News - 21.02.2011

Réflexions désabusées sur un débat télévisé

Pourquoi l'économie est-elle réduite à la portion congrue dans nos débats télévisés ? La première réponse qui vient à l'esprit est que les sujets économiques sont jugés rébarbatifs et en tout cas hors de portée du téléspectateur moyen. Une explication qui me parait un peu courte si je réfère au succès croissant de la presse électronique, succès dû en grande partie, précisément, à la large place qui y est consacrée à la chose économique.

Le débat diffusé dernièrement par France 24 en langue arabe est venu nous apporter un élément de réponse plus convaincant. Le débat réunissait Ahmed Najib Chabbi, Rached Ghannouchi,  Jounaïdi  Abdeljaoued, Mustapha Ben Jaafar et un panel de jeunes. Autant  le ministre Chabbi nous a parus  à l’aise dans ses habits neufs d’homme de gouvernement,  autant d'autres qui comptent pourtant parmi les ténors de la vie politique tunisienne nous ont semblés  incapables de se défaire de leur ancien statut d’opposants avec leurs critiques systématiques qui frisaient souvent le procès d’intention. Résultat : un débat qui nous a laissés sur notre faim  avec des discussions sans relief et des arguments maintes fois entendus sur les avantages comparatifs des systèmes politiques. Heureusement,  il y avait les jeunes  parmi lesquels, j'ai reconnu l'ancienne présidente du CJD, qui ont essayé -avec un succès très relatif, il faut le reconnaître- de varier le débat, en attirant les invités sur le terrain des  problèmes économiques où il y a beaucoup à dire :  l’emploi, l'investissement, les revendications sociales etc. Mais à chaque fois, le débat bifurquait irrésistiblement vers les problèmes institutionnels ou politiques. Excédé, un jeune, apparemment un étudiant en économie, ose une question tout à fait basique pour un homme politique : quel est le montant du budget tunisien. Un ange passe. Déstabilisés, ses interlocuteurs  balbutient quelques chiffres comme s’il s’agissait d’une devinette : ça doit être 25 milliards de dinars, lance l’un. Non, rectifie l’autre, c’est 50 milliards. Réponse du jeune : c’est 19, 192 milliards, sans chercher à pousser plus loin son avantage. Poser par exemple d'autres questions : le taux d’inflation, Le PIB/ per capita, la dette extérieure.  Il a préféré se taire, l’air entendu.  Sourires gênés sur le plateau, suivis d’explications peu convaincantes (j'ai confondu PIB et budget, dira l'un des invités pour se justifier)  et le débat redémarre  sur d’autres dossiers… politiques. Apparemment, l'économie ne passionne pas nos politiques.

HB

 

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9 Commentaires
Les Commentaires
kaouther ajroud - 22-02-2011 05:26

la reponse est que le politicien s'en fout de l'economie ce qui compte pour lui, toutes tendantces confondues de l'islamiste au cummuniste, c'est l'oportunisme du pouvoir. Heureusement que la nouvelle generation commence a se rendre compte et j'espere qu'elle ne tombera pas dans le piege de l'euphorie politique sans resultats concrets.

Béji Khaled - 22-02-2011 09:25

Je suis tout à fait d'accord. Ce qui d'ailleurs m'inquiéte pour l'avenir.

gharbikarim - 22-02-2011 10:00

Mais tout simplement parce que tout ce beau monde n'aspire qu'à une seule chose LE POUVOIR !!! et qu'ils n'ont aucun programme politique ou économique et qu'ils n'y connaissent rien en finances publiques, fiscalité et autres ...

Chebaane - 22-02-2011 10:42

Vous avez raison...Ceci n'est pas du tout rassurant quand on imagine que tous les tunisiens attendent avec" impatience" les campagnes électorales tant attendues, afin de "savourer" ces fameux débats contradictoires que nos "ténors" ne vont pas manquer de nous livrer sur nos écrans.En général des thémes comme les coûts ,les revenus,les déficits ,la fiscalité, les équilibres,l'infation,l'endettement ect...dont l'évocation,la connaissance et la maitrise aideraient les citoyens en général et surtout cette pléthore de diplômmés dans leur jugement quant à "l'envergure"de nos politiques.

Ettounsi - 22-02-2011 14:34

Le problème réside en l'absence d'une information économique fiable et publique. Toutes ces informations, pour les avoir, il faut regarder les organismes internationaux (BM, BAD, BIRD, FitchRating, ...) car celles données par le gouvernement sont toujours en décalage par rapport à la réalité et les chiffres et montants sont toujours maquillées à son avantage et sur sa demande !!! Même lors de la série de science-fiction de fina d'année pour le budget de la Tunisie, les montants ne filtrent pas !!! on ne sait pas exactement quels budgets sont proposés au vote et quelles années ont servi aux statistiques !!! De toute façon c'était une mascarade pénible !! Ces informations capitales ne sont même pas publiées sur le site des ministères concernés !!! C'est dire à quelle point l'opacité est grande !!! Aujourd'hui, nous demandons un résumé clair de toutes les dépenses générales de l'état dans tous les secteurs, publiés annuellement, et envoyés par courrier aux gens qui paient leurs impôts et aux forces vives du pays et qu'elles soient organisée des rencontres périodiques entre les hommes du gouvernement et des représentants économiques et sociaux du peuple ... les Ministres doivent savoir et se rappeler qu'ils sont au service du peuple et non le contraire !!!!!

HECH - 22-02-2011 14:35

A l'exception de Mr Néjib CHEBBI, le seul opposant disposant de la sagesse nécessaire à tout homme qui postule à représenter le peuple, tous les autres hommes politiques présents sur le plateau de France 24 ont pêché, comme à l'accoutumée, par leur esprit négatif, à la limité destructeur et leur auto-emprisonnement dans des considérations politico-politiciennes. Obsédés par la prise de pouvoir et déterminés à saboter le travail accompli par le gouvernement actuel, Il était évident que l'économie n'étatit pas leur souci, loin de là . Mr M. BEN JAAFAR l'a d'ailleurs dit texto : l'économie n'est pas le sujet du jour, elle peut attendre quelques mois de plus. Tant pis donc pour les milliers d'emplois perdus et pour les familles qui se retrouvent sur le carreau. L'essentiel est que Mr BEN JAAFAR et consors arrivent à faire tomber le gouvernement et prennent le pouvoir à sa place. Non seulement ils ont fait preuve de (l...) en refusant à la dernière minute de faire partie du gouvernemenbt que j'appellerai " de salut national ", ils s'acharnent maintenant à tout critiquer, sans présenter de programme sérieux . Ils n'en ont pas d'ailleurs.

Ahmed KADDOUR - 22-02-2011 16:06

Un peuple qui a osé sortir un Bac moins 4,ne pourra être dirigé que par un Bac plus 12 minimum + expériences,et c'est la moindre des choses pour qu'on puisse maintenir notre capital pour lequel tout un peuple,ensemble,a levé haut et fort le drapeau national,et l'examen sera dure cette fois ci,chat échaudé craint l'eau froide.

AmmarBz - 22-02-2011 16:35

Si l'économie est peu présente dans les débats... que dire alors de la CULTURE totalement absente...

Moncef MAALEL - 22-02-2011 21:10

Je suis tout à fait d'accord avec Kaouthar Ajroud. J'ajoute que les Caravanes de Reconnaissance aux régions déheritées sont accueillies par les citoyens avec des réserves, ils réclament de l'emploi et non pas de pain (de charité). Ils veulent des caravanes dirigées par des chefs d'entreprises et d'hommes d'affaires pour créer de l'emploi. Ces citoyens ne sont pas dupes ils ne veulent plus de ces pseudos politiciens, assoifés de POUVOIR, issus de différentes organisations et qui parlent toujours au nom du peuple Les plateaux de TV ne sont animés que par des orateurs qui ne cessent pas de crier. Il est temps que ce jeu s'arrête: GAME OVER

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