Pr Samir Allal: Une économie en harmonie avec la nature, le défi principal de notre siècle
L'économie croît mais la pauvreté subsiste et le dérèglement climatique est une violence lente et diffuse
L'effondrement écologique auquel nous sommes désormais confrontés impose chaque jour son lot de désastres, pour les uns l’Anthropocène, pour les autres le Capitalocène. S'il existe un large consensus dans la société pour reconnaître la situation alarmante, ce consensus disparaît dès qu'il s'agit d'évoquer les solutions.
Faut-il imputer cette inaction à un manque de connaissances scientifiques? Les puissants sont-ils mal conseillés ou aveugles?
Le problème n'est pas dû à un défaut d'information ou de compréhension, mais réside au cœur même du système économique capitaliste extractif, alimenté par les combustibles fossiles, qui privilégie d'abord et avant tout la croissance à court terme génératrice de profit. On imagine facilement notre planète dans toutes sortes de dystopies, mais imaginer une économie où l'on produit moins qu'aujourd'hui relève de l'hérésie.
Nous devons éliminer progressivement le charbon, le pétrole et le gaz, dès maintenant, remodeler nos systèmes de transport et nos politiques du logement, concevoir un système alimentaire plus humain et plus durable, décarboner chaque secteur de l'économie et de la société et protéger le vivant.
La symétrie entre richesse et émissions est presque parfaite. L’élite de la pollution pollue quatre fois plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité. L'injustice de cet «apartheid planétaire» est double: les riches polluent et les pauvres subissent.
Même si nous sommes tous de la même espèce, nous ne sommes égaux ni en termes de responsabilité ni en dangers encourus face aux catastrophes écologiques d'aujourd'hui et de demain.
Derrière des discussions foisonnantes et parfois un peu brouillonnes, de nouveaux paradigmes (Anthropocène, Capitalocène, décroissance, post croissance, sobriété) sont en train de se construire.
L’économie est devenue une arme de destruction massive: la notion d'Anthropocène masque de profondes inégalités
Le dérèglement climatique est une violence lente et diffuse, une usure qui s'exerce progressivement et hors de vue, aujourd'hui principalement contre les populations les plus paupérisées, mais qui va peu à peu remonter l'échelle sociale, comme le soulignait, Timothée Parrique dans son dernier ouvrage, (Ralentir ou périr, l’économie de la décroissance, Ed Seuil 2023).
Cette situation n'a rien à voir avec une supposée nature humaine, elle est plutôt le symptôme d'une organisation sociale spécifique, étroitement liée à une certaine vision politique du monde. La cause première du déraillement climatique et écologique n'est pas l'humanité mais bien le capitalisme, l'hégémonie de l'économique sur tout le reste, et la poursuite effrénée de la croissance.
L’Anthropocène, terme encore timide auprès du grand public mais déjà bien ancré dans la pensée de certain-e-s expert-e-s, désignerait une nouvelle époque à l’intérieur de laquelle nous aurions pénétré. L’activité humaine aurait atteint un tel degré de développement qu’elle aurait fait entrer la Terre dans une nouvelle ère géologique.
Plus précisément, le concept Anthropocène a été forgé dans le but de désigner les transformations environnementales inédites enclenchées par l’activité humaine: réchauffement climatique, niveau de pollution sans précédent, déforestation, érosion de la biodiversité, fonte des glaces, surpêches, acidification des océans, sixième grande extinction, etc.
Cependant, en attribuant cette transition géologique à l’activité humaine sans toutefois la problématiser, les tenant-e-s de l’hypothèse de l’Anthropocène passent à côté d’un élément essentiel à la compréhension des causes de la transition. C’est du moins ce que soutiennent les tenant-e-s du concept de Capitalocène.
Désignant sensiblement la même réalité phénoménologique que l’Anthropocène, le Capitalocène est un concept qui prend comme point de départ l'idée que le capitalisme est le principal responsable des déséquilibres environnementaux actuels.
Dans son ouvrage Fossil Capital: The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, Malm suggère entre autres que ce ne serait pas l’activité humaine en soi qui menace de détruire notre planète, mais bien l’activité humaine telle que mise en forme par le mode de production capitaliste.
Nous ne serions pas à «l’âge de l’homme» comme le sous-tend le concept d’Anthropocène, mais bien à «l’âge du capital», selon la lecture de Malm, qui reprend l’expression de l’historien Éric Hobsbawm.
Certes, ce sont des causes anthropiques qui ont entraîné l’avènement de l’Anthropocène, mais certaines nuances s’imposent concernant la nomination du coupable.
Le caractère illimité de l’accumulation du capital, qui se déploie sur une planète par définition limitée, est la source des dérèglements environnementaux et de notre sortie de l’Holocène.
Attribuer la crise environnementale actuelle à une certaine conception de la nature humaine reviendrait en ce sens à naturaliser, «déshistoriciser» et dépolitiser un mode de production spécifique à un contexte sociohistorique.
Pour Malm, si nous avons le pouvoir de changer la planète, comme en témoigne notre sortie de l’Holocène, nous avons aussi le devoir de changer de mode de production pour la préserver, planifier la transition et l’organiser collectivement. Oublions donc l'Anthropocène et préférons-lui les termes de Capitalocène, d'Éconocène, et de PIBocène.
Nous sommes otages d'un système qui prédétermine en partie nos comportements. Le plus n’est pas toujours synonyme de mieux, comme nous le rappelle, l'économiste Serge Latouche en reprenant à son compte, la terminologie de Hannah Arendt et parle de «banalité économique du mal».
L’économie est devenue une arme de destruction massive. Le problème n'est pas l'existence de l'économie en soi (toute société a toujours organisé d'une manière ou d'une autre ses activités productives), mais bien les règles que nous lui donnons aujourd'hui ainsi que l'objectif central qui l'anime: la croissance.
L'emprise de la matrice «croissantiste» sur notre imaginaire collectif est telle qu'au lieu de considérer les conséquences de notre modèle économique sur la planète, nous nous inquiétons des impacts du réchauffement climatique sur le Produit Intérieur Brut (PIB). Le monde est à l'envers.
Le défi qui se tient devant nous est celui du moins, du plus léger, du plus lent, du plus petit. C'est le défi de la sobriété, de la frugalité, de la modération et de la coopération. Timothée Parrique (Seuil 2023).
Nous savons qu'il faut désormais, ralentir et redistribuer, et il va maintenant falloir imaginer comment planifier intelligemment la transition pour qu'elle se fasse, de façon démocratique, dans le souci de la justice sociale et du bien-être. La croissance n'est pas une fatalité mais un choix.
Croissance verte, croissance circulaire, croissance inclusive, croissance bleue: cinquante nuances de croissance mais croissance toujours
La croissance est un mot omniprésent mais jamais vraiment expliqué, et encore moins déconstruit. Argument magique des campagnes électorales, inusable réponse au désespoir des ménages, il a tant pénétré l'imaginaire de nos contemporains.
Or, rares sont ceux qui savent non seulement ce qu'est la croissance et comment on la mesure, mais aussi les liens complexes qu'elle entretient avec la nature, l'emploi, l'innovation, la pauvreté et les inégalités, la dette publique, la cohésion sociale, et le bien-être.
Née d'une notion comptable dans les années 1930 (le Produit National Brut), la croissance est devenue un mythe aux mille connotations. Progrès, prospérité, développement, protection, innovation, pouvoir, bonheur - la croissance n'est plus seulement un indicateur, c'est un vase symbolique rempli de projections collectives et individuelles. (Timothée Parrique).
La croissance avait autrefois une fonction claire: relancer l'économie, produire les équipements nécessaires, sortir de la famine, éradiquer la pauvreté, assurer le plein-emploi, ou reconstruire un pays. Sa mesure permettait d'évaluer la progression vers ces différentes finalités. Au fil des décennies, l'indicateur est devenu l’objectif: la croissance pour la croissance, sans plus aucun but sous-jacent. Mais produire pour produire est un objectif sans substance.
La Terre est en surchauffe, les sociétés en burn-out, et le PIB est devenu une sorte de «compte à rebours de fin du monde». Un compte à rebours redoutable car exponentiel: plus l'économie est grosse, plus elle grossit vite. Maximiser la croissance, c'est mettre le pied sur l'accélérateur avec la certitude à terme de périr dans un effondrement social et écologique.
Un triple défi nous attend: comprendre en quoi le modèle économique de la croissance est une impasse (le rejet), dessiner les contours d'une économie de la post-croissance (le projet), et concevoir la décroissance comme transition pour y parvenir (le trajet), une idée simple, mais radicale. (Timothée Parrique, 2023).
Pour se faire, il va falloir nous libérer de la «mystique de la croissance», (Dominique Méda), c'est-à-dire dénaturaliser la croissance économique comme phénomène. Nous devons de toute urgence porter un regard critique sur des pratiques que nous avons normalisées! Comme naturelles et universelles: toute entreprise doit-elle faire des profits? Devons-nous laisser les marchés décider de ce qu'il faut produire? Un gouvernement doit-il viser l'augmentation de son PIB?
La société de croissance engendre une montée des risques, des inégalités et des injustices. Elle crée un bien-être largement illusoire. La décroissance est une nécessité, ce n’est pas un idéal, ni l’unique objectif d’un autre monde possible, (René Passet, 1918).
Mais faisons de cette nécessité une vertu, et concevons, la décroissance comme un objectif dont on peut tirer des avantages pour sortir de crise climatique. La décroissance n’est pas la croissance négative, expression antinomique et absurde qui voudrait dire à la lettre: «avancer en reculant».
L’altruisme devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, le plaisir du loisir sur l’obsession du travail, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le goût du bel ouvrage sur l’efficience productiviste, le raisonnable sur le rationnel, etc.
Si la croissance n'est pas causée par la nature humaine mais plutôt par certaines institutions socialement construites, il est possible d'imaginer une économie qui puisse fonctionner sans forcément produire et consommer plus.
Le défi de notre siècle selon Thimothé Parrique est celui d’imaginer la décroissance comme une transition vers une économie de la post-croissance. Un nouveau paradigme de réduction de la production et de la consommation pour alléger l'empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être.
La décroissance jusqu’où? Réponse: vers la «post-croissance». La décroissance comme transition vers une économie de la post-croissance. Une économie stationnaire en harmonie avec la nature où les décisions sont prises ensemble et où les richesses sont équitablement partagées afin de pouvoir prospérer sans croissance. (Harman Daly)
Notre survie dépend désormais de notre capacité, à changer de modèle économique: une idée simple mais radicale
Étymologiquement, le terme «radical» renvoie au latin radix (racine): «être radical, c'est saisir à la racine». (Karl Marx). La décroissance, en ce sens, est bien radicale, car elle ne vient pas seulement panser les violences du capitalisme, mais aussi - et surtout - identifier les mécanismes qui les génèrent.
Au lieu de «verdir le PIB», elle donne à voir les forces souterraines auxquelles répondent nos choix de société et, de là, oblige à repenser notre rapport au monde, à la nature, à la justice, au sens de la vie, et au bien-être.
La croissance, un totem des sociétés modernes devenu obsession aussi bien individuelle que collective. Les pays s'entêtent à poursuivre des «contes de fées de croissance économique éternelle», quitte à mettre en danger la santé des écosystèmes et la qualité de vie de tous ceux qui en dépendent.
Le PIB est une bien piètre carte qui ne mesure qu'une toute petite partie d'un vaste territoire social et écologique. Ce qu'un économiste néoclassique appelle un peu vite «production» n'est en fait souvent qu'une appropriation de richesses qui existaient déjà sous une autre forme avant d'être mobilisées dans l'économie marchande.
Passé un certain seuil, la croissance du PIB cesse d'être une valeur ajoutée et devient une valeur arrachée, une sorte de razzia du domaine social et écologique. (Thimothé Parrique, 2023)
Nous détruisons le vivant et le vivre-ensemble pour produire des SUV, et des Pizzas livrées à vélo par des travailleurs précaires, et nous osons appeler cela «s'enrichir». S'entêter à vouloir croître sans limites, ce n'est pas du développement, c'est de la destruction du vivant et des écosystèmes.
La plupart des économistes croient dur comme fer à un futur verdissement du PIB et de la croissance, et cela malgré plusieurs décennies d'échecs cuisants. Les scientifiques ont tourné les chiffres dans tous les sens sans trouver aucune justification à leur optimisme. Il est épatant, au contraire, de constater comment cette formidable masse de données, ces milliers d'alertes ne font que recouper une vérité très simple: l'économie ne pourra jamais complètement se découpler de la nature.
Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes enfermés dans une biosphère dont les limites sont finies. Essayer de faire tenir une économie en croissance perpétuelle dans un environnement limité, est impossible. Aujourd'hui, et jusqu'à preuve du contraire, chaque point de PIB supplémentaire nous rapproche d'un futur écologique que les scientifiques du GIEC décrivent comme épouvantable.
Même si elle était biophysiquement possible, cette croissance exponentielle des activités monétaires ne serait pas pour autant désirable. Il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. (Slavoj Žižek).
Une économie centrée sur la qualité et non plus sur la quantité, où la convivialité l'emporte sur la productivité
L'économie croît mais la pauvreté subsiste. Les points de PIB s'accumulent mais le pouvoir d'achat de la majorité de la population stagne, ou se détériore. La croissance crée des activités dont presque personne n'a besoin et des emplois dont presque personne n'a envie. Les marchés financiers se portent à merveille et pourtant les services publics patinent. L'économie grossit, mais la qualité de vie diminue.
L'exploitation de la biosphère nécessaire au développement des sociétés humaines a été tour à tour fondée sur une économie de la prédation puis de la production, avec des conséquences terribles pour le climat et la biodiversité.
Avec le dérèglement climatique et à l'aube de la sixième crise d'extinction du vivant, provoquée par un modèle économique insoutenable et encore largement aveugle à ses propres dégâts, il y a urgence à transformer radicalement nos façons de produire et de consommer, nos conceptions du monde, nos institutions, voire notre contrat social.
Un rapport des Nations unies de 1996 résume bien la situation: la croissance dont nous faisons l'expérience est «sans emploi, sans pitié, sans voix, sans racines, et sans avenir?». Le message est clair: dire «adieu à la croissance» et faire émerger une économie permettant de redéfinir notre rapport avec la nature.
Il nous faut «sortir de la croissance», démanteler le «régime de la croissance», démystifier la «mystique de la croissance», décroire pour pouvoir décroître. Pour le dire simplement, nous devons imaginer une vie économique au-delà d'un productivisme aveugle qui ne fait que compter les billets, comme aime à le répéter Thimothé Parrique.
Nous ne partons pas d'une page blanche: des initiatives, ont tenté de tracer une voie alternative à la surexploitation de la nature. Redécouvrir ces initiatives permet de mieux comprendre les sources de la crise actuelle et de nourrir la recherche de solutions. Harold Levrel et Antoine Missmer (L’économie face à la nature: de la prédation à la coévolution, Ed Les Petits matins, 2023).
La décroissance est une nécessité écologique, mais c'est aussi une aubaine sociale et existentielle. Ralentir pour survivre, oui, mais ralentir surtout pour bien vivre, pour exister et considérer l'économie comme partie prenante des dynamiques écosystémiques.
Reconnaître la dette écologique générée par nos modes de production et de consommation, lutter contre les inégalités, nous nourrir autrement, apprendre à cohabiter avec les espèces sauvages, ou encore nous appuyer sur de nouveaux communs apparaissent comme autant de leviers de la transformation écologique de nos systèmes socio-économiques.
L'économie, comme toute construction sociale, est plastique et dans les affaires humaines, quand on veut, on peut, (Napoléon Bonaparte). Il nous faut démolir cette doxa immobiliste, ce thereis no alternative thatchérien qui considère le capitalisme d'aujourd'hui comme la fin de l'histoire. (Francis Fukuyama). Ce n'est pas le cas.
Reste à imaginer quelle économie nous souhaitons voir advenir? Faire des pas-de-côté et élargir l'horizon des possibles
Nous avons besoin de toute urgence d'une pédagogie des miracles, sorte de pédagogie des catastrophes inversée. L'imaginaire est un muscle, et le nôtre s'est atrophié, par le manque de vision d'une génération d’experts et d'économistes qui ne pensaient pas plus loin que le bout de leurs tableaux Excel.
Il est grand temps de reprendre le contrôle de notre avenir, de faire des pas-de-côté, de faire preuve de créativité et d'élargir l'horizon des possibles. Nous devons éduquer notre désir pour une autre économie, «libérer l’avenir» de l'éternel retour des systèmes économiques productivistes, qu'ils soient capitalistes ou socialistes d’État.
Face à l’urgence climatique, nous avons à révolutionner l'économie, c'est-à-dire lui rêver des avenirs radicalement différents du présent. Fini les rabat-joie néoclassiques qui balayent de leurs calculettes tout projet qui ne respecte pas le ratio dette/PIB.
Nous avons maintenant besoin comme le soulignait à juste titre Timothé Parrique dans son dernier livre d'une (pensée du déraillement) et d'une (résistance civile) massive pour faire sortir notre modèle économique de ces petites habitudes qui détruisent le vivant et le vivre-ensemble.
Nous n'avons pas besoin d’experts et d'économistes dociles qui agissent en gentils plombiers du capitalisme, mais d'architectes d'économies alternatives. Le véritable défi de ce début de siècle est d'inventer un système économique qui assure pour le bien-être pour tous dans les limites de la planète (dernier rapport du GIEC): oui à une abondance frugale dans une société solidaire.
Nous avons à bâtir collectivement, une économie joyeuse, non violente, participative, résiliente, juste, et soutenable; une économie centrée sur la qualité et non plus sur la quantité, où la convivialité l'emporte sur la productivité. (André Gorz, René Passet, Sylvie Faucheux,…). Une économie qui satisfait le plus simplement possible sa fonction sans coloniser le reste de la vie sociale et sans détruire le vivant.
Le chantier est vaste mais les idées ne manquent pas. Transformer une économie n'est pas une mince affaire, mais la boîte à outils pour organiser la transition est de plus en plus fournie et ne demande plus qu'à être utilisée.
Nombre d'entre nous ont l'intuition que la réalité qu'on leur impose n'est qu'une représentation parmi d’autres. Quand la plupart préfère le confort de l'ignorance et la berceuse médiatique, d’autres ne reculent pas devant les difficultés de l'introspection et acceptent de voir ébranler les convictions de l'ancien monde.
Si on pense que la décroissance est un changement de système, un projet de société, elle demandera la mobilisation de tous les acteurs. Nous devons produire et consommer différemment. À ceux qui diront que nous ne sommes pas prêts, qu'il faut plus de données et de meilleurs modèles, je dis: non.
On pourrait passer des siècles à théoriser dans tous les sens. Cela fait déjà cinquante ans que les Meadows ont développé leur modèle (halte à la croissance), et une grande partie des économistes ne veulent toujours pas admettre que la croissance économique a des limites biophysiques (ils ne l'admettront sûrement jamais, ou bien trop tard).
Ce qui est sûr, Il faut «faire barrière au monde d'avant», comme le dit Bruno Latour, Relancer l'économie, c'est remettre en marche cette machine monstrueuse qui mange doucement le monde. Continuer le business-as-usual, c'est prendre la direction d'une mort certaine.
Pr Samir Allal
Université de Versailles/Paris-Saclay
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