Pour que la révolution du peuple tunisien ne soit spoliée
Notre peuple vient de vivre l’une des épopées les plus remarquables et les plus passionnantes de son Histoire récente. Il vient d’abattre la dictature. Par lui-même. Sans aucune aide extérieure, politique ou idéologique. Il vient d’ouvrir pour la Tunisie, les portes grandes ouvertes pour une mutation démocratique.
Cette révolution du peuple tunisien n’a rien à envier à celle du peuple français de 1789. Mieux encore, elle s’est empreignée de sagesse et de non violence : la violence étant dans le camp adverse.
Cependant, aujourd’hui, le moment est grave. L’Histoire de l’humanité est pleine de révolutions qui ont avorté, qui ont débouché sur le chaos et l’anarchie.
Après avoir chassé le tyran et exprimé avec combien de conviction, ses attentes et ses rêves, j’estime que la rue devrait relayer la tâche à la société civile, à ses politiques, ses intellectuels, ses artistes, ses organisations de toute obédience et de toute substance.
Il s’agit de la TRANSITION qui n’est autre que ce cheminement vers la matérialisation et la réalisation des nobles idéaux capables d’éclore sur les lendemains enchanteurs dont ont rêvé les jeunes qui ont occupé la rue plus d’un mois.
L’Histoire des révolutions constructives qui ont réussi nous apprend que tout est là. Toute révolution populaire spontanée sans leaders ni assise idéologique, dès le moment où elle arrive à casser les chaines du carcan, se trouve menacée par toutes sortes de débordement et d’exploitation.
Par ailleurs, la transition suppose deux réalités qu’on ne peut occulter. L’ici et maintenant avec toute sa médiocrité mais en même temps avec toute la logistique et le savoir faire indispensables pour mener à bien ce bout de chemin d’une part, et la réalité rêvée à laquelle on aspire et dont la possibilité de réalisation dépend étroitement de la première, d’autre part.
La demande de faire table rase de cette première réalité parce que trop laide, maintenant et tout de suite, peut augurer d’une précipitation aventureuse. La transition doit prendre le temps nécessaire pour rectifier les tirs et préparer l’assise politique et juridique pour l’avènement de la nouvelle réalité démocratique.
Dans les faits, le gouvernement d’union nationale n’est pas l’émanation du choix du peuple certes, mais il constitue la passerelle obligée par laquelle le peuple doit passer pour pouvoir exercer sa souveraineté.
Tergiverser à propos de sa composition est bien en soi, à condition qu’on ne s’y attarde pas trop! Le temps presse. J’ose espérer que ces discussions à n’en plus finir ne cachent pas des arrières pensées. Cette diarrhée de polémique, ne peut à elle seule expliquer le blocage. Les meilleures garanties ne peuvent être données que par la rue qui n’est surtout pas prête à être désabusée encore une fois.
Les temps sont difficiles et les défis énormes. Les défis sont d’ordre économique, politique et géopolitique. Tout nous guette. La nature a horreur du vide et l’armée qui jusque là, a montré son patriotisme et son sens de la république ne restera pas spectateur devant l’absence de l’état dans la rue tunisienne. Les voisins dont certains se permettent de s’ingérer d’une façon ostentatoire et désobligeante dans nos affaires, pourraient avancer d’un cran dans leur interférence si nous n’offrions pas cette image d’un rempart national uni. Enfin, la Tunisie doit se remettre au travail, car qu’adviendrait de cette Tunisie avec des perspectives d’une saison touristique presque au point mort, une saison agricole pas trop prometteuse à cause d’un déficit de pluviométrie jusqu’aujourd’hui notoire et un état de non production ni d’exportation de presque un mois qui risquerait de se prolonger ?
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