Khadija Moalla: Ma carte postale de Jérusalem
La première chose dont je me souviens quand j’ai posé les yeux sur Jérusalem, c’était la beauté de ce pays! Une beauté qui m’a autant fait plaisir que peur! Au fond de moi, je me suis dis que les Israéliens ne quitteront jamais une beauté pareille!
Un mois auparavant, quand j’ai reçu la demande de me rendre en Palestine, j’ai beaucoup hésité, et comme la majorité, je me suis posé la question de ce que représenterait l’acceptation d’une pareille invitation. Alors j’ai contacté mes collègues palestiniens et leur ai franchement posé la question: «En Tunisie, nous considérons qu’accepter de nous rendre en Palestine, c’est normaliser avec l’ennemi israélien. Quelle est votre position en tant que Palestiniens?». Ils m’ont répondu simplement, sans démagogie ni idéologie: «Il faut que vous fassiez la différence entre le geôlier et son prisonnier. En tant que Palestiniens, nous sommes prisonniers et nous avons besoin de votre aide en formation, en leadership et en résilience et c’est pour cela que nous vous avons contactée. En acceptant de venir nous aider, cela ne veut pas dire que vous acceptez la présence de ce geôlier ni que vous êtes prête à normaliser vos relations avec lui».
Je dois avouer que j’ai été convaincue et j’ai accepté de m’y rendre (incluant Gaza) et d’aider autant que je pouvais en fonction des besoins des ONG de femmes et de jeunes qui avaient une soif d’apprendre sans égale et une profonde gratitude pour ce qui leur est offert.
Avant de quitter Gaza, je me souviendrai toujours des deux enfants de ma collègue palestinienne qui m’a invitée en fin de journée dans un restaurant au bord de l’eau. Soudain, j’entendis un bruit sourd effrayant d’une explosion. Je pris peur et avant d’oser demander à mon amie ce que c’était, son petit garçon de 7 ans me répondit avec un large sourire et un regard d’une rare beauté, en essayant de me rassurer autant qu’il pouvait: «N’aie pas peur tata, c’est juste les Israéliens qui envoient des bombes d’air pour nous effrayer, mais nous n’avons pas peur d’eux!».
Dans ce regard d’enfant, déterminé et courageux, j’ai vu la lutte de toutes ces décennies de millions de Palestiniens spoliés de leurs terres. Ce regard qui m’a fascinée, m’a convaincue, si j’en avais encore besoin, que personne ne pourra vaincre une telle volonté que des générations entières se transmettent de parents à enfants.
Khadija T. Moalla
- Ecrire un commentaire
- Commenter