L'Etat tunisien dépense t-il trop dans le secteur de la santé ?
Invité au colloque organisé les 17 et 18 décembre 2010 par l’unité de recherche « Population, Famille et Education » de la Faculté des sciences humaines de Tunis, sur le thème « Population, vieillissement et santé » M. Habib Touhami, a donné une conférence sur le thème « Impacts des évolutions démographiques, socio-économiques et institutionnelles sur la santé et les dépenses de santé ».
De cette conférence, on retiendra quelques idées-force : d’abord, il pourfend l'insistance (maladive) des institutions financières internationales et notamment le FMI et la Banque Mondiale auprès des pays émergents à maîtriser leurs dépenses sociales comme si elles étaient un frein au développement alors que les études ont montré que les pays dans lesquels l’état de santé et l’éducation des individus étaient d’une qualité médiocre avaient plus de difficultés à assurer un développement durable.
Quant aux incidences des dépenses nationales de santé sur les comptes financiers et sociaux de la Tunisie, le conférencier souligne que les injonctions du FMI et de la Banque Mondiale sont injustifiées. Chiffres à l’appui, il s’inscrit en faux contre « la thèse selon laquelle notre pays dépense trop dans le secteur social et notamment dans la santé », indiquant que la contribution de l’Etat représente moins du quart des dépenses nationales de santé (DNS). En fait, la Tunisie n'a pas dépassé un seuil dangereux au niveau du ratio DSN/PIB par rapport à la moyenne des pays à revenu intermédiaire, soit 6% comparés aux 9,8% du Liban et aux 9,4% la Jordanie pays considérés comme des références en matière de santé au niveau arabe. Quant au dépenses per capital, elles sont de 118 dollars en Tunisie (70,9% en 2000 et 49,4 en 1995), contre 398 au Liban et 134 en Jordanie. S'agissant de la part des dépenses publiques dans le budget de l'Etat, elle est passée de 7,6% en 2004 à 6,5% en 2008. Sur le long terme,la part de la DSN est passée de 36,6% à 26,1% en 2002, contre 14,9% et 21,4% pour la Sécurité sociale et 47,6% et 51,2% pour les ménages.
Habib Touhami ne conteste pas les progrès réalisés par notre pays en matière de ressources humaines et d'infrastructure, mais il constate que la Tunisie n'a pu échapper à la dégradation de la qualité des soins qu'il partage avec les pays où «les les systèmes de santé ont été ébranlés par les politiques d'ajustement structurel imposées par les institutions financières », reprenant ainsi le diagnostic de l'OMS.
Cette conférence fait suite à la table ronde présidée par M. Habib TOUHAMI organisée par la même Unité de recherche sur le thème « Impacts de la démographie sur les dépenses nationales de santé en Tunisie », le 24 Juillet 2010 à la FSHS de Tunis.
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