Inédite dans son cérémonial en Tunisie, la remise des diplômes du MBA de la Mediterranean School of Business (MSB) a été une véritable consécration académique pour les 33 lauréats et leurs familles. Dans la grande salle du siège de l’Utica, devant plus de 500 personnes, et en présence de membres du gouvernement, chefs d’entreprises et même un chef de parti (Ahmed Néjib Chebbi), le doyen Mahmoud Triki était heureux de célébrer la sortie de cette 7ème promotion baptisée « Promotion de la Révolution. » Les interventions de ministre des Finances, M. Jalloul Ayed et celle du Pr Elyes Jouini seront suivies avec attention. De son côté, M. Abderrazak Zouari, universitaire et ministre du Développement régional était très sollicité à l’issue de la cérémonie.
En maître de la cérémonie, le Pr Tawfik Jelassi, Doyen du MBA de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussée de Paris et président du conseil d’administration de Tunisiana a rappelé aux lauréats que cette distinction leur impose la lourde responsabilité de mettre en œuvre leurs acquis et de contribuer au développement tant de leurs entreprises que du pays pour la réussite de la révolution. Insistant sur l’orientation des programmes vers le marché international de l’emploi au lieu de former en fonction des capacités existantes, il a émis le vœu de voir la Tunisie devenir une destination éducationnelle de référence.
Culture mal financée, Finance, mal inspirée
Très à l’aise dans cette ambiance universitaire comme il l’avait vécue aux Etats-Unis durant ses études, le ministre des Finances, M. Jalloul Ayed, a commencé son intervention en répliquant aux propos du Maître de Cérémonie, faisant allusion à sa passion pour l’opéra et ses compositions musicales. « Oui, dira-t-il, je me suis mis à la composition d’œuvres de musique classique, tout en m’investissant dans la finance, et je me suis rendu compte alors que la culture est mal financée, comme la finance est mal inspirée. » Félicitant lauréats, enseignants et MSB, il a indiqué combien l’enseignement supérieur doit être orienté vers les besoins réels des entreprises et les exigences du marché de l’emploi en compétences.
Au premier rang de l’assistance, M. Abderrazak Zouari, ministre du Développement Régional, acquiesçait, tout comme MM. John Berry, représenatnt de l'Ambasasdeur des Etats-Unis, Ridha Ben Mosbah, PDG de la STEG, Férid Ben Tanfous, PDG de l'ATB, mais aussi, M. Ahmed Néjib Chebbi, secrétaire général du PDP.
Une refonte de l’enseignement supérieur
Fondateur du MSB, M. Mahmoud Triki, ne pouvait laisser passer cette occasion, sans partager quelques réflexions sur l’enseignement supérieur qui devient un secteur stratégique de première importance. « De par les défaillances de notre système éducatif, le pays souffre des problèmes économiques avec 170 000 diplômés qui se trouvent en situation de chômage :
- Nos formations doivent être en fonction du marché international de l’emploi et non en fonction des capacités disponibles. Une telle orientation nous impose la qualité et favorise l’insertion de l’économie tunisienne dans l’économie mondiale.
- Accorder l’autonomie de gestion des institutions universitaires et les responsabiliser. Eviter la standardisation à outrance dans l’élaboration des programmes qui ne laisse aucune initiative d’innovation ou de créativité et qui limite la capacité d’adaptation des programmes aux besoins spécifiques des entreprises;
- Veiller à la qualité des programmes et à leur accréditation par les professionnels et les organismes internationaux de certification.
- Etablir des passerelles entre les institutions de formation. Le marché de l’emploi a besoin de polyvalence. Nous pouvons éduquer l’Afrique.
- Ouvrir le système éducatif sur le monde extérieur pour favoriser les échanges d’étudiants et de professeurs et faire de la Tunisie une destination éducationnelle de référence.
Il choisira pour conclure la sagesse chinoise qui dit que « le moment où vous cessez d’apprendre, vous entamez votre obsolescence »
Elyes Jouini : soyez exigeants
Place alors au « Keynote Speaker » de la cérémonie, le Pr Elyès Jouini qui préfère adresser son discours aux lauréats en leur disant : « Vous avez l’obligation désormais d’être, à votre tour, porteurs de cette exigence ! Vous avez l’ardente obligation de refuser la médiocrité, vous avez la responsabilité de faire front face à la médiocrité. Car ces 20 mois ne sont pas une parenthèse, ils sont le début d’autre chose, ils vous ont transformé et vous vous devez de maintenir en vie cette flamme nouvelle qui est en vous (…). C’est l’exigence qui fait l’homme et qui fait écrire à Camus dans son journal Je ne suis qu’un homme moyen, plus une exigence. Exigence avec les autres, exigence avec soi même, exigence dans tous les domaines, exigence de chaque instant, car Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée, aussi l’excellence n’est elle pas un acte mais une habitude écrivait Aristote. Exigence de chaque instant donc, exigence répétée pour faire émerger l’excellence, exigence de chaque instant et exigence répétée pour ancrer en nous cette excellence car Il n'y a que la médiocrité qui ait le privilège de la durée nous enseigne Montesquieu, l’excellence nécessite elle une vigilance de tous les instants. »
Le Pr Jouini ajoute : « Parce qu’elle est vigilance, l’excellence n’est pas vanité égocentrique, elle est attention à l’autre, attention aux autres assortie d’une exigence tournée avant tout vers soi même. Dans sa forme aboutie, elle n’est pas tyrannie imposée aux autres mais générosité envers son entourage. Elle est telle le fleuve qui sans dévier de son cours, emporte, charrie mais aussi fertilise et nourrit, qui bouscule parfois mais à l’inondation au sens propre succède toujours celle des bienfaits. Alors soyez exigeants, soyez généreux pour construire notre Tunisie post-révolutionnaire car vous faites partie de ses fers de lances et refusez les compromissions ! Car si, en Negotiations, vous avez appris à construire des compromis, l’ensemble de la formation que vous venez de recevoir vous enjoint de refuser la compromission. Car, pour reprendre Adam Michnik, la compromission ce n’est pas le compromis. Le compromis, c'est le courage, c'est l'envers du fanatisme. La compromission c'est la lâcheté. Je poursuivrais en disant que la compromission, c’est lorsque l’on cherche des compromis avec soi même, avec ses valeurs, avec les exigences dont on est porteur, lorsque l’exigence laisse place à la facilité, lorsque le petit confort l’emporte sur les idéaux, lorsque l’on laisse à d’autres, fussent-ils bienveillants, le soin de décider ce qui est bon pour nous. »
Un rêve… à la portée
Comme il ne peut s’empêcher de partager son rêve, le Pr Jouini se laissera aller à dire : Alors je me prends à rêver, je rêve d’un campus où se regrouperaient MSB, Esprit et Tunis-Dauphine, une Business School, une école d’ingénieurs et une université, le meilleur des mondes francophones et anglophones offrant aux étudiants un environnement unique à l’échelle régionale et offrant aux enseignants-chercheurs et aux chercheurs des perspectives pérennes et solides pour développer leur pédagogie et leurs recherches selon les standards internationaux les plus élevés et les plus exigeants car, et je terminerais là dessus même si vous l’avez fort bien compris, l’excellence ne saurait être locale, ne saurait être relative, elle est ou elle n’est pas. »
Rappelons que la MSB est la première institution universitaire tunisienne à organiser ses programmes en langue anglaise. Le MBA de la MSB est le seul programme tunisien en Gestion accrédité par l’organisme International AMBA. Ce programme a attiré à ce jour plus de 500 Managers occupant des postes de direction dans leurs entreprises et représentant 15 nationalités. Le démarrage de la prochaine session de MBA est prévu pour le mois de Juin 2011. Par ailleurs, avec l’ouverture prochaine de son nouveau campus au Lac II, la MSB compte démarrer ses programmes de Licence et de Master en Gestion, toujours en langue anglaise.