Mobilisons-nous pour protéger notre économie
Les changements ont été tellement rapides, tellement profonds qu'on a parfois du mal à suivre. On n'a plus besoin de suivre les émissions d'El Jazeera ou les chaînes françaises pour comprendre ce qui se passe chez nous. Finis, la langue de bois, les sujets tabous, les anathèmes contre les oppositions. L'audiovisuel tunisien a fait, en quelques jours, sa révolution copernicienne.
La Télévision, hier au service exclusif du pouvoir, s’ouvre à toutes les sensibilités,sans aucune exclusive. Des réserves émises par certains partis de l’opposition et l’UGTT sur la composition du Gouvernement d’union nationale aux appels à l’interdiction du RCD et aux critiques contre la présence des ministres RCDistes, en passant par le retour des opposants de l’étranger, tout est dit. Ces informations sont commentées, analysées par des invités venus des horizons les plus divers, ce qui aide à leur intelligence dans des débats contradictoires souvent d’une haute tenue. Il reste que le côté économique a été jusqu'ici plus ou moins négligé lors de ces débats alors qu’il s’agit d’un volet important qui aurait mérité plus d’attention, d'autant plus que ce secteur est celui qui a le plus souffert des pratiques de «la quasi mafia». A côté des entreprises tunisiennes qui ont repris leurs activités dans leur grande majorité, Il existe en Tunisie, deux mille entreprises étrangères ou à capital mixte qui emploient près de 200000 personnes et réalisent plus de 50% de nos exportations dans les industries manufacturières.
S’il est aisé de faire appel au patriotisme des industriels tunisiens, les entreprises étrangères, elles, ont choisi notre pays pour sa proximité avec l’Europe, la qualité de notre main-d’œuvre et sa stabilité. On dit, souvent, que le capital est lâche, qu’il a une sainte horreur des lendemains incertains. Qu’a-t-on fait pour rassurer ces étrangers d’autant plus que des pays « amis» et néanmoins concurrents veulent profiter de la situation pour attirer un certain nombre de ces entreprises chez eux ? Déjà, la BAD, fait l’objet de convoitises -la Côte d'Ivoire, pourtant en proie à une guerre civile est sur les rangs - des entreprises ont expatrié leur personnel étranger ou tournent à 50% de leurs capacités.
S’il est vrai que les problèmes politiques ont leur importance, l’économie est essentielle pour la réussite d’une révolution. Il faudrait que ce dossier occupe plus de place dans ces débats, même si les discussions peuvent sembler rébarbatives et en tout cas inaccessibles à certains. Pour ce faire, il serait indiqué de faire appel à davantage d’économistes et de représentants de l’UGTT et de l'UTICA sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio ou sur les colonnes des journaux, pour expliquer les véritables défis que notre pays aura à relever dans l’avenir dans le domaine économique et surtout sensibiliser les ouvriers à la nécessité de protéger leur outil de production contre les prédateurs et d’accroître leur productivité de manière à rassurer les investisseurs étrangers. Un exemple à méditer : l’usine de Zodiac Aéorolia installée à Soliman n’a subi aucun dégât parce que ses employés se sont mobilisés pour la protéger. Son PDG en est « estomaqué » et ne s’est pas privé de le dire dans toutes les stations de radio et de télévision françaises.
L'nstauration d'un nouveau régime qui a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités, constitue une excellente opportunité d’attirer plus d’IDE. Les étrangers n’auront plus affaire à la famille ou à la belle-famille, ni à une justice corrompue pour les importuner, mais à un Etat de droit respectueux de ses engagements et agissant dans la transparence la plus totale. Des arguments auxquels les investisseurs sont sensibles et qu’il ne faut pas hésiter à les leur répéter.
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