La Rentrée en Tunisie: Rebondir
C’est la dernière ligne droite pour boucler, d’ici à quatre mois, l’année 2023, en réalisant au mieux les rattrapages nécessaires et en imprimant au pays le nouvel élan escompté. Élaboration du budget pour l’année 2024, mobilisation des financements extérieurs indispensables, relance de l’investissement et redressement des indicateurs économiques et financiers: les défis à relever sont immenses.
Sur le plan politique, les élections pour le conseil des régions et des districts, qui vient s’ajouter à l’Assemblée des représentants du peuple, pourraient intervenir dans un délai de trois mois à compter de la publication du décret de convocation des électeurs. Le mois de décembre prochain reste encore possible. L’Isie, qui a finalisé le traçage de la délimitation territoriale des secteurs (imadats), se tient fin prête. Ce scrutin démarrera dans 2 085 secteurs territoriaux de base, rattachés à 279 délégations dans 24 gouvernorats. Il introduira une nouvelle expérience dans l’architecture institutionnelle et la vie politique.
Au niveau des politiques publiques, une consultation sur la réforme du système éducatif, y compris la formation professionnelle, sera lancée courant septembre. Le processus sera long, mais les enjeux sont fondamentaux et les attentes grandes.Un autre évènement marquant est attendu avant la fin de l’année, la tenue d’un forum international pour l’investissement. Les projets qui y sont inscrits ont fait l’objet de consultations dans les régions, conduites par le ministre de l’Économie et de la Planification. Attirer des bailleurs de fonds et des investisseurs étrangers et les inciter à financer ces projets seront essentiels pour la réussite du forum et la relance économique.
L’urgence économique et financière exerce en effet toute sa pression. Approvisionnement régulier du marché, importation de blé, d’hydrocarbures et d’autres produits essentiels, maîtrise des prix, compression de l’inflation (9,1%) et stimulation de la croissance constituent des priorités absolues. Le financement et la création de valeur ajoutée demeurent la clé de la crise économique qui sévit fortement. Les prévisions de croissance pour l’année 2023 risquent d’être faibles, soit 1,8% contre 2,4% réalisée en 2022, selon les estimations de la Banque centrale de Tunisie.Les indicateurs publiés par l’Institut national de la statistique méritent attention. Le taux de chômage s’établit à 15,6 % au deuxième trimestre (638,1 mille chômeurs). Les diplômés de l’enseignement supérieur sans emploi représentent 23,7%. Les exportations sont en repli (moins 4,5% en juillet dernier) et les importations hors produits énergétiques n’ont augmenté que de 1,7%. Le déficit commercial mensuel s'est creusé en juillet 2023 pour atteindre 1391,9 MD, comparé à 466,4 MD en juin. Le taux de couverture des exportations par les importations a chuté de 13,2 points en juillet 2023 par rapport à juin, atteignant 78,9%.Ce tableau de bord affiche de sérieuses préoccupations. Les causes sont profondes, structurelles pour la plupart, mais les réponses ne sauraient tarder davantage, notamment pour ce qui est des mesures d’urgence à prendre.
L’agenda de cette rentrée politique, économique et financière est bien chargé. S’y ajoutent l’apaisement des tensions sociales, l’amorce des grandes réformes, le déblocage des projets à l’arrêt et la solution de nombreuses autres questions en suspens. L’essentiel est de s’y mettre à temps pour pouvoir rebondir.
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