véritable guide, un inspirateur et un catalyseur d’actions innovantes. Avec les joueurs, qu’il connaissait un à un avec détails de leur situation sociale et scolaire, des plus jeunes aux plus âgés, il était un grand frère, un père, un inspirateur et surtout un refuge hors pair. A ce jour, ils évoquent son souvenir les larmes aux yeux. Il l’a été même avec des joueurs opérants dans d’autres équipes.
Avec Attouga, Bassam et Jedidi
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Six ans après son décès, Si Azouz Lasram n’a toujours pas reçu l’hommage qu’il mérite de la grande famille du club africain. A l’exception d’une cérémonie de commémoration du 40ème jour de son décès, organisée par un certain nombre de proches et de fidèles de Azouz Lasram, le club africain n’a toujours pas exprimé la reconnaissance du peuple clubiste à son vrai père spirituel.
Avec Amri, Abderrhman Rahmouni, Troudi, Chaaoua, Chaibi
A l’occasion de ce sixième anniversaire de son décès, nous osons espérer que le Comité directeur du CA saura se rattraper et baptiser, lors d’une cérémonie digne de notre illustre disparu, l’une des ailes du parc Mounir Kebaili (acquis pour la CA par Si Azouz et baptisé par lui au nom de son ami). C’est la moindre des choses à faire pour garder toujours vivant le souvenir du plus illustre des clubistes.
Rafaâ Ben Achour
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Un grand homme; que Dieu le bénisse à son paradis el firdaous . J'en garde beaucoup de souvenirs pour avoir été un de ses proches collaborateurs pendant plusieurs années au Ministere de l'Economie Nationale.