La confiance retrouvée ?
Il est venu, il a parlé, il a convaincu. Il aura suffi de quarante minutes, vendredi dernier, pour calmer la rue, persuader les jeunes de la Kasbah de cesser leur « sit in » et inciter les employés à mettre une sourdine à leurs revendications salariales. Pour sa première intervention, M. Béji Caïd Essebsi a fait un carton. A contrario, on comprend mieux l’échec des gouvernements Ghannouchi 1 et 2.
Personne ne met en doute la bonne volonté du Premier ministre, ni en cause son bilan. Ce qui faisait problème, c’était le déficit de communication. Les brillants technocrates qui constituaient la majorité du Cabinet étaient avant tout des hommes de dossier à l’instar du premier d’entre eux, un homme d’une parfaite intégrité, au faîte des grands défis économiques que notre pays a à relever mais dont le talon d’Achille était précisément la communication.
Certes, on a eu droit à une ou deux interviews et à une déclaration d'adieu, suivie d’une conférence de presse improvisée sur…Eljazeera, mais outre le fait qu’on avait l’impression d'avoir affaire à un homme qui forçait son tempérament, c’était trop peu en 40 jours alors que les rumeurs les plus folles circulaient, que le gouvernement était attaqué de toutes parts, que La situation sécuritaire était catastrophique et que l’économie était pratiquement paralysée. Il fallait occuper le terrain, rassurer la population, lui donner des raisons d’espérer. A mesure que le temps passait, le hiatus entre le pays réel et le pays officiel allait crescendo pour aboutir in fine à cet appel injustifié et injustifiable au meurtre lancé au cours d’un débat sur… la chaîne nationale par un jeune exalté. Découragé, M. Ghannouchi finira par jeter l’éponge, ne voulant pas être « l’homme de la répression ».
Apparemment, la leçon a été retenue. Depuis, sa nomination, il y a une semaine, M.Caïd Essebsi multiplie les déclarations. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. La confiance retrouvée en quelques jours au point de nous faire oublier les scènes de pillage à Tunis qui remontent à peine à dix jours. Les Tunisiens semblent satisfaits de leur Premier ministre. On ne sait pas trop si cet optimisme reflète la situation sur le terrain ou si la population pratique la méthode Coué en espérant que ses désirs finiront par se transformer en réalité. C’est un phénomène classique. On appelle cela l’état de grâce, cette période d’euphorie où tout vous sourit, où même vos adversaires n’osent pas vous adresser la moindre critique, pour ne pas se mettre en porte-à-faux par rapport à l'opinion publique. Mais pour le moment, ne boudons pas notre plaisir, le pays remonte la pente, lentement, et espérons-le sûrement, irréversiblement. Le style bon père de famille du nouveau premier ministre plait.
Bon vent, si Béji. A 85 ans, la révolution vous offre l'occasion d'entrer dans l'Histoire par la grande porte.
HB
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Mais que font les journalistes, les médias en général et les avocats, les juristes, pour initier la population de base à la Démocratie ? Là, surtout, il y a un vide énorme de communication !
En effet, Monsieur Beji Caid Essebsi agit en bon père de famille. Nous devons tous nous y mettre. A Mr JP Gréven : je crois que les journalistes et les médias pris, par surprise, par un air d'énorme extase qu'ils ne savent plus sur quel pied dancer. Je ne veux pas me joindre à ceux qui les ont qualifiés de poules qui se sont convertis subitement en coqs au prix de la vie des martyrs
Les gouvernements de M. Ghannouchi (1 et 2) n'ont pas manqué uniquement de communication, mais surtout de compréhension des attentes du peuple, d'adhérence à ces attentes, et de vigilance. La vigilance est importante dans tous les stades d'évolution d'un pays, elle permet de fixer les priorités et de mettre de l'ordre. Il ne suffit pas de multiplier les déclarations pour réussir. Si les tunisiens font confiance à M. Caïd Essebsi, c'est parce qu'il adhère à la cause du peuple (rupture totale avec le passé, légitimité de la révolution...). A son age, M. Caïd Essebsi a déjà sa place dans l'histoire. Il vient sauver notre Révolution, alors souhaitons lui la RÉUSSITE.
je ne sais pas s'il a vraiment convaincu. en tous cas, il a trouvé des gens au pied du mur, encore déstabilisés par les graves fautes commises lors de la "foulée de liberté révolutionnaire". Maintenant, au moins pour un bon bout de temps, tout le monde fera semblant d'être trés convaincu. moi je l'ai trouvé pas informé du temps, cassant, mais tunisoisement sympathique (et publiez mon commentaire cette fois-ci SVP)
A contrario, c'est Monsieur Béji ,fort de son calibre, qui a donné l'occasion à notre révolution d'être sauvée et d'entrer dans l'Histoire.
monsieur beji , restez comme vous êtes et ne changez rien à votre façon et rabbi tawwil fi 3omrek
encore une fois , le peuple tunisien fait preuve d'ingratitude : en 1987 vis à vis du grand leader , habib bourguiba . et en 2011 à l'égard de monsieur mohammad ghannouchi dont le seul tort aura été simplement de ne pas avoir su " communiquer " avec un peuple révolté et impatient . mais est ce logique et décent de discréditer ses actions pour autant???? N'est ce pas encore une fois une preuve du manque de maturité d'une grande partie du peuple tunisien qui s'accroche encore aux discours en ignorant l'essentiel ??? Je souhaite pour ma part que les personnes avisées sauront rendre hommage au role joué par monsieur Med Ghannouchi durant cette période très délicate de notre histoire
bonne chance à ceux qui veulent sevir leur pays mai je dirai qu'à ce jour GHANNOUCHI A FAIT , BCE A DIT !!!
CA FAIT PLAISIR QUE LA TUNISIE ARRIVE A ALLER DE L'AVANT AVEC SES PROPRES MOYENS ASSOCIANT LE NOUVEAU ET L'ANCIEN. DE CETTE FACON LA TUNISIE AVANCE.
Cher Ami. c'est avec beaucoup de plaisir de vous revoir au service de la Nation. vous en avez la stature.et je vous en félicite
