Entreprises tunisiennes en Libye : quelles solutions immédiates pour les soutenir?

Petites et grandes et dans divers secteurs, elles sont plusieurs dizaines d’entreprises tunisiennes implantées en Libye à affronter une difficile situation : la fermeture et le non-recouvrement des sommes dues à leurs clients. Entreprises de bâtiment et de travaux publics, unités industrielles, sociétés de distribution de produits alimentaires, de matériaux de constructions et autres, et sociétés de services ont dû cesser de fonctionner et rapatrier leurs équipes.

 

En fait, les opérateurs tunisiens intervenant en Libye interviennent sous différents statuts : directement en leur  noms propres, en association avec des partenaires libyens et en gestion pour compte au profit d’établissements publics libyens ou sociétés locales. Ils emploient trois types de salariés : des Tunisiens  faisant partie de leurs effectifs de longue date et spécialement dépêchés en Libye, des Tunisiens en recrutement local et des étrangers. Rapatriés, les Tunisiens réclament tous, même ceux recrutés en Libye et travaillant dans le cadre des contrats de gestion pour compte, la poursuite du paiement de leurs salaires et ce pour une durée indéterminée, jusqu’au dénouement de la situation.

 

Un grand entrepreneur a eu la noblesse d’affréter, juste avant la résolution de l’ONU, pas moins de 5 vols pour faire évacuer sur Djerba et Tunis, ses employés tunisiens, mais aussi non-tunisiens, s’occupant de ces derniers jusqu’à leur retour à leurs pays d’origines. Il laisse en Libye ses chantiers et équipements et des factures pour plusieurs millions de dinars. Un groupe industriel disposant de sites de production a débranché toutes les machines, rapatrié ses salariés et pris des gardiens locaux en espérant qu’ils sauront protéger leurs installations. D’autres n’hésitent pas à braver le feu de la guerre pour se rendre autant que peut se faire en Libye, pour essayer de sauver ce qui peut l’être, et sécuriser leurs biens.

 

Aussi, dans un élan de solidarité, les chefs d’entreprise font preuve d’hospitalité généreuse pour accueillir leurs partenaires et amis libyens et à leurs arranger de bonnes conditions de séjour, de soins de santé et de scolarité pour leurs enfants. 

 

Mais la facture économique est lourde à supporter. Non-paiement de décomptes et factures pour certaines entreprises, arrêt de production et fermeture d’usines, en plus des non-recouvrement de sommes dues pour d’autres, et salaires à supporter pour l’ensemble : l’ampleur des dégâts est importante. Si aucun chiffrage officiel n’a été communiqué, les premières estimations s’élèvent à des centaines de millions de dinars.  L’incertitude quant à l’issue, en plus. Diverses démarches sont entreprises auprès du gouvernement, un fonds spécial de soutien aux entreprises tunisiennes opérant en Libye est indispensable, en toute urgence.

 

Tout récemment, le Gouverneur de la Banque Centrale, M. Mustapha Kamel Nabli a indiqué que l’impact de la situation en Libye sur l’économie tunisienne est beaucoup plus importante qu’imaginée et qu’elle se chiffre à des milliards de dinars.